Au fil des pages de cette bande dessinée, le lecteur suit le quotidien de Marcel Rajman et d’autres membres des Francs-tireurs et partisans – main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI). Des résistants qui, durant les années d’occupation, s’opposent au nazisme et au régime de Vichy. La répression féroce des forces d’occupation, épaulée par la police française, finira par s’abattre sur eux. Le 21 février 1944, Marcel et 21 de ses compagnons, dont Missak Manouchian, sont fusillés dans une clairière. Au delà de Marcel Rajman, cette bande dessinée rend hommage aux plus de 1000 fusillés du Mont-Valérien. Une même mort pour des résistants pourtant si différents de par leur origine, leur âge, leur appartenance politique ou leur religion mais tous résistants à l’oppression et subissant la même mort.

Les Rajman sont des émigrés polonais d’origine juive. Dans les quartiers ouvriers de Paris, Marcel « baigne » dans le sport et le communisme. Déterminés à lutter contre l’occupant et à venger leur père mort en déportation, Marcel et son frère Simon s’engagent chez les Francs-tireurs et partisans – main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI). Les premières actions consistent à lancer des tracts et à coller ou décoller des affiches mais, malgré les consignes du parti, Marcel veut combattre avec des armes. Cette stratégie va évoluer et Marcel va être chargé de monter un groupe prêt à se battre. En juillet 1942, Marcel et sa famille se cachent et assistent impuissants à la rafle du Vélodrome d’Hiver.

En 1943, les actions deviennent plus violentes notamment avec des sabotages et des attaques à la grenade contre l’occupant allemand. C’est durant cet été que Marcel passe sous les ordres d’un camarade arménien, Missak Manouchian. Le 28 septembre 1943, le général SS Julius Ritter, responsable de l’envoi des jeunes Français pour le STO en Allemagne, est abattu en pleine rue. La traque et les filatures contre les « terroristes » s’intensifient. Les membres du groupe sont finalement arrêtés en novembre 1943. Torturés, ils sont ensuite livrés aux Allemands avant d’être fusillés au Mont-Valérien le 21 février 1944. Marcel a 20 ans. Son portrait figure en médaillon sur l’Affiche rouge diffusée par les Allemands, accompagné de la mention « Juif polonais 13 attentats ».

Le scenario de Tal Bruttmann et d’Antoine Grande, servi par les dessins percutants et les couleurs vives d’Efix, permettra, notamment aux jeunes, d’appréhender les motivations, les mécanismes internes, les difficultés et les actions d’un groupe de résistants. Tout comme Marcel Rajman, ils sont plus de 1000 à avoir été exécutés « pour ce qu’ils faisaient, pour ce qu’ils étaient nés ou pour ce qu’ils représentaient, ils n’ont parfois de semblable que cette communauté de destin dans la terrible clairière ».

Pour les Clionautes, Armand Bruthiaux