Après le succès de sa série « Les colombes du Roi Soleil », Anne-Marie Desplat-Duc auteure jeunesse bien connue, poursuit son exploration du XVII ème siècle mais d’une façon un peu différente. En effet, ce livre part d’un constat : dans sa série le contexte était vrai mais pas les personnages. Elle a eu ici envie de raconter cette fois des histoires de personnages qui ont réellement existé. Ce premier volume d’une série de cinq raconte l’histoire de la duchesse de Montpensier, la cousine de Louis XIV.

 

Une réunion particulière

L’histoire commence à Saint-Fargeau où celle qui porte le titre de Mademoiselle vit désormais loin de la capitale. Celle qui est la fille de Gaston d’Orléans vit à ce moment-là en exil en raison de sa participation à la Fronde. Sous le prétexte de discuter de l’Astrée, elle invite plusieurs amies à la rejoindre sans savoir si cet appel sera entendu. Son idée est de rassembler d’anciennes « Frondeuses », même si les inimitiés demeurent parfois importantes entre elles. Elles décident de se donner rendez-vous dans un an après avoir écrit leurs mémoires. La duchesse de Montpensier s’attaque alors à cette rédaction. Anne-Marie Desplat-Duc se sert donc de ce prétexte habile pour écrire une histoire qui n’oublie pas le rôle des femmes.

 

Un destin dans l’entourage royal

Elle retrace son histoire en rappelant qu’elle est née en 1627. Son père n’était pas n’importe qui puisqu’il s’agissait du frère du roi Louis XIII. De sa mère défunte, la jeune fille a hérité une fortune considérable. Elle vit donc dans l’entourage royal, aime bien la reine Anne d’Autriche, qu’elle a d’ailleurs pris l’habitude d’appeler « sa petite maman ». Elle participe aux fêtes et bals avec l’insouciance de sa jeunesse. Cette jeune fille manifeste très tôt son caractère bien trempé en refusant d’être mariée à l’âge de 8 ans à un homme de 31 ans. Elle n’a pourtant pas son destin en mains. Elle se voit attribuer de nombreux prétendants, sans que cela n’aboutisse jamais finalement. On promet ainsi successivement à la jeune fille un époux espagnol puis un anglais entre autres pour devenir à chaque fois reine.

 

Une époque troublée

Plusieurs événements ou notations dans le livre permettent de se plonger dans le XVII ème siècle. On croise ainsi au fil des pages Mazarin ou Richelieu par exemple. La duchesse de Montpensier n’aime d’ailleurs pas beaucoup celui qui a forcé son père à l’exil. Quelques mots de vocabulaire ou quelques tournures font ressentir l’époque. On découvrira peut-être les bouètes, ces petits mortiers de fer que l’on bourrait de poudre, qui furent utilisés par exemple le jour de l’annonce de la naissance du Dauphin. Mais le quotidien n’est pas oublié et on voit le poids de la mort. Le roman évoque aussi à plusieurs reprises la vie quotidienne à la Cour et dissémine quelques références littéraires comme « L’Astrée ». On suit également de façon indirecte ce qui se passe dans d’autres pays d’Europe comme l’Espagne ou l’Angleterre avec par exemple la décapitation du roi anglais. L’ épisode de la Fronde occupe une part importante du roman avec plusieurs pages qui retracent l’agitation dans la capitale. C’est durant cet épisode que la duchesse de Montpensier joue un rôle actif. L’auteure retrace plusieurs événements ce ces temps troublés. Le père de l’héroïne, Gaston d’Orléans, adopta alors une attitude plutôt attentiste alors qu’elle s’engagea de façon souvent téméraire, une façon d’ailleurs de se rapprocher de Condé dont elle était amoureuse.

 

Ce roman décrit donc la vie d’Anne-Marie, duchesse de Montpensier. Anne-Marie Desplat-Duc retrace à la fois les obligations qui s’imposent à la jeune fille mais aussi son émancipation et finalement sa punition avec cet exil à Saint Fargeau. Un ouvrage agréable à lire qui allie histoire et destinée individuelle.

( c) Jean-Pierre Costille pour les Clionautes.