Cet ouvrage est le résultat d’un colloque entre chercheurs français et espagnols qui fait suite aux renouvellements récents de l’historiographie sur le rôle et la place de l’écrit à la fois dans la pensée mais également dans l’exercice du pouvoir au Moyen-Âge. L’écrit est un acte de pouvoir et une expression du pouvoir. Plusieurs disciplines sont donc mobilisées : l’histoire, la numismatique, la diplomatique, l’épigraphie, l’histoire de l’art/de la littérature/du droit….

Quel est le but de ces recherches ? Il s’agit surtout de croiser les échelles d’analyse concernant la production, la réception, la conservation, la circulation des textes et des écritures, voire de leur transformation, qui sont l’objet du pouvoir dans un espace géographique déterminé : la péninsule Ibérique et le Maghreb.

Un ouvrage pour les hispanisants

Dans cet ouvrage, de nombreux textes en espagnols sont présents (7 pour être précis, et 6 textes français) et ne sont pas traduits. C’est dommage car cela prive les lecteurs de recherches intéressantes s’ils ne maîtrisent pas la langue. J’avoue en avoir pâti car, malgré mes années d’apprentissage de la langue espagnole au collège et au lycée, le niveau de maîtrise est assez élevé. Cependant je tiens à souligner la structure des textes et surtout la présence des documents qui permettent d’illustrer les propos du chercheur. Il y a des cartes en couleurs, des pièces de monnaie, des schémas, des photographies…

Par ailleurs, on nous parle de la péninsule ibérique, mais il n’y a que très peu de mentions du Portugal.

Au sommaire (les titres espagnols ont été traduits de manière succincte) :

  • la légitimité de la dynastie des Omeyyades (espagnol)
  • Les écritures du pouvoir. Autorité et légitimité au XIe siècle en al-Andalus : les Règnes de Taifas (espagnol)
  • Travail intellectuel et productions écrites des clercs au palais : à l’ombre d’Alphonse VIII de Castille (français)
  • Conseil et conseillers du roi dans le Llibre dels fets de Jaime I de Aragon (XIIIe siècle) (espagnol)
  • Passer le pouvoir. Modalités de réécriture dans le Setenario d’Alphonse X (français)
  • Ecritures du pouvoir, écritures de gestion : un fil conducteur (espagnols)
  • Ibn al-Hatib, chronique officielle de la dynastie nazai : théorie et pratique politique (espagnol)
  • La présence des villages du Nord de l’Afrique au début du XVe siècle dans la communication publique des jurys de Valence (espagnol)
  • L’évolution du Regimiento de los Principes (1345-1494), conditionnée par le pouvoir politique ? (français)
  • De part et d’autre des Pyrénées, archives, inventaires et pouvoirs chez les Foix-Béarn-Navarre (XIVe – XVIe siècle) (français)
  • Les écritures du pouvoir marital en Aragon au XVe siècle (français)
  • Façades parlantes. Ecrire dans la scénographie du pouvoir (espagnol)
  • La chronique d’Ibn Iyas : une vitrine du pouvoir à l’époque mamelouke (français)

Chaque chapitre fait entre 10 et 20 pages, les références sont nombreuses dans les notes de bas de page. Le lecteur peut approfondir le sujet sans problème, que ce soit en espagnol ou en français.

Pour traiter la question au concours du CAFEP-CAPES, l’ouvrage est intéressant car il nous donne des éléments sur les avancées de la recherche, sur un espace géographique particulier. Les chercheurs, français comme espagnols, contribuent à avoir un autre regard sur cette période historique.

Cependant, si les seuls chapitres à lire sont ceux écrits en français, certains risquent d’être déçus. Il faut donc bien avoir en tête que cet ouvrage est adressé à un public averti et connaisseur de la période. Ce n’est pas le manuel de référence qu’il faut lire pour obtenir des bases sur la question au programme, il faut d’abord lire un ouvrage général pour ensuite approfondir divers sujets qui sont présents dans le livre et intéressants.