En 1976, Yves Lacoste écrit « La géographie, ça sert, d’abord, à faire la guerre ». La même sentence s’impose quand on referme La géographie, mère des batailles, de Philippe Boulanger. Publié au début du confinement, cet essai conséquent complète et renouvelle plusieurs travaux de l’auteur (Géographie militaire, 2006 ; Géographie militaire et géostratégie, 2011), éminent spécialiste de géographie militaire et professeur de géographie à Paris Sorbonne.

Comme le rappelle l’auteur, « nulle opération ne peut être envisagée sans compréhension du milieu physique et de la population au préalable ». Ainsi, le terrain commande, vieil adage militaire.

En sept chapitres, P. Boulanger étudie tous les aspects qui font de la géographie « la reine des batailles ». Il commence par l’émergence de la géographie militaire à partir du XVIIe siècle. Le deuxième chapitre démontre comment ce « savoir stratégique » a gagné sa place. Le troisième chapitre s’appuie sur les concepts de géotactique, géopérationnalité et géostratégie, les trois jalons du raisonnement géographique militaire. Le quatrième chapitre s’attarde sur l’ancienne approche des liens entre milieu naturel et géographie militaire. Une approche renouvelée par la variété des théâtres d’opérations des militaires du XXIè siècle (déserts, montagnes, villes). Le cinquième chapitre rappelle l’importance de l’environnement humain de cette géographie, apparue au XIXè et de nouveau sur le devant de la scène, primordiale en contexte contre-irrégulier et/ou urbain. Le chapitre six traite du geospatial intelligence, fusion de données géolocalisées et géoréférencées apparue aux Etats-Unis dans les années 1990, et par ailleurs spécialité de l’auteur. Le dernier chapitre relate les enjeux de la « révolution géographique numérique », cause de rupture dans la façon de concevoir et d’exploiter la géographie militaire. Ces deux ultimes parties sont passionnantes en ce qu’elles actualisent nombre d’axes de recherche qui mettent en perspective la numérisation de l’espace de bataille. Au terme de cette foisonnante lecture, le sentiment que les cartes et leurs exploitations sont des armes est plus qu’une hypothèse.

Ce puissant essai peut enfin être présenté par des élèves de terminale spécialité HGGSP, dans le cadre du thème Faire la guerre, faire la paix, à l’occasion de la rédaction d’une fiche de lecture (du chapitre cinq par exemple), exercice préparatoire aux études supérieures.

Présentation de l’éditeur : https://www.lisez.com/livre-grand-format/la-geographie-reine-des-batailles/9782262082963