Passionné de sa région, Amaury Venault exerce le métier de DRH dans le Poitou. Amoureux d’Histoire locale, il fait revivre à travers ses romans, des contrées et des légendes poitevines aujourd’hui oubliées.
Le premier tome de cette saga se concentre sur la jeunesse d’Aliénor d’Aquitaine. On pourrait parler d’un roman d’initiation tant l’auteur s’ingénie à montrer les prédispositions de cette enfant à atteindre les plus hauts sommets de l’État. Le sous titre en dit long : « tu seras reine ma fille ». En effet, au chapitre dix, alors qu’elle n’a que douze ans, Aliénor se pose déjà la question : être reine mais pour épouser qui ? Quel royaume serait digne d’elle ? L’Angleterre à la cour d’Henri Beauclerc, mais son fils n’a que deux ans ! Devenir reine de France, le prince Philippe est mort d’un accident de cochon, son cheval s’étant cabré devant un porc. Son frère Louis est présenté comme un jeune falot destiné à la carrière ecclésiastique, hostile à la gent féminine et confit en dévotion. Il reste alors le royaume d’Aragon mais le roi Ramire vient d’épouser Agnès d’Aquitaine, la sœur de Guillaume le Toulousain et père d’Aliénor.
Il faut dire que celle qui a « le corps jeune, fin et gai, qui a plus de mérite et de beauté, de valeur et d’esprit qu’on ne sait dire » est un morceau de choix, convoitée par beaucoup devenant l’héritière du plus riche duché du XIIe, l’Aquitaine plus puissante que le royaume de France. Était-elle prédestinée à devenir reine ? Avec des arrières-grands-parents de Bourgogne et d’Aquitaine, Aliénor est surtout la petite fille de Guillaume IX le troubadour, duc d’Aquitaine, un personnage haut en couleur, qui rejoint la première croisade, s’empare des biens de l’Église afin de financer sa campagne pour récupérer Toulouse au nom de sa femme, et de la vicomtesse de Châtellerault, Dangereuse dite la Maubergeonne d’une incomparable beauté, qui devient sa maîtresse. Pourtant excommuniés, les deux amants ont la bonne idée de marier leurs enfants de précédents mariages, Guillaume X le Toulousain et Aénor de Châtellerault, les parents de notre héroïne. Fruit d’une union légitime mais au parfum adultérin, Aliénor grandit au sein d’une cour raffinée au rythme des festivités, des chasses, des tournois et des chevauchées militaires, séjournant tantôt dans le palais de l’Ombrière à Bordeaux, tantôt dans la tour Maubergeon de Poitiers ou au château de Talmont, haut lieu de vénerie au bord de l’Océan. De son grand père, Aliénor acquiert une culture livresque et un goût pour la poésie courtoise et les cours d’amour. La donzelle a accès à une collection de manuscrits enluminés plus belle que celle des cours royales. Elle s’initie aux langues d’oc et d’oil mais aussi au latin. D’une grande beauté et d’une audace dignes de sa grand-mère, Aliénor ne manque pas d’initiatives et d’allant, l’impulsivité et le courage du Toulousain en prime. Alors qu’elle a perdu sa mère de santé fragile à 8 ans, la princesse devient héritière de l’Aquitaine lorsque son père meurt en 1137 au cours du pèlerinage qu’il a entrepris vers Saint-Jacques-de-Compostelle dans l’espoir d’avoir un fils avec sa nouvelle épouse. Or ses dernières volontés somment Louis VI le Gros de marier sa fille à Louis VII, couronné du vivant de son père à 11 ans, une habitude des Capétiens de faire élire et sacrer leur fils depuis 150 ans. Poussé par l’abbé Suger, le roi de France saisit l’aubaine. Voilà un des plus puissants feudataires qui offre sa fille, l’héritière d’États riches et opulents, du Poitou aux Pyrénées, plus de la moitié du royaume de France. Aliénor d’Aquitaine épousera donc le futur roi de France. Comment unir des natures et des caractères si différents ? Le tome 2 nous réservera donc bien des surprises !