Un projet véritablement ouvert sur le Nord et le Sud
C’est une initiative lancée en 2009 par la région Piémont en partenariat avec le consortium des ONG du Piémont, la région Rhône-Alpes et Resacoop. Elle rassemble plus de 120 écoles, 50 associations, des collectivités territoriales, des parcs naturels, des universités. Tous ont participé à la création d’un réseau d’acteurs engagés dans l’éducation au développement et à la solidarité internationale. A l’intérieur des DVD il y a sans cesse des allers retours entre Nord et Sud.
Au sud comme au nord, on cherche par exemple à retrouver un contact avec la nature : c’est un bon exemple de l’angle choisi et le parc devient un lieu d’apprentissage. Au sud comme au nord, il faut aussi réfléchir aux moyens de rendre les élèves acteurs. Le DVD ne cherche pas à dissimuler les difficultés des projets, car un des chapitres souligne « qu’échanger est parfois difficile ». Des dessins et des lettres circulent entre le Nord et le Sud, mais parfois les élèves italiens ne traduisent pas leur correspondance en français, ce qui est problématique pour les élèves du Burkina-Faso. De même, une séquence s’interroge pour savoir si tout le monde est d’accord sur ce qu’est une éducation au développement durable.
Des vidéos pour travailler en classe
L’ensemble est chapitré de façon très précise pour aller plus vite. Le DVD est sous-titré quand nécessaire. Les vidéos des DVD 2 et 3 contiennent des supports pour des séquences pédagogiques destinées aux primaires, collégiens et lycéens. Il s’agit de vidéos courtes, et donc potentiellement utilisables. Dans le DVD 2 par exemple, 11 vidéos de 5 à 10 minutes chacune, ciblées autour de thèmes précisément identifiés comme « se nourrir », « protéger la nature » ou « le recyclage du plastique au Burkina Faso ». On retrouve le même souci de naviguer du nord au sud car dans la rubrique « nourrir » on se situe dans une cantine ici et au sud avec des images qui tranchent forcément. C’est l’occasion aussi d’aborder le contenu des repas : qui mange du riz, des pâtes ou des frites ? Une autre vidéo s’intéresse à « d’où vient ce que l’on mange » et on imagine les utilisations possibles d’une telle séquence avec les élèves. Parmi les autres thèmes proposés, signalons-en un sur « l’eau au Burkina Faso » ou encore sur la cohabitation entre l’animal et l’homme, c’est-à-dire entre le loup, l’éléphant l’éleveur et l’agriculteur. Beaucoup de projets sont évoqués tout au long des reportages, ce qui ne rend pas l’ensemble toujours facile à suivre
Faire parler les enfants, un art difficile
Certaines entrées sont moins efficaces car elles posent des questions très générales et pour lesquelles il est difficile d’avoir des réponses utilisables. Que répondre à une question comme « qu’est ce que la nature pour toi ? On oscille souvent entre les mots d’enfants, dont il me semble difficile de faire quelque chose, et les déclarations de principe. Même remarque avec « qu’est-ce que la solidarité ? » Difficile de proposer des réponses pas trop lénifiantes !
Le DVD 3 aborde des thèmes comme « l’énergie pour ma ville » avec des gens qui évoquent les énergies possibles, mais sans aucune mise en perspective. Il y aurait besoin ici d’un accompagnement pour proposer quoi faire de cette séquence. Petit détail agaçant, chaque vidéo, même celles de 5 minutes, affiche sa minute et quarante secondes de générique !
Du quotidien pour intriguer et faire parler
Dans le DVD 3, on dispose d’une vidéo de dix minutes sur un collège de Wodobéré. C’est une vidéo tournée en 2011 au Sénégal. On découvre ici quelques aspects du quotidien et par exemple l’interrogation par le professeur dans une salle de classe. On assiste alors au défilé d’élèves qui se lèvent pour donner leur réponse. La prise de son n’est pas parfaite et à force c’est un peu fatigant à écouter. Il n’ y a pas de commentaire additionnel à la vidéo. Plus tard on retrouve des interviews d’élèves. On peut signaler également dans ce souci de montrer le quotidien la rubrique » comment vas-tu à l’école ? » où l’on rencontre des moyens de déplacement très variés et parfois étranges.
Voici donc un ensemble aux multiples entrées. La production contient un certain nombre de points positifs, comme cette volonté de croiser en permanence Nord et Sud. Elle est néanmoins parfois plombée par des questions posées aux enfants qui livrent des réponses face caméra pas toujours trépidantes, et pas forcément faciles à exploiter. Le site internet qui se veut complémentaire de l’ensemble est une bonne valeur ajoutée s’il vit et est entretenu régulièrement.
Jean-Pierre © Clionautes