La bande dessinée s’ouvre par ces mots d’Anna Politkovskaïa : « Moi, je vois tout, voilà le problème » et par des scènes de bombardements en Tchétchénie. La journaliste insiste auprès de son rédacteur en chef pour livrer une vision aussi précise que possible de la guerre. Les témoins qui acceptent de lui parler sont parfois assassinés. Elle s’investit pleinement dans la couverture du conflit, malgré les risques. Les articles qu’elle publie sur le sujet lui assurent une certaine notoriété mais l’expose à des menaces croissantes.

Elle devient une figure de la contestation du pouvoir à tel point que les preneurs d’otages du théâtre de la Douvbrovka, réclamant le retrait des troupes russes de Tchétchénie, la réclament comme intermédiaire. Les forces spéciales russes ont toutefois pris la décision d’utiliser un agent chimique dans le système de ventilation. Les terroristes survivants ont été exécutés. Au total, l’intervention a causé plus de 200 morts et de nombreux blessés. Un des terroristes, Khanpach Nourdyevitch Terkibaev, a survécu. Anna Politkovskaïa découvre qu’il travaille pour un journal proche du pouvoir, Rosiiskaïa Gazeta. Elle réalise une interview lors de laquelle il affirme travailler pour Poutine à la direction de l’information. Six mois plus tard, il disparaît dans un accident de voiture.

Anna Politkovskaïa identifie deux types de journalistes en Russie : les « bons », ceux qui relayent les informations du gouvernement et les « méchants », ceux qui tentent d’établir la vérité. Elle se définit comme une journaliste « non rééducable » et décrit les pressions, les intimidations, les menaces de mort.

Lors de la prise d’otages dans une école de Beslan en Ossétie du Sud, Anna Politkovskaïa perd connaissance dans l’avion qui l’emmène sur place. Elle est hospitalisée, mais le résultat de ses analyses disparaît mystérieusement. Elle survit à cette tentative d’assassinat. Elle ne cesse pas pour autant de s’interroger sur le massacre de Beslan et l’éventuelle responsabilité des autorités russes. La bande dessinée s’achève par la fête d’anniversaire de Poutine entrecoupée d’images de l’assassinat de la journaliste. Cet évènement est présenté comme un « cadeau » fait au chef d’Etat.

Les annexes sont constituées d’une chronologie, d’un article du journaliste italien Andréa Riscassi (et fondateur de l’association Annaviva en hommage à la journaliste assassinée), d’une interview du journaliste Italien Paolo Serbandini. Ce dernier a réalisé des reportages sur la Russie, a travaillé pour l’agence de presse soviétique Novosti. Il a rencontré à deux reprises Anna Politkovskaïa. Le livre comporte également une courte bibliographie. Un support intéressant pour travailler en EMC ou en EMI sur la liberté de la presse.

Jennifer Ghislain