Alberto Angela, paléontologue et concepteur d’émissions historiques à la télévision italienne propose un roman et un documentaire historique. Le lecteur est invité à suivre les pérégrinations d’une pièce de monnaie, depuis sa frappe à Rome à l’effigie de Trajan jusqu’à son retour dans la capitale de l’Empire en 117 ap. J.-C.

D’abord convoyé par des soldats jusqu’aux confins nord de l’empire au niveau du futur mur d’Hadrien, de poche en bourse et besace, nous suivons un sesterce. À chaque étape, l’auteur reconstitue le paysage, les personnages rencontrés, en s’appuyant toujours sur des sources sûres : auteurs latins ou résultats de fouilles anciennes ou récentes, ce qui fait de ce roman monétaire un tableau de l’Empire au IIe siècle.

Scènes de la vie quotidienne, description de la structure sociale ou de l’organisation des légions, le texte donne à voir au lecteur non spécialiste de nombreux aspects de l’histoire antique comme une grande fresque historique. On retiendra notamment l’armée impériale, en paix comme au combat, l’origine et le rôle des esclaves, la place des femmes, l’état de la médecine, le commerce ou le tourisme.

L’auteur a aussi choisi de mettre en évidence, quand cela s’y prête, les analogies avec le monde contemporain : ainsi l’empire romain considéré comme le premier exemple de mondialisation, et une intéressante réflexion sur l’assimilation des peuples conquis (p. 388-389), ou Septime Sévère vu comme un Obama romain.

Le voyage permet au lecteur une visite de quelques villes, petites ou grandes : Londres, Lutèce, Trèves, Milan, Timgad et Leptis Magna, Charax (en Mésopotamie), Ostie, Baïes dans la baie de Naples, Alexandrie, Éphèse, Athènes, et, bien sûr, Rome en ses divers quartiers : le Palatin, le Circus Maximus. Le commerce nous conduit en Hispanie, dans les mines d’or, en Méditerranée, de Carthage à l’Égypte, et même hors de l’Empire, en Inde sur la côte du Kérala, et à Antioche.

Le voyageur découvre de grandes caractéristiques du mode de vie sous Trajan : les thermes, le luxe (de la soie chinoise aux parfums d’Orient), les goûts alimentaires (le garum ou les vins de Moselle).

Un roman qui est aussi une «encyclopédie» qui fourmille de détails qui rappelle le Guide romain antique Georges Hacquard, Olivier Maisani et Jean Dautry, éd. Hachette, 1967 et [disponible en téléchargement libre->http://eulib.livehost.fr/lire/guide-romain-antique-53499.html] qui rappellera des souvenirs aux latinistes, en plus agréable à parcourir.