« Population & Avenir, revue indépendante alliant rigueur et pédagogie, vous présente une analyse originale des enjeux actuels. Vous y trouverez une source d’informations, de réflexions et d’argumentaires amplement illustrés par des cartes, des graphiques, des tableaux, des schémas… »
ÉDITORIAL par Gérard-François DUMONT
BIODIVERSITÉ : FAUT-IL ÉCARTER LES POPULATIONS ?

Jean DEMANGEOT a titré son livre Les milieux « naturels » du globe, les guillemets signifiant qu’il n’existe guère de milieu « naturel » où l’homme ne soit pas intervenu. La plupart du temps, les paysages ont été en effet forgés au fil du temps par des mains humaines. L’entretien que les habitants ont assumé ou les changements de fonction qu’ils ont mis en œuvre selon les besoins expliquent leurs agencements. Tous les paysages s’inscrivent dans des dynamiques parce que les hommes s’adaptent aux évolutions des contraintes et des besoins.

Parce que la diversité n’est nullement un capital fixe et stable, parce que les lois de la nature ne cessent de modifier les écosystèmes, l’action de l’homme est nécessaire. Contrairement aux croyances souvent répandues ignorant la géographie, il n’y a guère d’environnement naturel. Les objectifs de biodiversité ont besoin de compétences humaines à rebours de celles qui s’écartent d’un développement durable et adaptées aux spécificités de chaque territoire.

 

DOSSIER par Mickaël BLANCHET
LES PERSONNES ÂGÉES EN FRANCE : OU ET DANS QUEL LOGEMENT VIVENT-ELLES ?

Dans un contexte d’augmentation du nombre des personnes âgées, donc de gérontocroissance, l’analyse des conditions d’habitation de la population âgée est essentielle.

Plusieurs caractéristiques se dégagent. L’ancrage résidentiel est d’abord plus élevé pour les retraités que pour la population totale, notamment en milieu rural : 60% des retraités habitent dans le même logement depuis plus de 20 ans. On peut remarquer que leurs capacités résidentielles se révèlent inégalitaires, socialement et géographiquement, certains possédant davantage de moyens de changer de lieux d’habitation. L’installation  récente des retraités en milieu urbain est par exemple supérieure à la moyenne nationale. On constate par ailleurs, une propension à l’héliotropisme positif, qui se traduit par une surreprésentation des retraités récemment installés dans les intercommunalités littorales.

Le taux de propriété de la résidence principale est nettement supérieur à celui de la population totale. Les ménages retraités locataires de leur résidence principale représentent un peu moins d’un ménage retraité sur quatre. Le mode d’habiter en maison est majoritaire. Dans les grandes et moyennes villes, les ménages retraités sont surreprésentés (par rapport à la population totale) dans les logements dont la superficie est comprise entre 40 et 79 m² ainsi qu’entre 80 et 119 m². On peut en conclure que les ménages retraités présentent, vis-à-vis des autres catégories d’âge, des conditions d’habitation plus confortables économiquement et socialement : les retraités sont davantage propriétaires de leur logement, habitent plus en maison et sont sous-représentés dans les logements de très petites tailles. Mais contrepartie au vieillissement de la population : vivre seul est un mode d’habitation, même s’il est encore minoritaire, qui progresse avec l’âge.

 

DOCUMENT PÉDAGOGIQUE (libre de droits)
FRANCE : LA GÉOGRAPHIE DES PERSONNES ÂGÉES

 

EXERCICE PÉDAGOGIQUE par Alexandre DUCHESNE
ÉTAT ET RELIGIONS EN INDE

Cette proposition de séquence s’intègre dans le thème 5 « Analyser les relations entre États et religions » du programme de spécialité d’Histoire-Géographie, géopolitique et sciences politiques de 1ère . L’objectif est d’interroger le fait religieux dans la sphère du politique et de la vie publique en se posant cette question : quelle est la place des religions dans la vie politique indienne et quelle place est faite aux minorités religieuses ?

Après une introduction, le travail est mené en 4 temps, dont les 3 premiers sont ici développés : retour historique sur la naissance de l’Inde contemporaine et sa sécularisation institutionnelle / la place des minorités religieuses en Inde depuis l’indépendance / tensions et radicalisations actuelles. La dizaine de documents sont des textes et des photographies. Leur analyse permet bien de mettre en évidence des notions à la fois historiques et géographiques.

 

LE POINT SUR…par Gérard-François DUMONT
LA BAISSE DE L’EXCÉDENT DÉMOGRAPHIQUE NATUREL PROVIENT-ELLE DE LA MORTALITÉ OU DE LA NATALITÉ ?

Le solde naturel est en nette diminution ces dernières années en France. L’excédent des naissances sur les décès, estimé à 115 000 en 2019 est le plus faible depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Ce résultat s’inscrit dans le cadre d’une baisse continue, et inédite, depuis 5 ans. On peut l’expliquer d’abord par la hausse du nombre des décès qui atteint un niveau inédit depuis 1946 : 599 000 en 2019. Elle est davantage liée à un vieillissement « par le haut » de la population qu’à une détérioration des conditions de mortalité en France, car l’espérance de vie continue (certes légèrement) à progresser. La diminution de moitié est ensuite due, mais dans une moindre proportion, à la baisse de naissances, que l’on peut attribué aux effets des restrictions de la politique familiale.

 

ANALYSE par Frédéric VILLE

RÉFORMER LA RÉFORME TERRITORIALE

Une vaste réforme (lois RCT, MAPTAM, NOTRe), au cours des années 2010, a bouleversé le paysage territorial français (EPCI étendus, régions fusionnées ou communes nouvelles). Son postulat implicite était simple : Big is beautiful et sa réalisation devait permettre de mettre fin au soi-disant mille-feuille territorial. Pourtant toutes les states existantes ont perduré et même de nouvelles sont apparues. La loi NOTRe « a bien souvent produit des résultats contraires aux buts poursuivis » selon un rapport des députés sur l’évaluation de son impact. Les 10 milliards d’économies prévus se sont transformés en coûts supplémentaires et en effets externes négatifs.

Les bassins de vie ont souvent été malmenés. Par exemple, on a souvent forcé des élus à rejoindre de vastes EPCI. Les pouvoirs ont souvent été transféré à la ville-centre. La proximité semble avoir été sacrifiée sur l’autel de la modernité engendrant manque de réactivité et difficulté accrue pour trouver LE bon interlocuteur pour gérer/régler les problèmes locaux. Enfin, la réforme a contribué à accroitre les inégalités territoriales.
L’introduction de davantage de souplesse est donc impérative. Au sein des intercommunalités, les petites communes devraient être mieux représentées afin d’éviter qu’elles ne soient étouffées par la ville-centre. Il faut se diriger vers une intercommunalité de projet, à l’image de l’ancienne politique de pays. Pour l’auteur, journaliste et essayiste, il est donc urgent de réformer la réforme territoriale, de sorte que l’État favorise un aménagement équilibré de tous les territoires, sans métropolisations forcées et dopées et en réintroduisant dans la vie locale le facteur humain, autrement dit de la démocratie citoyenne.