Pour préparer les concours de l’enseignement
Les éditions Autrement ont eu le nez creux. La réalisation d’un atlas requiert de nombreux mois de travail afin de trouver un auteur-spécialiste, concevoir un plan solide, écrire des synthèses adaptées et produire des cartes à la fois pertinentes et originales. La sortie de cet atlas tombe à pic pour les candidats au Capes externe 2025 pour traiter la question sur les littoraux français. Même si ce livre s’attache à présenter les littoraux à travers le monde, les exemples français, principalement bretons, sont nombreux (Outre-mer inclus).
L’écriture de cet atlas est signée par Annaïg Oïry, maitre de conférences en géographie à l’Université Gustave Eiffel de Marne la Vallée. Elle est l’auteur d’une thèse remarquée sur les énergies marines renouvelables de la côte Atlantique (Pays de la Loire, Bretagne) et du récent numéro de la Documentation photographique sur les littoraux (2021).
Délimiter et représenter le littoral
La définition du littoral repose sur plusieurs aspects. En prenant des critères géomorphologiques, il s’agit « du milieu influencé par les forces marines (vent, houle, vague, salinité) » (page 10). Les paysages peuvent notamment se caractériser par des dunes, des marais maritimes ou des falaises. Les activités économiques sont profondément liés à la mer et à l’océan. Pour l’auteur, la combinaison de ces différents critères permet de définir les littoraux comme étant « une interface influencée par des forces marines, reliée au milieu marin par ses ressources propres (halieutiques, énergétiques, paysagères), ses activités (pêche, agriculture littorale, industries extractives, tourisme balnéaire), ses pratiques, mais relevant de logiques terrestres » (page 10).
Des espaces attractifs : être au cœur ou au service de la mondialisation ?
Les littoraux concentrent les activités et les populations sur un espace restreint. Les ports sont des lieux privilégiés pour la mise en connexion des routes maritimes mondiales depuis l’Antiquité. L’Afrique est néanmoins peu intégrée et représente un peu moins de 4% du trafic mondial de conteneurs. C’est la Chine qui concentre les ports les plus importants en tonnage avec 5 des 6 plus importants : Shanghai, Ningbo, Shenzhen, Guangzhou, Qingdao. Ces intenses circulations peuvent provoquer la saturation de certains ports comme Los Angeles en mars 2021. Les pollutions se concentrent également dans certains espaces littoraux, notamment les algues vertes ou les déchets issus des marées noires (Bretagne). Les littoraux sont aussi un lieu privilégié pour les propriétaires de maisons secondaires (plus de 20% des logements pour les communes littoraux du Morbihan).
Aménager le bord de mer : pour quelle économie littorale ?
Les littoraux sont des espaces de production où se cotoient le tourisme, l’agriculture et les industries. L’activité traditionnelle par excellence, la pêche, est en recul en raison de la diminution des ressources halieutiques. Les ports sont peu à peu repoussés aux limites de la ville comme à Marseille et Singapour. Le port de Rosario illustre la diversification des espaces portuaires. Des parcs, une coulée verte et des hangars reconvertis en salle de spectacle sont à l’origine d’un renouveau culturel dans cette ville du Nord-Est de l’Argentine. L’exemple de Bora-Bora illustre la construction d’une destination touristique mondiale autour de la figure du motu-hôtel.
Littoraux et changements environnementaux
Le changement climatique est visible sur les littoraux et à l’origine d’une fragilisation. La hausse du niveau marin, l’érosion littoral et les cyclones ont marqué les esprits à la Nouvelle-Orléans, en Vendée, en Bretagne et à Saint-Martin. La reconstruction post-catastrophe montre les difficultés à concilier les intérêts des différents acteurs : faut-il reculer ? faut-il reconstruire tel quel ?
Conflits et inégalités sur les littoraux
L’attractivité des espaces littoraux est à l’origine de conflits entre les espaces pour son usage. Les Nouvelles de la Soie encouragées par la Chine sont un outil pour renforcer l’influence politique et économique du pays en Eurasie, et notamment dans le nord de l’Océan indien. Le Brexit a mis en lumière la dépendance des pêcheurs français envers les zones de pêches situées dans la ZEE britannique.
La plupart des cartes et schémas s’appuient sur des articles scientifiques publiés depuis 2010 (Géoconfluences, Physio-Géo, Géographie et Culture, VertigO), des thèses de doctorat et du journal Le Marin. Certaines données pour réaliser des cartes sont parfois datées. C’est le cas de la page 21 qui présente les 10 principaux ports africains en 2011 ou de la page 72 avec les écosystèmes menacés dans le golfe de la Gonave à Haïti (2003).
En conclusion, cet atlas permettra aux candidats de mieux connaître les principaux enjeux de ces espaces particulièrement attractifs. La concision et la clarté des cartes sont un atout pour la réalisation de fiches thématiques et régionales, alimentant ainsi aisément une composition.
Pour aller plus loin :
- Présentation de l’éditeur -> Lien
Antoine BARONNET @ Clionautes