Que faire lorsque l’on est dessinateur et que l’on est poursuivi par une armée de trolls anti-science, vociférant que le changement climatique « c’est vraiment du pipeau » ou « qu’on veut nous tromper » avec des « histoires de terre ronde » ?
Se réfugier dans un arbre et trouver à son sommet un professeur d’épistémologie qui pourra vous conduire dans l’univers fascinant des origines de la science (cinq tomes sont prévus en tout).
Car, comme l’indique Pascal Marchand (l’épistémologue), le monde se divise en deux catégories : « ceux qui veulent avoir raison et ceux qui cherchent à comprendre ». Cette première route du savoir emprunte ainsi le chemin de l’Antiquité, des physiologues ioniens à Galien, en passant par Hippocrate, Platon ou encore Aristote.
Le récit, très dense, entend relever le défi, avec beaucoup d’humour, d’une présentation claire de la pensée et des travaux des figures incontournables de la science.
Ce que parviennent à faire avec brio les deux compères, qui, descendus de leur arbre, nous embarquent dans une odyssée aux multiples rebondissements. Déployant une belle érudition (et des trésors de malice. A seul titre d’exemple, le dialogue entre Platon et le dessinateur Jean-Benoît Meybeck, page 115, est un petit bijou de subtilité), les auteurs nous font partager avec un grand plaisir anecdotes et concepts en relation avec des hommes qu’ils ont eu grand bonheur à côtoyer durant toutes ces pages.
C’est que, comme le dit fort justement Archytas de Tarente, « si quelqu’un était monté jusqu’au ciel, s’il avait contemplé l’univers entier et la beauté des astres, il n’aurait trouvé aucun plaisir à admirer ce spectacle et il ne s’en serait réjoui pleinement que s’il avait eu quelqu’un à qui en parler ! »
Un bel exercice de partage, dont le caractère didactique permettra un réemploi lors de séquences consacrées aux mondes grec et romain.
Grégoire Masson