Cette BD est le premier volume d’une série qui porte indirectement sur le baron de la drogue Pablo Escobar. Cette thématique est revenue sur le devant de la scène avec plusieurs séries Netflix comme Narcos ou Pablo Escobar, le patron du mal. L’enthousiasme suscité par la série Narcos a d’ailleurs engendré une vive réaction du fils d’Escobar, Juan Pablo, l’auteur de cette BD. Ce dernier a condamné la « glorification » autour de son père engendrée par le succès de la série.
Depuis plusieurs années, Juan Pablo publie ses souvenirs, à travers livres et interviews et aujourd’hui plusieurs BD à paraître. Dans ce volume, Juan Pablo raconte une partie de son enfance à travers une journée particulière qui voit un de ses gardes du corps, un tueur à gages, être blessé accidentellement par balle par un autre de ses collègues. A travers le cheminement du garçon pour trouver celui qui a tiré involontairement (ou pas?) sur ce garde du corps, surnommé La Gâchette, les scénaristes dressent les portraits de cette équipe chargée de la sûreté des enfants du caïd de Medellin.
A travers cette galerie de personnages, plusieurs aspects de la vie du petit garçon apparaissent. Tout d’abord, son absence d’enfance, avec un enfant qui grandit trop vite dans un univers dont son père lui explique trop rapidement les codes et rouages.
Ensuite, cette vie est baignée par la violence. Escobar est une cible permanente, sa famille aussi. Face à cette menace, il engage des gens que l’on peut qualifier aisément de psychopathes. Ils n’éprouvent aucune limite dans l’usage de la force, de le menace et de l’extorsion. Juan Pablo est ainsi le témoin privilégié de l’ensemble des excès liés à cette vie si particulière. Et notamment, les tentatives d’assassinat qui le visent sa mère, sa petite soeur et lui.
Enfin, c’est bien sur Pablo Escobar qui est au centre de cette BD. D’abord, en filigrane : un père absent en raison de ses affaires; un patron qui effraie et ne se fait respecter que par la crainte qu’il engendre. Ensuite, les auteurs s’attardent, de manière plus personnelle, sur sa rencontre avec sa future femme, la mère de Juan Pablo, et ses ambitions.
Ce premier tome a un rythme très découpé, quelque peu hâché. Mais cela est lié à cette volonté de présenter les « nounous tueuses » de Juan Pablo. Comme c’est le début d’une série, il y aura surement encore plus de logique et de profondeur avec les tomes suivants. L’ambiance est ultra violente, parfois dans une telle exagération qu’elle semble irréelle. Des documents personnels, en début et fin de BD, renforcent la dimension personnelle de ce récit. Il faudra surement attendre le ou les tomes suivant(s) pour se faire un avis définitif, mais ce premier volume donne envie d’en savoir plus, se lit facilement et d’une traite.
Présentation de la BD sur le site de l’éditeur