Ce très bel atlas est édité par les Presses de Sciences Po. Les pertinents textes sont rédigés par Mélanie ALBARET, Delphine ALLÈS, Philippe COPINSCHI, Marie-Françoise DURAND (coordinatrice), Lucille MAERTENS et Delphine PLACIDI-FROT. Les superbes cartes sont réalisées par des membres de l’Atelier de Cartographie : Thomas ANSART, Benoît MARTIN, Patrice MITRANO, Anouk PETTÈS et Antoine RIO. Son ambitieux objectif : « représenter les innombrables interdépendances et enchevêtrements de nos histoires, autant que les désordres et les dysfonctionnements d’un monde pluriel ».

La préface de Bertrand BADIE, professeur des universités en science politique à Sciences Po, est particulièrement percutante. Elle remet au goût du jour sa théorie de la fin des territoires (développée dans un ouvrage de 1995). D’emblée il proclame que « la distance n’est plus un obstacle, que les frontières n’arrêtent plus grand chose et que l’interdépendance vient vider la juxtaposition des États d’une part essentielle de sa signification ». La liste des mots « saillants » (en rouge) dans le texte sont révélateurs de cette nouvelle organisation de l’espace mondial : diasporas, réseaux, réticulaires, mondialisation, régulations, inégalités, conflit, intégration, gouvernance, guerre ou migrations. Les deux textes introductifs suivants replacent les thèmes abordés dans cet atlas dans un contexte historique d’évolution des « espaces-temps du monde » puis expliquent les transformations graphiques qui permettent de « mieux » représenter l’espace mondial actuel.

L’Atlas est divisé en 6 parties : Contrastes et inégalités, Mobilités, Stratégies des acteurs internationaux, (In)sécurités, Ressources et Tentatives de régulations. Les représentations cartographiques sont très variées. Une réflexion évidente a, à chaque fois, été menée pour utiliser la bonne carte, à la bonne échelle, avec les figurés adaptés. On pensera par exemple à la carte des dimensions contemporaines du non-alignement (p.204), à celle sur les principales institutions régionales (p.208-209) ou celle des Altermondialismes (p.220). Les légendes permettent globalement une lecture aisée de données quantitatives parfois complexes. Les graphiques sont également nombreux et peuvent constituer des outils très intéressants comme celui sur le surpoids et le sous-poids dans le monde (p.181). Les focus disséminés tous au long du texte permettent également de faire le point sur des notions essentielles : malédiction des ressources (p.27) ou des thèmes originaux : l’avortement, un marqueur d’inégalités multiples (p.38) ou mobilité des prix Nobel (p.76). L’Atlas se conclue par un lexique (230 définitions) et une table des cartes et graphiques (plus de 200 au total), toujours précieux pour ce genre d’outil.

Au final, cet Atlas apparaît comme un formidable outil balayant efficacement les grandes problématiques de l’organisation de notre espace devenu mondial. Il fournit une mine d’informations et de documents réactualisés pour l’enseignement de la géographie dans le secondaire. C’est également un beau livre qui comblera tous les amoureux de cette matière.

L’ensemble des cartes, graphiques et textes sont disponibles ici