Par l’auteur de Brilliant Maps
D’un site internet à un atlas, il n’y a qu’un pas. Les atlas destinés au grand public rencontrent un succès éditorial ces dernières années, en s’appuyant notamment sur Internet. Les partages, retweets et « j’aime » sont un vecteur qui popularisent de nombreuses cartes qu’elles soient insolites, humoristes ou simplement esthétiques.
En matière de cartes insolites, l’un des sites anglophones les plus populaires se nomme Brillant Maps. Le concept d’origine est simple : relayer des cartes réalisées par des amateurs, des artistes ou des cartographes professionnels afin de divertir un lectorat friand de nouveautés et de surprises.
L’auteur de ce livre publié par Larousse est le rédacteur canadien du site Brillant Maps, Ian Wright. A l’origine, Ian Wright est un simple passionné de cartographie qui étudiait l’histoire et les sciences politiques à l’Université de Toronto. Dans sa préface, il précise que le déclic est venu grâce à la marche. En 2012, Ian Wright se lance le défit de parcourir à pieds l’ensemble du réseau de métro londonien en surface. Il découvre alors des rues, des quartiers et des parcs qu’il ne connaissait pas. Le défi est relevé au bout d’une année, en 2013, et renforce son goût pour les cartes, notamment mentales. L’année suivante, le site Brillant Maps est lancé grâce à la rubrique dédiée à la cartographie de la plateforme Reddit. Pour en comprendre le fonctionnement, l’auteur décrit sa principale source en quelques lignes dès la préface.
Reddit fait actuellement partie des vingt sites Internet les plus populaires au monde, tout en restant un peu mystérieux pour bon nombre de personnes. Il se décrit comme la « Une d’Internet », mais rassemble en réalité des dizaines de milliers de forums de discussion de tailles diverses appelés « sous-Reddit », dont MapPorn (une sous-catégorie plutôt importante comptant près de 600 000 abonnés). Le concept de Reddit est réellement simple. Les utilisateurs postent des textes, vidéos ou photos, et plus souvent, des liens (soit vers des sites externes soit vers des postes internes), puis les autres utilisateurs leur attribuent un vote positif ou négatif. Plus vous obtenez de votes positifs, plus votre contribution devient visible. Un vote positif équivaut à peu près à un retweet sur Twitter ou une mention « j’aime » sur Facebook ».
Ian Wright, Drôle de cartes !, Larousse, 2021, page 16
Après sa parution du livre d’origine en anglais en 2019, puis en allemand en 2020, les éditions Larousse sont à l’oeuvre pour la parution de la traduction en français. Le contenu se rapproche de « Drôle de planète » écrit par Frank Tétart et publié par Autrement en 2019 : comprendre le monde grâce à des cartes thématiques très simples, souvent originales et humoristiques.
Populations, religions, politique, culture, géopolitique, les thèmes sont éclectiques. Cet atlas est particulièrement adapté à une lecture fragmentée en tranches de quelques minutes. Le lecteur comprendra rapidement que la population de la ville de Tokyo est supérieure à celle de plus d’une centaine de pays dans le monde, dont le Canada, la Malaisie, l’Australie et le Maroc (page 37). La présence des McDonalds dans le monde (page 81) côtoit une carte présentant les toponymes les plus longs (page 85), le jour des élections politiques (page 107), le découpage des îles britanniques (page 140), la réunification de l’Empire romain (page 164) ou des couleurs de passeports dans le monde (page 185 : rouge, vert, bleu ou noir !). L’insolite se découvre au fil des pages. Par exemple, dix-sept pays ne possèdent aucune rivière (Koweït, Bahamas, Malte, Maldives, Comores, Nauru) tandis que la Finlande est le pays ayant le plus grand nombre de groupes d’heavy metal rapportés à sa population (65 pour 100 000 habitants).
Quelques petites erreurs ont été repérés au fil de pages. Par exemple, l’oubli de certains pays (page 63) dans la légende de la carte portant sur les principales sources d’importation (Thaïlande, Sénégal, Iran, Egypte). La carte de la taille moyenne des femmes dans le monde est malheureusement très peu lisible à cause d’un dégradé de rouge : on doute d’une moyenne à 1 mètre 25 pour les Indonésiennes !
En conclusion, un atlas très accessible et particulièrement adapté aux élèves de collège et de lycée.
Pour aller plus loin :
Antoine BARONNET @ Clionautes