L’objectif de cet ouvrage est de réconcilier les traditions orales et linguistiques des Hurons-Wendat et les recherches des archéologues de la vallée du Saint-Laurent. C’est un état actuel des connaissances sur les origines et les rapports entre les Wendat ancestraux et les Iroquoiens du Saint-Laurent.
Pendant longtemps les archéologues ont considéré que les Iroquoiens du Saint-Laurent rencontrées en 1535 par Jacques Cartier avaient « disparu » au moment où Champlain est arrivé dans la région en 1608. Où étaient-ils passés ?
Ce travail permet aux communautés des Premières Nations de collaborer à la recherche scientifique.
Interpréter ethnicité et affiliation culturelle : les points de vue huron-wendat et anthropologique (Mariane Gaudreau et Louis Lesage)
Les archéologues tentent depuis longtemps d’établir des correspondances entre culture matérielle et groupes ethniques. Ils ont considéré que les Iroquoiens du Saint-Laurent étaient distincts des autres groupes iroquoiens alors que pour les Hurons-Wendat et les Mohawks, ce sont leurs ancêtres. L’article reprend les travaux de l’historien huron-wendat Georges Sioui sur la localisation des divers groupes et les archéologues s’appuient sur les artefacts trouvés qui montrent des différences importantes en matières de céramiques entre les groupes. La conclusion est qu’il a existé des relations étroites entre les habitants de la vallée du St Laurent et dfe la région des Grands Lacs avant l’arrivée des Européens.
Les auteurs recherchent dans l’analyse du concept d’ethnicité et en quoi il permet de comprendre les écarts d’interprétation entre archéologues et communautés autochtones actuelles.
Des Iroquoiens du Saint-Laurent parmi les Wendat : démonstration linguistique (John Steckley)
L’auteur analyse le dictionnaire de la langue huronne du frère récollet Gabriel Sagard, établi dans les années 1623-1624 qui montre plusieurs dialectes hurons mais aussi des mots iroquoiens que l’auteur étudie en linguiste. Il en conclue qu’au début du XVIIIe siècle, les Iroquoiens du Saint-Laurent formaient une partie de la société wendat et n’avaient pas disparus à la fin du XVI e siècle.
L’antériorité territoriale dans la tradition orale des Hurons-Wendat aux XVIIIe et XIXe siècles (Jean-François Richard)
L’auteur rappelle les recherches sur la Huronnie entre archéologie et récits des Français lors des premiers contacts. D’autre part dans cette nation la tradition orale tient une grande place et a été retranscrite au cours du XIXe siècle. L’idée selon laquelle les Hurons-Wendat auraient migré depuis le lac Huron, en Ontario, ne correspond pas à leur tradition, ils avaient dès le XVIIIe siècle une conception précise de leur antériorité dans la vallée du Saint-Laurent1, informations que l’on retrouve dans les déclarations à la Chambre d’Assemblée du Bas-Canada en 1824 du Grand Chef Nicolas Vincent Tsawenhohi (1769–1844).
Géopolitique et dimensions de la complexité sociale du Wendake ancestral ca 1450-1600 (Jennifer Birch)
l’auteure aborde les conditions socio-politiques des Wendat qui évoluent d’une société semi-sédentaires à des communautés villageoises plus grandes et plus permanentes. Entre les années 1200 et le début des années 1400, ils ont vue leur population augmenter, leurs institutions ont permis de gérer cette situation comme le montre à la fois les productions céramiques et les formes d’inhumation. Les sous-clans rattachés à ces établissements relativement stables contrôlaient les ressources locales. Les décisions, au sein de ces communautés se prenaient à différents niveaux : le ménage, le sous-clan, le village ou la ville, la nation, la confédération, ainsi les négociations tenaient une grande place. L’auteure montre comment les conflits ont influencé la construction des nations et la confédération et comment les pratiques d’adoption ont permis l’intégration des Iroquois anciens dans la nation huronne au XVI e siècle.
Les Iroquoiens de la vallée du Saint-Laurent avant le contact avec les Européens (Christian Gates St-Pierre)
À l’époque des premiers contacts avec les Européens, les Iroquoiens du Saint-Laurent occupaient un vaste territoire depuis l’embouchure du lac Ontario jusqu’à la région qu’occupera ensuite la ville de Québec, mais aussi sur la rive sud, de façon plus saisonnière, depuis la pointe nord du lac Champlain jusqu’à l’estuaire du Saint-Laurent. Une occupation ancienne de plus de 1 500 ans.
Les auteurs décrivent les produits de fouilles archéologiques, notamment les céramiques mais aussi pointes de flèches ou de lances, qui renseignent sur la vie de ces populations sur le temps long.
Les occupations iroquoiennes dans le nord de l’État de New York : résumé des recherches en cours (Timothy Abel)
Ce sont également les fouilles qui attestent de la présence dans la région actuelle de l’État de New York de villages iroquoiens (carte p. 64) même si les recherches sur les communautés iroquoiennes de la fin de la période précontact dans le nord de l’État de New York ont été peu nombreuses et rendues difficiles par l’occupation contemporaine des sites.
Les pointes de flèche en pierre comparées à celles en os ou en andouiller et le déplacement des Iroquoiens du Saint-Laurent hors de leur pays natal 1 (William Engelbrecht et Bruce Jamieson)
Selon les groupes et leur accès aux divers matériaux pour les pointes de flèches, les auteurs démontrent la supériorité des populations, notamment les haudenosaunee, ayant accès à la pierre sur celles qui n’ont que les os et les andouillers, les Iroqouiens du Saint-Laurent. L’article porte sur l’étude des pointes de flèches.
Analyse des réseaux sociaux iroquoiens du Saint-Laurent et paniroquoiens (Susan Dermarkar, Jennifer Birch, Termeh Shafie, John P. Hart et Ronald F. Williamson)
Les céramiques et notamment les décors étudiés dans cet article, montrent l’existence d’échanges, de réseaux sociaux entre les Iroquoiens du Saint-Laurent et les populations iroquoiennes des communautés ancestrales wendat et haudenosaunee.
Interactions est-ouest entre communautés iroquoiennes du Saint-Laurent et wendat ancestrales de la rive nord du lac Ontario (Ronald F. Williamson)
Les fouilles dans la ville de Toronto, sur le site Parsons, montre occupation iroquoienne du Saint-Laurent grâce à la présence de céramiques mais aussi d’autres traces qui mettent en évisdence des échanges avec les Hurons-Wendat ancestraux au milieu du XVe siècle le long de la rive nord du lac Ontario et dans la vallée du fleuve Saint-Laurent et dans la vallée inférieure de la rivière des Outaouais, avant l’arrivée des Européens. L’auteur montre ainsi les déplacements des groupes iroquoiens sur un vaste territoire.
Devenir Wendat : négocier une nouvelle identité aux alentours du lac Balsam à la fin du XVIe siècle (Peter Ramsden)
L’auteur analyse le peuplement de la région du lac Balsam2 entre 1450-1550 apr. J.-C. quand des membres de quatre groupes ethniques distincts en sont venus cohabiter : deux groupes ancestraux de Hurons-Wendat, des Iroquoiens du Saint-Laurent réfugiés auprès des Hurons-Wendat, des Algonquiens (nations du Bouclier canadien au nord et de la vallée de la rivière des Outaouais). Il décrit la construction d’une communauté vivant ensemble sans occulter les conflits. C’est cette communauté qui semble avoir forger l’identité du groupe des Hurons-Wendat. L’analyse se fonde sur les traces archéologiques.
Hurons-Wendat et Iroquoiens du Saint-Laurent : nouveaux constats d’une étroite relation (Gary Warrick et Louis Lesage)
Ce dernier article en forme de conclusion reprend les connaissances archéologiques, historiques et linguistiques sur les relations entre les Hurons-Wendat et les Iroquoiens du Saint-Laurent. Les recherches archéologiques comme la tradition orale démontrent que les groupes iroquoiens qui vivaient dans la vallée du fleuve Saint-Laurent se sont alliés et se sont intégrés politiquement au sein de la Confédération huronne-wendat, aux XVe et XVIe siècles, ce qui accrédite donc la conception huronne-wendat qui afirme que la vallée du fleuve Saint-Laurent est un territoire ancestral huron-wendat.
Cet ouvrage montre la vitalité des recherches archéologiques au Canada et comment, aujourd’hui, elles redonnent vie à l’histoire des Premières Nations mais aussi les rapprochements désormais possibles entre histoire scientifique et traditions orales.
NB : l’ouvrage est téléchargeable sur les site des éditions des Presses de l’Université Laval :
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1« Informations recueillies par l’aumônier Melsheimer au cours des années 1770 » (cité p. 27),
2Au sud de l’actuelle province de l’ Ontario