Cette intégrale réunit quatre bandes dessinées, quatre destins de résistantes fauchées par la Seconde Guerre mondiale. Pour évoquer ces quatre itinéraires, les scénaristes Régis Hautière et Francis Laboutique sont accompagnés de l’historienne de l’art Emmanuelle Polack. Régis Hautière est l’auteur d’une soixantaine de BD dont De briques et de sang qui évoque un crime dans le cadre d’un phalanstère ou La guerre des Lulus, série qui se déroule pendant la Grande Guerre. Emmanuelle Polack travaille sur la question de la restitution des œuvres d’art spoliées pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle a publié Le marché de l’art sous l’Occupation. Chaque BD est illustrée par un dessinateur différent : Ullcer pour Bertie Albrecht, Olivier Frasier pour Mila Racine, Pierre Wachs pour Amy Johnson et Marc Veber pour Sophie Scholl.
Le début de la BD est romancé autour d’une jeune femme qui reçoit une mystérieuse boite après le décès de sa tante. L’objet contient des coupures de presse et surtout un carnet de notes, qui concernent quatre résistantes. Elle mène l’enquête pour en savoir plus sur ces femmes qui ont donné leur vie pour résister. D’autre part, elle s’interroge : qui est l’auteur du carnet ? pourquoi sa tante l’avait en possession ? pourquoi tenait-elle à lui léguer ? Ce carnet sert avant tout de fil rouge à l’histoire. Se mêlent ainsi une histoire familiale imaginée par les auteurs et les parcours réels de résistantes.
Amy Johnson et Berty Albrecht
On suit d’abord le parcours d’Amy Johnson, pilote britannique, à la recherche de records dans l’aviation. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle rejoint une unité aérienne féminine. Son parcours comme celui de Berty Albrecht est à la fois marqué par la Résistance face aux nazis et par la défense des idées féministes.
Cette dernière est à l’origine, avec Henri Freney, du mouvement Combat. Berty Albrecht a quitté son mari et une vie trop conventionnelle à Londres pour s’installer en France. Elle s’implique totalement dans la Résistance jusqu’à son dernier souffle. Berty Albrecht prend en effet en charge la publication du bulletin de Combat et met à disposition d’Henri Freney ses contacts. Arrêtée à Lyon et torturée, elle meurt en détention.
Sophie Scholl et Mila Racine
La bande dessinée met également en avant l’engagement de deux très jeunes femmes. D’abord, Sophie Scholl essaie de réveiller l’opinion publique allemande en participant avec son frère Hans au mouvement de la Rose blanche. Les distributions de tracts à l’université, acte de plus en plus risqué, les met rapidement en danger. Cependant, leur fin tragique met en lumière leurs idées.
Une figure beaucoup moins connue est également mise en avant dans l’ouvrage : Mila Racine organise la fuite d’enfants juifs vers la Suisse. Son action s’intensifie avec le passage des Alpes du contrôle italien à celui de l’Allemagne. Mais les risques s’accroissent également d’autant plus qu’elle s’occupe désormais personnellement du passage de ces enfants.
Chaque récit s’achève par une biographie de quelques pages par Emmanuelle Polack. Le rôle de l’Abwehr, service de renseignement de l’Etat-major allemand est aussi évoquée notamment à travers la part fictionnelle de l’ouvrage.
Jennifer Ghislain