Le 1er mai 1891, la section du parti ouvrier de Fourmies et de Wignehies (Nord) appelle à une journée de mobilisation pour exiger, entre autres, la journée de huit heures, la création d’une Bourse du Travail, l’abrogation des octrois et la création de caisses de retraites pour les ouvriers.
La réponse patronale, particulièrement dure, évoque « une guerre injustifiable et imméritée » à l’encontre des intérêts des industriels et amène à la mobilisation de la gendarmerie et de la troupe.
La conséquence de ce déploiement de force est bien connue, l’effroyable tuerie de Fourmies faisant au total neuf morts, le plus jeune ayant tout juste onze ans.
C’est cette journée sanglante que Alex W.Inker croque avec brio dans son roman graphique Fourmies la Rouge.
C’est d’abord La figure emblématique de Maria (Maria Blondeau) qui distribue des tracts devant son usine et veut aller « cueillir son mai », un beau buisson d’Aubépine qu’elle dressera face aux soldats à la manière de la « jeune fille à la fleur » de Marc Riboud.
C’est ensuite Kléber Giloteau qui rêve de la journée de huit heures pour apprendre « à lire et à écrire comme il faut » et son amie Louise Hublet qui pense que « c’est par la femme que nous arriverons au communisme ».
C’est enfin un petit garçon Emile Cornaille, qui prendra une balle perdue à hauteur d’un estaminet alors qu’il ne songeait qu’à jouer.
Cette œuvre semi fictionnelle est dédiée, pour partie, aux morts de la fusillade de la petite cité nordiste.
Très bien dessinée et servie par un propos bien documenté ( mêlant français et parfois locutions picardes), Fourmies la Rouge est un récit qui pourra trouver une exploitation pédagogique dans une séquence consacrée au monde ouvrier au XIXe siècle.
Grégoire Masson