Traitée en classe de première des lycées et en troisième au collège, question incontournable des concours en géographie, la France n’est pas vraiment sexy. Les manuels sont parfois fort bien faits mais disons le tout net, la géographie de la France ne fait plus recette.
Lorsque l’annonce de parution de cet ouvrage a été diffusée, la question qui s’est posée a été de savoir si dans un volume finalement très commode on ne pourrait pas trouver un vade mecum, un mémento, bref un aide mémoire permettant au professeur de géographie de faire connaître aux jeunes français leur propre pays.
Cet ouvrage de 155 pages est destiné à être diffusé dans les ambassades et consulats et permet de faire découvrir les spécificités de la France. La présentation est largement dépendante des sources de l’INSEE et de multiples références aux sites institutionnels.
Les auteurs sont multiples, issus du monde de la presse et les géographes sont rares. Pourtant, c’est un vrai petit ouvrage de géographie humaine qui a été réalisé, même si la géographie physique et le charme torride des métamorphismes de contact sont totalement absents.
La première partie est consacrée au territoire et illustrée de cartes un peu sommaires. Toutefois le texte permet de comprendre et d’expliquer la formation du territoire et son aménagement, le rééquilibrage progressif vers les régions et leur rôle accru à partir de 1982. On notera aussi l’ouverture européenne que l’on retrouve dans de nombreux manuels mais qui est très difficile à transmettre.
Pour ce qui relève de l’histoire et de la mémoire on ouvre une frise chronologique bien illustrée qui s’achève, comme de juste, par l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République. Les institutions et la vie politiques sont traitées pour la Ve République et on pourrait très largement puiser des références pour les terminales S. On notera pourtant certaines formules lapidaires notamment sur la cohabitation. « Détruire le premier ministre pour se faire réélire ». L’élection présidentielle est présentée également comme « la mère de toutes les batailles.»
L’analyse de la situation politique ouverte en 2002 avec la présence de Jean-Marie le Pen au second tour se révèle également assez partisane, clairement pro-UMP et surtout peu nuancée. (p. 61)
L’ouvrage fournit par ailleurs de bonnes synthèses pour la France dans le monde, un chapitre qui est souvent négligé en cours alors que le sujet est tombé en histoire en 2008 au baccalauréat. Ce qui est toute de même dommage dans cette partie est l’absence de cartes.
Paradoxalement, si dans cet ouvrage la partie politique est clairement pro-gouvernementale, on ne retrouve pas le discours du président actuel et de ses soutiens sur l’absence de compétitivité de la France du fait d’une règlement sociale contraignante. Dans cet ouvrage destinée à attirer éventuellement des investisseurs sur le sol français, on insiste au contraire sur la forte productivité horaire et même sur le faible coût du travail moins cher de 20 % par rapport aux Etats-Unis et de 40 % par rapport à l’Allemagne.
Mais la cerise sur le gâteau est quand même dans l’analyse qui est faite des trente cinq heures. Cette réduction du temps de travail instaurée sous le gouvernement de Lionel Jospin, régulièrement présentée comme ayant eu des conséquences catastrophiques sur la productivité des entreprises, combattue avec vigueur sur le thème du « travailler plus pour gagner plus », est qualifiée par l’auteur de cette partie de bénéfique car ayant été à l’origine de la création de 400 000 emplois…
De la même façon, pour expliquer l’embellie démographique que la France connaît depuis maintenant plusieurs années, on insiste également sur l’efficacité des politiques sociales et sur leurs conséquences en matière de maintien d’une natalité plus forte que dans le reste de l’Europe.
Finalement cet ouvrage peut se découvrir à deux niveaux. Comme un bon mémento accessible pour tous ceux qui auraient à présenter la géographie humaine de la France mais aussi et surtout comme un révélateur d’une situation plutôt favorable du pays. La formule qui vient à l’esprit pour conclure est cette phrase prononcée au moment de la guerre de succession d’Espagne : «vérité en deçà des Pyrénées, mensonge au-delà».
On devrait s’intéresser plus souvent à la communication de la France à l’extérieur de ses frontières finalement !
Bruno Modica © Clionautes