Ce livre accompagne l’exposition du Musée historique de Lausanne qui se tient jusqu’au 8 octobre 2023 et fait partie d’un projet plus global mené par un comité international d’historiens et d’historiennes : thelausanneproject.com.
Pourquoi Lausanne ?
Le territoire suisse a été choisi pour sa neutralité. Le traité fut donc signé à Lausanne, une ville à l’époque de 70 000 habitants, en pleine expansion, et qui vécut au rythme des négociations pendant huit mois. La conférence réunit 250 diplomates et délégués du monde entier ainsi que 300 journalistes. Le catalogue donne à voir de nombreuses photographies, visibles par ailleurs dans l’exposition.
Dépasser les frontières
Les frontières sont des lieux de tension, d’instabilité, de vulnérabilité et de danger. Le traité de Lausanne est le dernier traité de paix de la Première Guerre mondiale. Ce traité est nécessaire pour remplacer celui de Sèvres de 1920 qui n ‘a jamais été appliqué. Forte de plusieurs victoires militaires, la Turquie obtient de revoir à son avantage les équilibres politiques et territoriaux. Ce traité pose également donc les bases de la Turquie moderne. La République turque est proclamée en octobre 1923. Cette stabilité générale ne doit pas faire oublier qu’il y eut un prix à payer pour les Kurdes ou pour l’Arménie.
Le traité d’hier à aujourd’hui
Depuis quelques années, le président turc critique régulièrement le traité de Lausanne, vu parfois comme un « deuxième traité de Sèvres » enfermant la Turquie dans un cadre trop étroit. Pour d’autres, ce traité représente une injustice : 1,2 million de chrétiens ont rallié la Grèce alors que 350 000 musulmans ont été parallèlement expulsés vers une Turquie qu’ils ne connaissaient pas. Dans la Turquie actuelle, les théories du complot liées au traité de Lausanne sont très répandues. L’anthropologue Zeynep Oguz explique cela dans un entretien à retrouver à la fin de l’ouvrage. Il se demande d’ailleurs si l’Etat-nation est toujours une unité politique viable et souhaitable en cette période de changement climatique mais aussi d’instabilité politique mondiale ».
Au nom de la défense et de la paix
L’une des lignes directrices des négociations concernant l’ordre d’après-guerre est le « droit des peuples à l’autodétermination ». Une deuxième ligne directrice est la doctrine de l’Etat souverain déjà répandue en Europe depuis la deuxième moitié du XIXème siècle. Le Traité de Lausanne apporte une alternative à l’insatisfaction durable des minorités. Il crée la légitimité juridique internationale du « transfert de population ». Il a donc légitimé l ‘épuration ethnique qui avait déjà eu lieu pendant la guerre gréco-turque. On constate au final que le droit à l’autodétermination est resté lettre morte pour de nombreux peuples.
Documents d’époque, citations et analyses actuelles et témoignages
On trouve un certain nombre de citations d’époque comme celles d’Hemingway ou encore de Claire Sheridan, seule femme journaliste présente pour couvrir les travaux de la conférence. Un peu plus loin dans l’ouvrage sont proposées des analyses actuelles. On lira entre autres une approche de Jay Winter ou de Hans Lukas Kieser. Jonathan Conlin, Ozan Ozavci et Juila Secklener disent quant à eux que « la portée de la séparation des communautés ordonnée par Lausanne, comme la perception de son succès, en fit un point de référence pour les accords de paix signés après la Deuxième Guerre mondiale, ainsi que pour la partition des Indes ». Le livre propose aussi des témoignages sur ce traité. A chaque fois, le lecteur dispose d’une rapide présentation de la personne qui témoigne pour mieux comprendre son angle et son point de vue.
Ce livre peut servir dans le cadre de l’HGGSP en rapport avec la question de la puissance sur l’empire ottoman en Première.
Pour en savoir plus : https://www.lausanne.ch/vie-pratique/culture/musees/mhl/expositions/frontieres.html