Géographie des musiques noires, revue « géographie et cultures » n°76, sous la direction d’Yves Raibaud, editions l’Harmattan, 143 pages (2011)
CR par Bertrand Quennoy
Un tour du monde des musiques noires en 7 articles depuis l’Afrique, les Amériques (jusqu’aux iles métissées (Maurice, Réunion, Guyane) en de multiples styles musicaux : afro-colombien, rap, banghra, jazz. Beaucoup de musiques issues de l’esclavage ou du marronage : mayola, aléké ou chutney mauricien développé dans ce numéro. Néanmoins ces sons locaux sont aussi l’héritage d’influences européennes et d’autres aires culturelles.

L’introduction d’Yves Rimbaud s’interroge donc sur la notion même de musique noire en préférant parler de la musique des Afriques dans le monde. C’est donc un nouveau champ pour la géographie qui s’est ouvert depuis une dizaine d’années, dépassant la vision coloniale et la traditionnelle zone africaine et nord-américaine.

Les articles les plus utilisables dans l’enseignement de notre discipline concernent pourtant ces deux côtés de l’Atlantique. En analysant les clips de hip-hop angolais, Chloé Buire et Arnaud Simetiere déconstruisent les clichés du ghetto inhérents au rap. Ce genre n’est pas une expression forcément d’essence africaine, mais un style issu des difficultés du quotidien qui s’est développé après la colonisation et la guerre civile. D’ailleurs cela peut permettre de faire décoder aux élèves la ville de Luanda et ses nouvelles pratiques citadines.

Cette revue fondée par Paul Claval ouvre l’horizon des territoires du géographe, où les échelles des musiques noires s’interpénètrent, à travers des contributions d’anthropologue ou d’ethnomusicologue. Dommage qu’aucune carte n’illustre les travaux. Par exemple celui de Pauline Guedj sur le processus de patrimonialisation de Harlem autour du jazz qui revalorise ce quartier new-yorkais par le tourisme.

Bertrand Quennoy © Les Clionautes