Un tour du monde du monde à travers les stacks

A pied, en voiture, en minibus, en camion, en bus, l’écrivain-voyageur Sylvain Tesson parcourt le monde depuis le milieu des années 1990. Les grandes expéditions à vélo ou à pied avec Alexandre Poussin ont laissé la place à des accensions vers les sommets. 

Dans « Blanc » en 2022, l’auteur avait décrit sa traversée des Alpes à ski. Depuis, Sylvain Tesson et son guide Daniel Du Lac escaladent les stacks à travers le monde. De l’Argentine aux Iles Féroé, du Mexique aux Marquises en passant par la Sardaigne, la Grèce, le Canada, les Açores, le Vietnam et la Tasmanie, les deux compères, parfois accompagnés de Philibert Humm ou du photographe Thomas Goisque montent au sommet de ces aiguilles composées de schiste, calcaire, grès, quartz, de silice ou de basalte.

En anglais, « aiguille maritime » se dit sea stack. Représentez-vous une colonne dressée à quelques encablures du rivage. En bas l’écume, en haut des plumes. La mer bave au pied, un goéland coiffe le sommet, entre les deux : la roche. Il y a des courants et des vagues, le mieux est d’interdire aux enfants d’approcher. Tel apparaît le pilastre au milieu des vacanciers.

Sa forme est fantasmagorique : depuis des millénaires, le vent et l’iode ont défoncé la roche, ornant la paroi de protubérances. En plus, le plus connu est l’aiguille d’Etretat. Il y en a dans les Calanques de Marseille, ivoirins dans la turquoise un peu vulgaire. A Belle-Ile, on en trouve un nid : les aiguilles de Port-Coton. Acérées, sombres, veinées de quartz blanc, elles sentent l’algue.

Source : extrait tiré du livre publié chez Albin Michel, 2025, page 17

L’ascension suit généralement le même mode opératoire. Repérer un stack sur une carte, préparer son paquetage, prendre un kayak ou un zodiac pour arriver à son pied, réussir à débarquer, planter des pitons pour assurer la grimpe jusqu’à son sommet. Le plus périlleux est généralement la descente en rappel, avec parfois la nage jusqu’au rivage.  L’objectif est aussi d’éviter les promeneurs trop curieux qui pourraient alerter les garde-côtes locaux. Notamment lorsque l’on grimpe à proximité d’une base militaire, comme c’est le cas en Basse-Californie. Parfois, le sommet se réduit à une surface réduite à 1 m². Il y a parfois la place pour la contemplation de l’océan par deux individus. Voir même y dormir.

Du petit Baudelaire d’une hauteur de 12 mètres sur l’île canadienne de la Madeleine jusqu’au Old Man of Hoy dans les Orcades qui culmine à 135 mètres, les stacks sont « une ruine, un témoin, un souvenir » (page 22) de l’érosion marine. Ce groupe de grimpeurs est parfois à l’origine de la première ascension humaine (50% des stacks gravis). C’est alors l’occasion de nommer certains de ces piliers en fonction de sa forme, de son emplacement ou du paysage observé depuis le sommet.

Source : Extrait tiré du livre « Les piliers de la mer » de Sylvain Tesson publié chez Albin Michel, 2025, pages 11-12

En conclusion, ce tour du monde poétique célèbre le grand air, la liberté et la camaraderie en s’appuyant sur l’une des manifestations de la géographie physique.

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