Professeur à l’université de Rouen où il a effectué sa carrière, spécialiste de recherche en « Modélisation et traitements Graphiques en géographie (MTG), spécialiste des SIG (système d’informations géographiques) de l’analyse spatiale et de l’aménagement urbain, Yves Guermond a également dirigé, au CNRS, l’unité Identité et différenciation des espaces de l’environnement et des sociétés. Son travail s’articule autour de trois axes principaux :
– La ségrégation sociale
– La gestion des milieux et de l’environnement
– La géomatique
Dans Géographie et Citoyenneté , publié en juin 2017, il propose de « retracer l’histoire de la pensée géographique française et contemporaine à travers le prisme de la citoyenneté » (p. 3).
Si la démarche pouvait sembler étrange de prime abord, il n’en est rien. En effet, déjà en 2015, l’auteur s’intéressait à l’exercice de la citoyenneté dans le cadre de la région, comme le montre la publication des actes du colloque de Cerisy, sous le titre La région de l’identité à la citoyenneté, par le collectif des géographes normands auquel il appartient et qui réunit des universitaires de spécialité et d’opinion diverses mettant en commun leur expérience et leur réflexion sur la Normandie et ses habitants.
Ainsi, dans tout au long des 87 pages de Géographie et citoyenneté, Yves Guermond mène une réflexion large sur la citoyenneté qu’il définit d’ailleurs comme une « valeur morale, inhérente à la personne, (une) conviction intime du devoir de participer à la construction sociale » (p. 4) et qui « justifie la pensée géographique ». Si pour Yves Lacoste, le géographie, sert à faire la guerre. Pour Yves Guermond, la géographie « ça sert à faire des citoyens » (p. 5) et l’ouvrage met en évidence cette conception engagée de la discipline à travers son évolution.
Pour répondre à la question, comment être citoyen et à quelles échelles, un découpage en trois parties est effectué :
– La citoyenneté nationale
– Le village global
– Les petits mondes
A la croisée de trajectoires spatiale et temporelle, la conception du rôle du géographe est analysée depuis la première partie du 20e siècle, période où l’analyse régionale dominait à l’orientation vers une délimitation de l’espace en régions, en passant par l’orientation vers l’analyse spatiale dans les années 60-80.
Les références épistémologiques nombreuses permettent de mettre en évidence l’évolution même d’une discipline qui développe une responsabilité citoyenne depuis un siècle et demi mais qui passe, notamment grâce à la collecte informatisée des informations de la description de situations à l’analyse de leur évolution afin de les accompagner. Ainsi, « la responsabilité citoyenne du géographe » (p. 86) inhérente à la discipline définie comme l’étude de l’espace terrestre (…) façonné par l’homme (p. 87) ne pourra que se développer.