François Lafargue, docteur en géopolitique et en science politique, propose une analyse sur l’Afrique du Sud. Le livre est organisé en dix chapitres et il contient une bibliographie, un glossaire et un index. On trouve également des cartes et des encarts dans chaque chapitre. L’ensemble est clairement organisé et permet de s’y retrouver rapidement. L’Afrique du Sud a rejoint le groupe des Bric et il est donc nécessaire d’établir un état des lieux de ce pays pour faire la part de ses forces et faiblesses. Le pays ne manque pas d’atouts car il représente à lui tout seul 20 % du PIB du continent africain.

Histoire, géographie et identité de l’Afrique du Sud

Quatre chapitres traitent de ces aspects. L’auteur définit d’abord le cadre géographique et historique en rappelant que le pays s’étend sur 1 200 000 km2. C’est le huitième plus vaste du continent et il partage des frontières terrestres avec six pays. Il conserve une emprise importante sur l’économie d’un certain nombre de pays voisins. Parmi les éléments naturels à connaitre, il y a le fait que le fleuve Orange représente 22 % des ressources en eau de surface du pays. Dans un deuxième temps, François Lafargue retrace l’histoire du pays avec notamment l’arrivée des premiers Européens. L’auteur aborde quelques périodes marquantes comme le grand Trek ou la guerre des Boers. Ce chapitre se conclut par une chronologie. Ensuite, le cadre étant présenté, c’est le moment d’aborder la question de l’identité sud-africaine. C’est l’occasion de faire la part du vrai et du faux sur des slogans comme « la nation arc-en-ciel ». L’auteur ne se limite pas aux Noirs, Blancs, métis et Indiens, mais présente également les partis politiques, médias, syndicats et églises. Près de 80 % de la population se déclare de culture chrétienne. Enfin, l’auteur aborde la question des pouvoirs locaux et régionaux en insistant sur ce qui a changé depuis la fin de l’apartheid. Il y a par exemple neuf provinces contre quatre auparavant. François Lafargue évoque enfin la dernière élection de Jacob Zuma.

Brics et ressources

Le cinquième chapitre est consacré à l’or jaune, au métal blanc et à la matière grise, ce qui constitue les fondements de la puissance sud africaine. C’est l’occasion également de revenir sur l’histoire politique récente du pays en parlant de Thabo Mbeki, qui dirigea le pays de 1999 à 2008. Aujourd’hui, les inégalités sont encore fortes puisque 80 % des terres agricoles appartiennent aux fermiers blancs. A la date de 2013, seulement 7 % des terres arables avaient été redistribuées. François Lafargue identifie ensuite les secteurs forts du pays comme l’industrie minière qui emploie 1,3 million de personnes, ou encore l’industrie automobile. Après un tour d’horizon des critères qui permettent de définir l’émergence, le chapitre suivant récapitule les atouts et les faiblesses d’une nation en construction. Certains indicateurs sont clairement au vert puisque depuis 2000, le revenu par habitant a été multiplié par deux en parité de pouvoir d’achat. En revanche, les deux tiers des exportations du pays sont constitués par des matières premières. L’émergence n’est pas qu’une question économique et l’auteur souligne la situation sociale préoccupante du pays. Sida, énergie et éducation constituent trois défis majeurs pour demain.

Un rôle mondial ?

Les trois chapitres suivants examinent l’Afrique du sud et ses ambitions comme puissance. François Lafargue pointe trois objectifs difficilement conciliables : promouvoir des valeurs démocratiques, soutenir des mouvements ou régimes parfois mis au ban de la communauté internationale et défendre ses intérêts économiques quitte à oublier ses idéaux. Une carte récapitule les interventions militaires de l’Afrique du sud de 1994 à 2013. Parmi les points intéressants, une étude des rapports de l’Afrique du Sud avec les autres pays. On remarque une certaine méfiance du pays vis-à-vis des Etats Unis et le cas particulier de ses relations avec Israël, puisque l’Afrique du Sud fut l’un des premiers Etats dans le monde à reconnaître l’existence de ce pays. Le chapitre huit s’intéresse à l’espace proche de l’Afrique du sud et à sa diplomatie. C’est sans doute la partie la moins connue vue de France. La Namibie, le Lesotho et le Swaziland représentent, selon les propres mots de l’auteur, de « petits Etats mais de grands enjeux ». Sur tous ces aspects économiques, on trouvera une carte utile sur les processus d’intégration commerciale en Afrique australe et centrale. Changeant d’échelle, François Lafargue examine enfin les orientations diplomatiques de l’Afrique du sud avec l’Inde, la Chine et le Brésil. Avec un million de personnes, la communauté indienne d’Afrique du sud est la plus nombreuse du continent noir. Un graphique récapitule les relations économiques avec les autres pays qui composent les Brics.

Le dixième chapitre fait office de conclusion et s’interroge sur les scénarios pour demain. Parmi les futurs possibles, l’auteur envisage même l’option de la guerre civile. Depuis le milieu des années 90 près de 20 000 morts par armes à feu sont à déplorer. Cet ouvrage permet donc de faire un point efficace sur un des Brics.

© Jean-Pierre Costille pour les Clionautes.