Un volumineux atlas de 287 pages et une ambitieuse mise à jour à la lumière des derniers travaux de recherche de Christophe Colomb jusqu’aux émeutes urbaines de 2005 en France, héritage colonial. L’ouvrage se présente comme un projet d’histoire globale en écho au thème des Rendez-vous de Blois en octobre prochain : Les empires.

L’ouvrage est organisé en trois grandes périodes chronologiques: Premières colonisations – Empires coloniaux – Décolonisations, l’ensemble est complété d’une utile chronologie et d’une abondante bibliographie.

Un titre incontournable qui devrait être dans tous les CDI.

Chaque partie, organisée en 4 chapitres, est introduite par un texte de présentation de la période au ton souvent novateur. Chaque carte ou graphe est inséré dans un texte qui fait le point sur le thème retenu.

Premières colonisations XVe – début XIXe : des conquistadors aux libéraux

La naissance des empires XVè-XVIè s’ouvre sur le legs de Marco Polo avant de détailler les Grandes Découvertes. Les professeurs pourront y trouver des cartes précises, lisibles et pour certaines peu courantes : carte des civilisations amérindiennes en 1500 ou de la propagation des épidémies au Pérou (1585-1589)
On retiendra (page 29) un graphique des traites négrières.
Concernant le XVIIè siècle on note la place faite au Canada et à la Louisiane française avant que soient abordées l’Amérique du nord « britannique » et les Indes orientales.
L’apogée de la colonisation mercantile s’ouvre sur l »empire du sucre » et fait une place intéressante aux colonies et sciences au siècle des Lumières.
Page 80-81 est posée la question d’une mondialisation inachevée.
Cette première partie se termine sur les ruptures de la fin du XVIIIè avec les premiers mouvements d’indépendance : États-Unis, Amérique espagnole, Haïti.
La comparaison des cartes : les empires coloniaux 1750-75 et 1825 (pages 81 et 93) présente un réel intérêt.

Les empires coloniaux XIXe – XXe

Continuités et mutations caractérisent le premier XIXè siècle : réalités politiques en Afrique et en Asie, rappel des voyages d’exploration, des éléments regroupés à propos de la conquête et des résistances y compris en Australie et aux USA avec les guerres indiennes; voilà des ouvertures inhabituelles à saluer qui viennent compléter les apports classiques sur les aspects économiques et religieux.
Pour l’impérialisme triomphant l’accent est mis sur l’exploitation économique mais aussi sur les aspects géopolitiques. Un éclairage sur l’empire japonais et un point sur la contribution des troupes coloniales à la première guerre mondiale complètent ce chapitre.
L’entre-deux guerre est analysée selon les thèmes de l’économie coloniale, des migrations, des sociétés coloniales, de la politique aux colonies mais aussi de l’environnement et du tourisme.
Sont présentés quelques parcours d’Européens entre métropole et colonies, la représentation des colonies en Europe à l’occasion des grandes expositions et les effets de la seconde guerre

Les décolonisations , une histoire inachevée

Un premier temps est mis en valeur : 1937-1954 la fin des empires coloniaux avec un focus sur les empires britannique et français.
Le chapitre suivant est consacré à l’émergence du Tiers-monde , la guerre froide et l’arabisme avec Bandung bien sûr, un portrait de Frantz fanon et la naissance d’un nationalisme pétrolier. On retrouve la guerre d’Algérie dont les premiers éléments ont été présentés au chapitre précédent.
Un chapitre est consacré à L’Afrique, décolonisation et développement : guerre au Kenya, Cameroun, Congo belge, le cas de l’Afrique portugaise, l’ANL en Afrique du sud et le panafricanisme.
Sont posées la problématiques de la dépendance de l’Afrique et la question de l’aide.
Le dernier chapitre : questions néocoloniales et postcoloniales permet d’aborder la Françafrique, le retour difficile des Pieds-noirs et des Harkis, la question sahraouie.
Le conflit israélo-palestinien est évoqué très brièvement mais est-il dans ce sujet?
Pour faire écho au titre : histoire inachevée les auteurs évoquent le statut de la Nouvelle Calédonie avec un référendum prévu avant 2018.

Les émeutes de 2005 en France sont ici comme élément de l’héritage colonial.

Le projet annoncé d’ouvrir des horizons est réussi.

Un ouvrage d’une grande richesse, incontournable.