Le livre publié cette année se veut force de proposition. L’auteur dresse un plaidoyer pour une modernisation de la vie politique basée sur le droit des personnes mais aussi pour une reconstruction géopolitique et une redéfinition de l’aide internationale.
Nécessité de moderniser la vie politique
Cette première partie est une réflexion suer les fondements de la démocratie et de l’État. Il s’appuie sur les théories du « contrat social » de Locke, Rousseau ou Habermas… Il insiste sur le rôle de l’État: favoriser l’équilibre social, protéger le citoyen et propose les Droits de l’Homme comme cadre d’action. Pour assurer une meilleure redistribution des richesses, une meilleure gestion du budget de l’État et une évaluation des politiques publiques il passe en revue les points à corriger: liberté d’association et de manifestation, développement des structures d’éducation et de santé mais surtout des réalisations plus que des discours.
Ce programme rend indispensable la reconstruction de partis politiques qui ne se contentent pas de la conquête du pouvoir mais soit des organismes de contrôle de l’action du gouvernement. Sa réflexion s’appuie sur l’histoire politique d’Haïti depuis 1850, une histoire mouvementée antre coups d’état, populisme et dictature. Les 25 dernières années n’ont pas permis l’émergence de vrais leaders et de réels débats politiques. L’émiettement des partis est un fléau: pour les élections de 2005, 39 partis étaient en lice, en 2010 ils étaient 64.
La société civile aspire à une refondation de la démocratie, l’auteur analyse le rôle qu’elle peut jouer notamment pour une limitation des dérives de l’État, veiller à l’intérêt général et dénoncer les atteintes aux Droits de l’Homme.
La reconstruction d’Haïti sur le plan géopolitique, la coopération internationale
L’implication de la communauté internationale en Haïti est une réalité et la coopération depuis le séisme a été très importante.
L’auteur présente le contexte institutionnel, c’est à dire la charte des Nations Unies, cadre juridique de ces interventions. L’auteur rappelle le poids de l’aide publique au développement qui en 2009 représentait plus des deux tiers du budget de l’État et c’est encore accrue après le séisme. Cette aide est un échec dont il tire un premier bilan très sévères des années 80 à 2009. Les actions post 12 janvier 2010 (FMI et UE) qualifiées de « Plan Marshall » mettent en évidence les points de vue politico-économiques divergents des acteurs, les promesses non tenues, la persistance des bidonvilles. On pourra sur ces aspects se reporter au documentaire ‘’Assistance mortelle’’ du cinéaste haïtien Raoul Peck. diffusé sur la chaîne Arte le 16 avril dernier [http://www.arte.tv/fr/7426708.html->http://www.arte.tv/fr/7426708.html]
Entre dépendance politique et économie d’assistance Haïti semble prise au piège.
Jean Gédéon cherche à comprendre les limites de l’aide, les raisons de son inefficacité : multiplication des acteurs mais aussi instabilité politique, corruption. Il propose une annulation de la dette et une réorientation de la coopération financière, un meilleur contrôle de l’action des ONG mais aussi une mobilisation de la diaspora et une réelle identification des enjeux majeurs.
Sa conclusion repose sur l’espoir d’une union des dirigeants et du peuple haïtien pour une reconstruction du pays