« Population & Avenir, revue indépendante alliant rigueur et pédagogie, vous présente une analyse originale des enjeux actuels. Vous y trouverez une source d’informations, de réflexions et d’argumentaires amplement illustrés par des cartes, des graphiques, des tableaux, des schémas… »

ÉDITORIAL par Gérard-François DUMONT
Quels principes de justice pour les territoires ?

La justice sociale est la possibilité pour tous les citoyens d’avoir accès à l’éducation, à la santé ou à l’emploi. Son pendant est la justice spatiale dont l’objectif est de fournir les mêmes chances à tous les territoires. Elles peuvent s’appuyer sur les 4 principes énoncées par John RAWLS dans sa Théorie de la justice.

Le premier principe est la liberté : chaque territoire doit avoir un droit égal à des libertés locales de bases. Bien entendu, l’usage que les territoires feront du « système de libertés » produira des différences, comme cela existe entre individus. Le deuxième est le principe de subsidiarité selon lequel il ne faut assumer à l’échelon supérieur que ce qui ne peut être mieux satisfait à un échelon inférieur. Le troisième principe de justice spatiale relève de la solidarité. Il permet de prendre en compte les difficultés propres d’un territoire en lui proposant des facilités particulières. Enfin le principe d’équivalence signifie que tous les territoires ont de la valeur. C’est la finalité qui permet de donner, autant que possible, des chances égales aux territoires par les équipements et services publics, par la fiscalité…et qui justifie une politique d’aménagement du territoire.

Pour l’auteur « l’objectif de justice appliquée aux territoires décline ainsi 4 principes qui devraient inspirer les lois territoriales et les politiques d’aménagement du territoire. »

DOSSIER par Frédéric VILLE

TERRITOIRES RURAUX EN FRANCE : LES INGRÉDIENTS DE L’INNOVATION

En France, de nombreux villages souffrent de désertification et paraissent condamnés. La désertification médicale ou pharmaceutique s’y aggrave : 6 à 8 millions de personnes vivent aujourd’hui dans une commune (une sur trois) sans médecin généraliste. Année après année, des zones grises et mêmes blanches en matière de téléphonie mobile ou de numérique persistent. Il y a par ailleurs des pauvretés criantes dans les villages, parfois plus graves que dans les quartiers prioritaires de la ville. Quant au ruissellement des métropoles vers la ruralité, c’est un mythe.

Pourtant, dans des territoires ruraux, des élus se mettant au service d’une bonne gouvernance territoriale, des entrepreneurs, des associations, des familles, des citoyens…innovent. On peut alors essayer de comprendre les ingrédients permettant des innovations favorisant le développement local.

Dans tous les cas, ces ingrédients de l’innovation favorisent un développement endogène qui capitalise sur les particularités et forces locales : faire fructifier un patrimoine, valoriser les atouts avec un tourisme de niche,… Autre clé de l’innovation qui vient souvent compléter la première : ‘l’individualité ou le groupe. Autre clé de la réussite : l’innovation ex nihilo (casiers connectés, innovation rurale sur les mobilités,…). Au final ces innovations consolident ou même attirent de nouvelles populations, faisant oublier un siècle et demi d’émigration rurale.

 

DOCUMENT PÉDAGOGIQUE (libre de droits)

EN FRANCE, DES TERRITOIRES RURAUX LEVAINS DE L’INNOVATION : QUELQUES EXEMPLES DE RÉINVENTION DU DÉVELOPPEMENT LOCAL

EXERCICE PÉDAGOGIQUE par Alexandre DUCHESNE
LA FRANCE DES VILLES MOYENNES : RÉALITÉS ET PERSPECTIVES

Cette étude de cas s’insère dans le thème 1 du programme de géographie de Première intitulé : « Les dynamiques d’une monde en recomposition ». Le premier thème traite de la métropolisation. A l’échelle de la France, il s’agit d’analyser l’importance de Paris et des grandes métropoles régionales dans les dynamiques urbaines. Ensuite, l’évolution des villes petites et moyennes doit être questionnée, entre, pour certaines, dévitalisation des centres-villes et, pour d’autres, un renouveau. La pandémie Covid-19, les confinements liée et le télétravail ont remis les villes moyennes sur le devant de la scène. Ces villes connaissent un regain d’intérêt lié au moindre coût de l’immobilier ou au cadre de vie. Les villes moyennes ne semblent plus nécessairement condamnées à un déclin inexorable ; au contraire, la géographie montre qu’elle sont, en particulier en France, un maillon essentiel des territoires.

La méthode inductive par l’étude de cas est ici privilégiée. Après une définition de la notion de « ville moyenne » et un point sur l’évolution de son image récemment, des exemples sont analysés (atouts/contraintes, décisions des acteurs publics et privés). Puis la mise en perspective doit permettre de dresser une typologie de ces villes en France. Enfin un focus sur le marketing urbain peut éventuellement être développé en fin d’étude pour montrer l’importance des jeux d’acteurs pour l’attractivité des villes moyennes.

ANALYSE par John F. MAY
GÉOPOLITIQUE ET ÉVOLUTION DES POPULATIONS AUX ÉTATS-UNIS : LA FONCTION ESSENTIELLE DU RECENSEMENT

L’obligation du recensement de la population aux États-Unis date de 1787. Son objectif est toujours de savoir combien de personnes vivent dans chaque État et dans le pays. Le 24ème recensement de l’histoire des États-Unis a été organisé le 1er avril 2020 et dénombre 331 449 281 habitants.

Les opérations de recensement son cruciales pour recueillir des informations sur la population par âge et par sexe, mais aussi pour collecter des données sur un large éventail d’autres caractéristiques socio-économiques. Elles permettent de répartir d’importantes sommes d’argent fédéral aux États, aux hôpitaux, aux services d’incendie, aux écoles, aux routes et d’autres ressources. Elles sont aussi utilisées pour la répartition des sièges de la Chambre des Représentants. Il est donc dans l’intérêt économique et politique d’un État que tous ses résidents soient recensés.

L’administration Trump voulait ajouter une dixième question sur la nationalité au questionnaire de recensement. Les craintes des responsables du Bureau du recensement et d’autres spécialistes des sciences sociales, était que certains immigrants, en particulier les sans-papiers, ne rempliraient plus le questionnaires de peur d’être arrêtés et/ou expulsés. Fin Juin 2019, la Cour suprême des États-Unis a rejeté cette proposition.

Les résultats du recensement de 2020 montrent que l’augmentation de la population aux États-Unis a ralenti depuis les précédents recensements de 2000 et 2010. La croissance intercensitaire de la population entre 2010 et 2020 n’a été que de 7,4% au total. On peut parler de la fin de l’exception américaine combinant fécondité plus élevée que dans les autres pays occidentaux et aussi un vieillissement de la population moins important. Dans l’ensemble la baisse de la fécondité aux États-Unis, l’augmentation de la mortalité et la diminution de l’immigration laissent présager une trajectoire démographique future caractérisée par un vieillissement accéléré de la population et d’éventuelles pénuries de main-d’œuvre.

 

LE POINT SUR… par Gérard-François DUMONT
POPULATION EN FRANCE : UNE ÉVOLUTION FAITE DE RUPTURES ET DE CONSTANTES FACE À LA COVID-19

Dans l’évolution de la population de la France, la Covid-19 a imprimé des marques significatives surtout en termes de mortalité et d’espérance de vie mais des constantes déjà présentes précédemment persistent.

La bilan est positif en 2021. La mortalité a baissé par rapport à l’année précédente. L’espérance de vie à la naissance en 2021 a augmenté par rapport à 2020 sans toutefois retrouver son niveau de 2018. La pandémie Covid-19 a donc bien introduit une inflexion, au moins pendant 2 ans, dans l’évolution de la mortalité par rapport aux décès attendus en l’absence de pandémie.

En ce qui concerne la natalité, les données 2021 indiquent une très légère hausse en 2021 par rapport à 2020. Il paraît peu probable que la fécondité augmente de manière significative. Les facteurs explicatifs d’une fécondité abaissée en France, dont les décisions de rabotage de la politique familiale dans les années 2010, se sont révélées durables, d’où un nombre de naissances en 2021 inférieur de 62 000 à celui de 2018, soit 8% de moins en seulement quelques années. Un facteur pourrait cependant aller dans le sens contraire : la mobilité résidentielle des personnes quittant les métropoles. Les aménagements professionnels qui se sont multipliés pourraient ainsi faciliter une meilleure conciliation entre vie professionnelles et vie familiale. Le cadre de vie peut encourager à avoir un enfant ou un enfant supplémentaire. Pour preuve, les 4 départements les plus urbanisés en France ont enregistré, contrairement à la moyenne nationale, une diminution de leur nombre de naissances en 2021 par rapport à 2020. A l’inverse, les départements comptant les hausses les plus élevées du nombre de leurs naissances sont plutôt des départements faiblement urbanisés, donc à dominante rurale. L’évolution des inscriptions dans les écoles maternelles et primaires s’avère par exemple plutôt défavorable à Paris et relativement favorable dans le monde rural.

La combinaison d’un taux de natalité affaibli, inférieur à 12 naissances pour 1000 habitants depuis 2015 et d’un taux de mortalité dont la hausse, entamée en 2017 surtout en raison du vieillissement de la population, puis majorée par les effets de la pandémie, engendre, au début des années 2020, un taux d’accroissement naturel environ 3 fois inférieur à celui de 2015 et plus de 4 fois inférieur à celui début des années 2010. Clairement, la France connaît une décélération de son accroissement naturel sous les 2 effets d’une fécondité abaissée et d’une mortalité plus élevée.

La part des personnes âgées de 65 ans ou plus dans la population totale a continué d’augmenter en 2020 et 2021. Les effets de la pyramide de la gérontocroissance, donc de l’arrivée des âges élevés de générations plus nombreuses nées au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale sont, en proportion, quasiment les mêmes que s’il n’y avait pas eu la Covid-19. Par ailleurs, à l’autre bout de la pyramide des âges, la faible fécondité a minoré un peu plus les effectifs des générations les plus jeunes. Plus de décès en haut de la pyramide des âges et moins de naissances à sa base se sont, d’une certaine façon, neutralisés. Les tendances observées depuis quelques années se sont donc poursuivies : la part des moins de 20 ans a continué à diminuer et celle des personnages âgées à augmenter. La pandémie n’a donc pas modifié cette constante qu’est ce vieillissement. Ses conséquences sur la structure démographique restent encore imperceptibles.