Ce livre de 130 pages se lit plutôt facilement et nous fait entrer dans l’univers du narrateur, dans les méandres de ses souvenirs et nous accompagne tout au long de son cheminement entre remise en question et affirmation de soi.
L’ouvrage découpé en trois parties nous montre combien les places sont mobiles, mouvantes et combien il est rapide de passer de bourreau à victime pour finalement assoir sa position de héros. Ce récit fictionnel nous plonge dans le quotidien d’un collège ponctué d’incidents, de rumeurs, de violence et d’incompréhension.
Le bourrreau
Dans cette première partie, Monsieur Quentin Lamart, son épouse et leur fils de 13 ans regardent paisiblement la télévision lorsqu’un flash info vient bouleverser le quotidien de ce père de famille. Marilou, treize ans a été menacée, insultée, moquée pendant des mois au collège et sur les réseaux. Les témoignages affluent en marge de la marche blanche.
La famille Lamart est consternée, le fils se tourne vers son père immobile, silencieux et les traits tendus.
Débute alors le flash-back, Quentin se remémore ces années collège. En 5e, Quentin était accompagné d’un acolyte, comme lui, toujours prêt à « taquiner » les autres jusqu’à Marvin…
Ce jeune danseur classique était en un instant devenu la cible de deux compères, moqueries, insultes, violences et le père de famille se retrouve face à ses souvenirs. Pourquoi ? Il n’en n’a pas la moindre idée.
La victime
L’entrée en classe de 4e s’est faite sans son camarade Cédric, colosse à qui personne n’aurait cherché de noises ; Quentin se retrouve dès lors isolé avec son acné et son embonpoint naissant. Il se retrouve dans la classe de Marvin a qui la danse a sculpté un corps d’athlète. D’autres élèves à qui Quentin avait joué de mauvais tours s’en prennent désormais à lui. A travers son expérience, Quentin conseille son fils ; il souhaite le protéger de ces comportements, dont il a été l’auteur et qu’il a lui-même éprouvé.
Le héros
Mr Lamart, au début de ce chapitre, s’apprête à intervenir dans un collège de 4e pour parler des effets néfastes liés à une mauvaise utilisation d’internet. Les premières questions font référence au suicide de Marilou. Quentin, après une longue inspiration, déroule son expérience, parle de son vécu pour que les mêmes erreurs ne se reproduisent pas.
Ce livre aborde les phénomènes de harcèlement intelligemment, sans culpabilisation, et en traitant de situations bien connues de nos ados : le ghosting, la réputation, l’appartenance au groupe, la différence…
Certains propos et attitudes sont volontairement dérangeants : les incitations au suicide, les violences quotidiennes, les humiliations et la progressive mise à l’écart corrélée avec la perte d’estime de soi et la dépression.
L’auteur montre la difficulté de traitement de ces situations délicates et insiste sur la bienveillance nécessaire face aux cibles, surtout lorsque celles-ci ont un passé d’intimidateur.
Pour finir, l’auteur nous livre quelques informations sur ses influences et ses motivations à écrire cet ouvrage. Ses interrogations aussi ; pourquoi tant de méchanceté et comment l’endiguer ?
Ce livre pousse chacun à se demander s’il est lui-même ou a été un bourreau, une victime ou un héros.
Cette recension a été proposée par Alexandra Leghmizi