Riches, plus ou moins, diplômés ou pas, wasp ou hispano, ce sont des femmes et des hommes comme vous et moi, saisis dans leur vie quotidienne qu’André Girod nous propose de rencontrer. Et cela nous donne une vision très différente des États-Unis. Que ce soit à travers nos cours de géographie ou dans l’actualité internationale, ce pays est toujours présenté sous l’angle de sa puissance, de son État fédéral, de ses acteurs majeurs, les firmes transnationales. On est aussi très loin de certaines des séries télé qui présentent à nos élèves une certaine Amérique.
L’auteur a pris le parti d’un classement alphabétique, par État avec une brève présentation de chacun d’eux -ils y sont presque tous! Parfois des liens internet nous sont fournis en relation avec un lieu ou une rencontre. Les rencontres sont parfois pittoresques et nous livre chacune à sa manière un bout des États-Unis et de leur histoire. Descendants de migrants à différentes époques, ou d’esclaves (ainsi les quelques pages sur la Caroline du sud, au cours desquelles nous faisons la connaissance de Jackie dont l’histoire est une sorte de résumé de la condition des Afro-américains), chacune des rencontres faites par l’auteur et sa femme nous donne à voir un bout d’Amérique.
Évidemment cet ouvrage, qui semble écrit sans fioritures ne nous livre pas d’analyse de fond. Ce n’est pas sa vocation. Mais en filigrane, c’est le portrait d’un pays sans concession qui nous est fait. Ainsi, en Floride, paradis aux yeux de tous les étrangers, André Girod nous présente Harry, « l’Irish biker ». Harry a travaillé toute sa vie, mais le syndicat, puissant, auquel il a adhéré, a fait de mauvais placements, réduisant ainsi considérablement les retraites de ses membres. Harry ne peut pas vivre avec sa social security et cherche à vendre sa moto pour dégager 2500 dollars.
Les nombreux témoignages qu’il livre sont une source intéressante pour les professeurs que nous sommes. En effet, chacun y trouvera de quoi alimenter une étude sur les États-Unis.
Au delà d’une écriture parfois très proche du langage parlé et d’une mise en page au parti pris simple (trop ? On regrettera l’absence d’illustrations notamment), je recommande la lecture de ce livre, éclairant et sans prétention : cet hasard des routes nous met en relation beaucoup plus certainement que nombre d’ouvrages sur les États-Unis avec une certaine réalité et une certaine Amérique.