Suite et fin de notre série Visages–ceux que nous sommes avec le tome 4 : « Soleil cou coupé ». De même que pour les tomes précédents, le tome 4 est le résultat d’une collaboration entre deux scénaristes talentueux (Nathalie Ponsard-Gutknecht et Miceal Beausang-o’Griafa) et d’Aurélien Morinière au dessin.

Lire les tomes précédents est à mon sens indispensable pour mieux comprendre l’intrigue et les personnages. Vous pourrez trouver les CR des tomes précédents ici :

Tome 1 : Derrière les signes ennemis

Tome 2 : La pratique Andromaque

Tome 3 : Vers la fontaine ardente

Tout comme les tomes précédents, l’histoire repose sur des évènements historiques, tout en apportant un peu de fiction et de romance, ce qui est appréciable.

Alors que Georg et Louis savent que Liselotte est enfermée dans le camp de Dachau, on apprend que cette dernière va être transférée dans le camp de Mathausen suite à la demande du Dr Mühle. L’histoire permet ici de bien mettre en lumière la barbarie des expériences médicales réalisées dans ce camp et la volonté pour les médecins allemands d’établir formellement l’infériorité raciale des juifs.

Une course contre la montre (et la mort) s’engage pour la libérer. Les deux hommes n’ont pas d’autres choix que de se jeter dans la gueule du loup ; il leur faut se rendre au plus près du camp. Ils vont donc élaborer un plan : se faisant passer pour des spécialistes de l’art, ils se rendent alors à Linz en Autriche, afin d’amener une fausse œuvre pour le Führermuseum voulu par Hitler. De là, il leur faudra faire preuve de discrétion.

Dans cette histoire, il y a aussi Peter, le cousin de Liselotte que nous avons suivi dans les tomes précédents. Envoyé en Pologne combattre pour les allemands, ce dernier parvient à s’enfuir et échangeant sa tenue de militaire contre une soutane, il parvient à se mélanger à la population alors en fuite. Se fondant dans la masse, il devient alors l’un des leurs et entreprend une grande marche en direction de Dresde. Arrivé dans cette ville il vivra les terribles bombardements de la ville (février 1945).

Traversant la ville de Dresde, George et Louis rencontrèrent de manière fortuite Peter. Tous trois décidèrent de s’unir pour aller sauver Lieselotte.

En parallèle de l’histoire se déroulant en Europe de l’Est, nous suivons également Sheila, enceinte, en Irlande, dans sa famille. Cette partie de l’ouvrage est l’occasion pour les auteurs d’évoquer les fortes tensions entre l’Angleterre et l’IRA. Sheila est arrêtée, interrogée et accouchera détenue. Elle se voit privée de son enfant qui devient alors un sujet de l’empire britannique. Libérée par la suite, Sheila ne cessera de rechercher son enfant pendant les années à venir (comme cela est bien relaté dans l’ouvrage).

Mars-Avril 1945. Louis, Georg et Peter, dans leur quête de libération de Lieselotte participent à l’opération Dora (qui consistait à stocker les œuvres d’art dans les mines de sel piégées de Steinberg en cas de défaite) et parviennent à se rapprocher de Mathausen. La tension est palpable dans le camp, en raison de l’avancée des Russes. S’ensuit alors la libération du camp, la mort du Dr Mühle et la rencontre entre nos héros ; les voici enfin réunis. L’horreur des camps, la vision des corps et de la mort lors de la Libération est parfaitement mise en avant ici.

Les 20 dernières pages de l’histoire tournent autour de l’après-guerre. Les retrouvailles entre les familles, le départ de Georg pour l’Irlande pour libérer Sheila et chercher son fils, l’installation de Lieselotte à Paris avec Louis.

Mais ces épisodes croisés montrent bien le dur retour à la réalité. Difficile pour Lieselotte ou Peter d’oublier ce qui s’est passé. Une partie d’eux est restée là-bas. Honteux d’avoir servi les Allemands, Peter finira par se donner la mort, tandis que Lieselotte parvient petit à petit à retrouver l’amour auprès de Louis.

Cette série se termine presque comme elle a commencé. Les images d’un enfant sniper de la British Military academy en 1954 cherchant à connaitre l’identité de ses parents… Comme un air de déjà vu ! A la seule différence que cet enfant est activement recherché par sa famille.

Si j’ai apprécié cet ouvrage par ses apports historiques et le mélange entre fiction et réalité, j’ai quand même parfois été perturbé par la tournure de certains passages. La rencontre entre Georg, Louis et Peter à Dresde est un peu tirée par les cheveux.

Le lecteur aurait peut-être davantage apprécié une fin un peu « happy end » avec de vraies retrouvailles, entre cet enfant envoyé en Angleterre et ses parents.

Tout comme les hommes précédents, le lecteur appréciera les dernières pages qui amènent davantage d’explication sur les évènements historiques, utilisé pour l’intrigue.

On trouve alors des informations sur :

  • Du FührerMuseum aux mines de sel
  • Croix-Rouge et neutralité
  • Déplacement des populations
  • Le viol comme tribu de guerre
  • Les enfants perdus
  • Le procès de Nuremberg