Il arrive que l’on soit désarmé devant une telle question à moins que l’on ne soit soi-même initié et capable d’expliquer ce qu’est une obédience, un rite et surtout de montrer en quoi ce caractère initiatique est indispensable.
L’ouvrage publié par Pierre Ripert est séduisant, du moins sous sa forme. La belle couverture cartonnée, la qualité d’impression, le soin dans la reproduction des gravures et la commodité du format, tout cela en fait un agréable compagnon, instructif sur un sujet bien mystérieux.
L’auteur François Ripert se présente comme journaliste et historien… Malheureusement, on a beaucoup de mal à comprendre ce qui anime l’auteur. L’exhaustivité ne semble pas sa préoccupation, ce qui peut se comprendre, mais la clarté non plus. Les origines de la Franc-maçonnerie se situeraient dans l’Angleterre du XVIIIe et, si l’on évoque la filiation légendaire et le temple de Salomon, c’est sans aucune référence aux templiers, pourtant largement présents ni aux cheminements intellectuels et au contexte politique et social. La France, le mouvement des lumières sont quasiment ignorés.
La partie consacrée aux bâtisseurs des pyramides et aux hommes libres des abbayes n’éclare pas davantage. On fait référence aux sociétés dyonisiennes, aux constructeurs de camps romains, mais sans aucune référence précise. Difficile de trouver la moindre source de références permettant d’argumenter telle ou telle filiation. Il est vrai que la bibliographie tient en 14 lignes…
Dès l’origine de sa naissance, la franc-maçonnerie a été condamnée par l’Eglise, et notamment par Benoît XIV en 1751, mais qui peut dire vraiment pourquoi ? Certaienement pas le lecteur de cet ouvrage… Pour la condamnation par Pétain et les autorités de Vichy, on apprendra quand même que c’est parce que celle-ci est classée à gauche… On respire ! Peut-être que cette étiquette de gauche vient d premier grand maître du Grand orient de France, Louis Philippe Joseph d’Orléans, duc de Chartres, mieux connu sous le nom de Philippe Egalité quelques années plus tard.
Au final, on peut trouver quelques intérêts dans cette histoire de la Franc-maçonnerie française dans la reproduction in extenso de quelques discours comme celui du Chevalier de Ramsay, de 1738. Seul problème, il n’est pas du toute présenté ni mis dans son contexte, et seule la lecture de six pages très denses permettra d’en retirer quelques profits et de relier la maçonnerie à l’esprit du temps qui tendait vers l’émancipation des esprits.
Au bout du compte, le lecteur reste un peu sur sa faim. Sans doute que des maçons pourraient tirer profit de la présentation des litiges et autres confrontations entre rites et obédiences, mais ce n’est pas sur cet ouvrage qu’il faut compter, à défaut d’être initié, pour s’initier sur la Franc-maçonnerie française qui aurait mérité un meilleur traitement.
Bruno Modica