Quel est le point commun entre Zheng He, la morue ou les conteneurs ? La mer ! Cette bande dessinée illustre les grandes étapes de l’exploration, de la conquête puis de l’exploitation des mers par l’humanité depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. En dix-huit chapitres d’inégales longueurs les auteurs empoignent ce thème avec des angles différents.

L’introduction souligne que la mer occupe les deux tiers de la surface de la planète et que, pourtant, on la désigne par le terme Terre. Un rapide tour d’horizon retrace les premiers temps de la planète avant d’entamer un parcours chronologique.

La mer dans l’Antiquité

Plusieurs chapitres éclairent des moments importants autour de la mer. Le livre commence par la pharaonne Hatchepsout qui monta le premier voyage maritime commercial de l’histoire. Néhésy prit la tête d’une flotte composée de cinq navires d’une vingtaine de mètres de long. Le deuxième chapitre décrit la thalassocratie athénienne à travers notamment la puissance des trières. Une autre entrée assez fournie est consacrée aux Vikings et à la question de la découverte de l’Amérique.

Du côté de l’Asie

Le chapitre quatre s’intéresse à Kubilaï Khan et aux Mongols à la conquête du Japon au XIII ème siècle. Il est impossible de vérifier les chiffres de morts lors des affrontements maritimes. Les auteurs s’arrêtent ensuite sur le personnage de Zheng He, l’amiral chinois qui parcourut les mers au XV ème siècle avant les Européens. Il était à la tête de bateaux de 140 mètres de long. Sa tactique était d’inspirer la peur pour ne pas avoir à combattre. Des voyages en Afrique ils en ont rapporté des animaux, des plantes. Avec le changement d’empereur, la Chine décida d’abandonner la mer.

Intermède

Le chapitre 6 est consacré aux mythes et légendes avec Homère ou encore l’Atlantide. Dans toutes les civilisations, les histoires servaient à expliquer les naufrages. En Asie existe la légende du Garuda, le roi des oiseaux. Il vit sur un arbre immense au milieu de la mer. Il est aussi l’emblème de l’Indonésie. 

Les Européens et la mer

Le livre aborde les grands repères comme Tordesillas ou le voyage de Magellan. Il ne faut pas oublier que son aventure est la continuation et l’aboutissement d’un siècle de découvertes et de progrès phénoménaux dans la connaissance du monde. La bande dessinée raconte le parcours compliqué de Magellan avec la rébellion ou encore le scorbut. Le voyage se termine en 1522. Le chapitre suivant se focalise sur le calvaire du Santo Antonio en 1565. On mesure ensuite l’importance de l’argent du Potosi. Pour cette entrée, les auteurs choisissent un cadre chronologique long puisqu’il s’étend de 1546 à 1960. On mesure l’importance de ports comme Séville mais aussi que l’Asie aspirait alors l’argent  par ses différents commerces. Un tiers de l’argent extrait aux Amériques alla en Chine et y resta.

Des entrées originales

La bande dessinée choisit un certain nombre d’entrées originales comme le hareng et la morue du XI ème siècle à nos jours. Le développement de la consommation de poisson pose différents problèmes qui seront réglés progressivement : l’accès à la ressource, la conservation, l’acheminement qui entraineront l’essor économique des littoraux de la mer du Nord ou encore de la Baltique. Des villes comme Lubeck ou Amsterdam bénéficièrent de ces produits. Le chapitre 12 s’intéresse à l’itinéraire d’un navire négrier entre 1749 et 1751. L’entrée suivante retrace le parcours de Jeanne Barret, la première femme à faire le tour du monde au XVIIIème siècle. Pour réussir cela, elle dut se faire passer pour un homme afin de pouvoir embarquer. Moby Dick et l’histoire qu’il a inspirée n’est pas oubliée.

La mer aux XIXe et XXe siècle

Quatre chapitres sont dédiés à cette période. L’un d’eux s’arrête en quelques pages sur l’exemple du canal de Panama. Il souligne les nombreuses difficultés qui émaillèrent sa construction. Il fut finalement inauguré en 1914. L’entrée suivante porte sur le conteneur, instrument essentiel de la mondialisation. La mer représente aujourd’hui plus de 90 % des échanges mondiaux qui s’effectuent sur des navires de plus en plus grands. La mer est aussi le lieu d’exploits scientifiques ou techniques. La conquête des profondeurs intéresse aussi bien les écrivains comme Jules Verne que les scientifiques comme Jacques Piccard. Le dernier chapitre s’interroge sur l’état de la mer entre marées noires et développement du continent de plastique. L’espoir n’est pas oublié à travers les mobilisations de la fondation Tara ou de Paul Watson.

Cette bande dessinée propose donc à la fois des entrées chronologiques et des repères attendus mais aussi des éclairages sous forme d’études de cas autour de la mer.