Marie-Anne Michaux, diplômée du Royal College of Art de London ainsi que de l’Ecole du Louvre, est une spécialiste de la civilisation matérielle de la Renaissance, et plus particulièrement des armureries privées.

Faire le tour de la Renaissance en 198 pages, voilà bien une gageure à laquelle s’attaque l’auteur, dans son ouvrage Histoire de la Renaissance, et qui en demande, au-delà d’une connaissance très fine, une vision globale.

De prime abord, le livre en main, on est surpris. Le parti pris du traitement du sujet, un découpage en 7 chapitres clés, eux mêmes divisés en mots-clés, déroute. Les illustrations sont en noir et blanc, peu abondantes. Chaque chapitre est ouvert par une petite introduction de remise en contexte ainsi qu’une chronologie spécifique aux mots-clés annoncés.
Néanmoins, après cette première impression, et lorsqu’on entre plus longuement dans le corps de l’ouvrage, force est de constater l’immense travail de synthèse et de mise en perspective de la Renaissance, en tant que période charnière mais aussi fondatrice.

La Renaissance est toujours soigneusement contextualisée dans son héritage médiéval et antique. Il est ainsi plus aisé d’en montrer les bouleversements mais toujours dans le prolongement de l’époque précédente longtemps présentée comme celle des temps obscurs. Dans son ouvrage, Marie-Ange Michaux intègre les travaux historiographiques récents, notamment sur la naissance de l’Etat absolu.
Au détour des 7 principaux concepts retenus, un panorama d’ensemble – complet pour une première approche cohérente et pertinente – est brossé.

L’objectif est de dresser un tableau de l’époque. Parfois, on reste un peu sur sa faim. Ainsi dans le thème civilisation, il est fait une part à la vie quotidienne (alimentation, hygiène, éducation..), cependant, rien sur les habitudes vestimentaires ou sur les différenciations entre ruraux et urbains..
De même que le parcours de l’auteur aurait pu nous laisser imaginer un développement et un descriptif détaillés de l’état des Arts au cours de la période : le sujet n’occupe que 7 pages. Tous les domaines sont abordés (arts plastiques, littérature, musique). L’ouvrage n’a pas vocation à fournir les éléments techniques permettant d’apprécier les mutations picturales (rien sur le Quattrocento, peu sur le classicisme italien) ou architecturales de la période, ni même les grands figures des domaines concernés… Cependant, il donne les éléments fondamentaux (chronologie, référence biographique..) sur lesquels s’appuyer pour approfondir en cas de besoin ou d’envie. Autre exemple : le chapitre sur les sciences et techniques à la Renaissance est un très bon point de départ, y compris en trousse de secours pour une leçon d’oral de l’agrégation interne! Les références essentielles sont données dans la chronologie, le sujet est développé en quelques mots clés (dans le chapitre sciences , les mots clés sont alchimie, anatomie, astrologie, chirurgie, médecine).

Au final, c’est un ouvrage de base, essentiel pour une première approche de la question qui permet d’embrasser la période, d’en avoir une vision d’ensemble claire et pertinente. Avec les limites de ses qualités : les spécialistes vont rester largement sur leur faim…Mais ce n’est pas à eux que l’ouvrage s’adresse directement.

A qui peut-on le conseiller? En premier lieu, à toutes les bibliothèques et centres de documentation ! La Renaissance est au programme des collèges et des lycées. Ce petit ouvrage peut servir de point d’appui à de nombreux exposés. C’est certes au lycée qu’il a le plus de sens : l’état d’esprit de cette Histoire de la Renaissance concorde bien avec la vision synthétique et constructrice de sens des 5 thèmes retenus pour le programme d’histoire de seconde. Il peut s’avérer aussi fort utile aux étudiants de premier cycle qui pourront ainsi appréhender changements et continuités de la Renaissance.

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