Alain Roux et Xiaohong Xiao-Planes sont tous deux professeurs des universités émérites à l’INALCO (Institut national des langues et civilisations orientales) et membres associés du centre de recherche sur la Chine moderne et contemporaine de l’EHESS (École des hautes études en sciences sociales). Alain Roux a travaillé en particulier sur le mouvement ouvrier à Shanghai et la société shanghaienne avant 1949. Il est notamment l’auteur d’une biographie de Mao Zedong (Le Singe et le Tigre : Mao, un destin chinois), ainsi que de Jiang Jieshi (Chiang Kaï-Shek. Le grand rival de Mao). Xiaohong Xiao-Planes est, quant à elle, spécialiste de l’histoire sociale et politique de la Chine au XXe siècle. Elle a, entre autres, travaillé sur le rôle des élites au Jiangsu ou sur les politiques maoïstes menées depuis 1949 (avec la publication en 2023 de l’ouvrage  « Révolution socialiste » en Chine : Gouvernance et discordances).

Une première édition du présent ouvrage est parue en 2018. Voici la 2e édition. Cette publication a pour objet de retracer l’évolution de la RPC de sa naissance en 1949 à nos jours. Elle vise à renouveler les manuels d’histoire universitaires en prenant en compte les apports des études et recherches les plus récentes. Le livre est organisé en deux parties, totalisant 14 chapitres :

Par rapport à la première édition, un chapitre supplémentaire (le 14e) couvre la période 2018-2023.

La Chine de Mao (1949-1976)

Une introduction précise les défis qui attendent les nouveaux dirigeants de la Chine populaire en octobre 1949 : rattraper le retard du pays, construire un Etat moderne, retrouver une place comme grande puissance.

Les auteurs montrent qu’on ne peut pas parler de révolution prolétarienne en 1949 ni de révolution paysanne. Simplement, le Guomindang avait perdu la confiance de la société, au-delà de sa défaite militaire.

L’ouvrage souligne les caractéristiques du nouveau pouvoir, avec une confusion Parti-Etat à tous les niveaux. Une structure pyramidale du parti double tous les rouages administratifs, judiciaires et militaires, en généralisant le cumul des fonctions des responsables dans la hiérarchie politique et dans l’appareil d’Etat et l’APL (Armée populaire de libération). Le PCC (parti communiste chinois)  est dirigé par un comité permanent du bureau politique dominé par Mao Zedong. Sur la base des lois du marxisme-léninisme adaptées à la réalité chinoise, la pensée de Mao (maozedong sīxiăng) est l’« arme magique » qui doit résoudre tous les problèmes.

La période de 1949 à 1953 est celle de la « Nouvelle Démocratie », étape qui doit permettre d’abattre les forces écrasant le peuple chinois (impérialisme, féodalisme, capitalisme démocratique), avant le passage au socialisme.

Les auteurs soulignent l’importance des lois de 1950 (loi sur le mariage, loi agraire), qui constituent un véritable « séisme social », accompagnées de nombreuses violences.

En 1952, on envisage encore de ne pas amorcer la transition (guòdù) de la société néo-démocratique vers le socialisme avant au moins 1960, mais Mao Zedong veut accélérer le processus. La ligne générale de transition vers le socialisme est formulée en juin 1953 : « réaliser pour l’essentiel et pour une période de 10 à 15 ans ou plus l’industrialisation socialiste et la transformation socialiste de l’agriculture, de l’artisanat, de l’industrie et du commerce capitalistes ». Les années 1953-1956 sont une marche vers le socialisme, avec la transformation des structures sociales et économiques du pays, en suivant le modèle soviétique. Le Premier Plan quinquennal (1953-1957) donne la priorité à l’industrie lourde. L’ouvrage montre un Mao Zedong choisissant délibérément de faire payer aux paysans le prix de l’industrialisation.

Plusieurs développements soulignent à quel point le Parti et l’armée sont les deux piliers du régime chinois. Le régime communiste s’attache, dès sa fondation, à « idéologiser » la société. L’ouvrage montre une collectivisation par à-coups, avec des processus de ralentissements et d’accélérations.

Le XXe Congrès du PCUS (Parti communiste de l’Union soviétique), en février 1956, voit amorcer par Khrouchtchev la politique de déstalinisation. Dans un premier temps, le PCC est favorable à la déstalinisation avant d’effectuer un revirement lors du soulèvement de Budapest d’octobre 1956. Si la RPC et l’URSS restent en bons termes lors de ce mouvement de déstalinisation, les différends vont commencer à se manifester dans divers domaines.

Plusieurs pages sont consacrées au mouvement des Cent Fleurs (à partir de mai 1956), qui aboutit à une campagne anti-droitière : dès la mi-mai 1957, Mao Zedong perçoit dans les critiques exprimées les signes d’une lutte des classes visant à renverser le système socialiste et la direction du PCC. Au total, le mouvement antidroitier consécutif aux Cent Fleurs, qui ne prend vraiment fin qu’à l’été 1958, suscite plus d’un million de victimes, des arrestations, des envois en camps de travail…

Les années 1958-1961 sont celles de « l’utopie au pouvoir », avec le lancement du Grand Bond en avant. Tout le chapitre 4 y est consacré. A l’origine du Grand Bond en avant (décision de mai 1958), il y a l’ambition de rattraper la Grande-Bretagne en moins de 15 ans, puis en deux ou trois ans seulement. Le Grand Bond en avant voit simultanément la création des communes populaires (regroupement de coopératives agricoles dans de vastes ensembles de plusieurs milliers de foyers), la militarisation de l’économie, la bataille de l’acier (dont 90% est de si mauvaise qualité qu’il ne peut être laminé), des récoltes catastrophiques (recul des surfaces ensemencées, pertes de récoltes) et surtout la famine. Sur ce dernier point, sans en masquer l’importance, les auteurs, à la différence de l’historien néerlandais Frank Dikötter (La famine de Mao) appellent à une « analyse plus contextualisée » dans un pays où la famine rôde en permanence. Il reste que les décisions prises par Mao lors de la réunion de Lushan en juillet-août 1959 de mener une nouvelle campagne anti-droitière conduit à tripler le nombre des victimes (36 millions).

Les relations sino-soviétiques se dégradent fortement depuis le Grand Bond en avant. On n’en rappellera pas les différentes étapes, bien connues. La dernière rencontre entre dirigeants du PCC et du PCUS à Moscou en juillet 1963 est un fiasco. Le renversement de Khrouchtchev en octobre 1964 ne change rien à cette évolution des rapports sino-soviétiques.

La Révolution culturelle (1966-1976) est traitée par les chapitres 6 et 7, deux phases pouvant être distinguées : la première, du printemps 1966 au printemps 1969 ; la seconde de 1969 à 1976 (la fin de la Révolution culturelle coïncide avec la mort de Mao et l’arrestation de la Bande des Quatre, à l’automne de 1976).

Les auteurs définissent la Révolution culturelle comme une « œuvre liée à la volonté de Mao de bouleverser l’ordre établi et d’éliminer des adversaires politiques en recourant, non pas à une simple purge interne de l’appareil, mais à une gigantesque mobilisation de masse de la population » (p.129). A l’origine, il y a la volonté, dans la municipalité de Pékin et dans l’université de Pékin (Beida) d’« extirper les ennemis cachés », de démasquer les nids de réactionnaires. La création et l’essor des gardes rouges (organisations créées initialement dans des lycées de la banlieue ouest de Pékin), à partir d’août 1966, font déborder la Révolution culturelle des campus à la rue, grâce à l’appui de Mao. A partir de l’automne de 1966, la Révolution culturelle passe des sphères éducative et culturelle à celle du politique. L’armée est de plus en plus touchée, puis la Révolution culturelle s’étend dans les usines et à la campagne. Citons des épisodes comme la prise de pouvoir à Shanghai en janvier 1967 par des fonctionnaires rebelles (la « tempête de janvier » de Shanghai) ou encore le mouvement des jeunes instruits à la campagne (décembre 1968) : les jeunes instruits doivent partir vivre à la campagne pour être éduqués par les paysans pauvres et moyens pauvres.

Le Xe Congrès du PCC (août 1973) met en lumière les contradictions d’un Mao « partagé entre le désir d’assurer la pérennité de l’idéologie révolutionnaire, la gouvernabilité du pays et le renouvellement générationnel du pouvoir » (p.168).

Les années 1974-1976 sont ambiguës et contradictoires. En juin 1974, Zhou Enlai, atteint d’un cancer, est hospitalisé (il meurt en janvier 1976). Deng Xiaoping le remplace dans l’ensemble des rouages du parti-Etat. L’attitude de Mao est ambigüe, comme souvent : il ne veut pas de débarrasser définitivement des radicaux qui ont largement contribué à la Révolution culturelle, mais il semble toutefois privilégier l’unité et la stabilité. Cette recherche de stabilité se traduit par la politique de « rajustement global » (quánmiàn zhěngdùn) de Deng Xiaoping, dans les secteurs de l’industrie et des transports, puis dans l’APL. La Bande des Quatre parvient à faire relever Deng de ses fonctions (sauf aux Affaires étrangères).

La partie I s’achève avec l’interrègne de Hua Guofeng (successeur désigné) après la mort de Mao le 9 septembre 1976 et par l’arrestation de la bande des Quatre le 6 octobre 1976. Cette arrestation « met ainsi un terme à une décennie catastrophique de l’aventure maoïste » (p.177).

De Deng Xiaoping à xi Jinping. Heurts et malheurs de la réforme (1976-2023)

Les auteurs de l’ouvrage font le bilan des années Mao, la « première RPC » (Jean-Luc Domenach). Ils soulignent que malgré les cuisants échecs de la politique suivie de 1949 à 1976, il y a aussi « une part non négligeable de succès sans lesquels on ne peut comprendre la rapidité et l’efficacité de la réforme qui suivit » (p.180).

L’interrègne de Hua Guofeng, qu’on peut qualifier de néo-maoïste (il est le représentant des bénéficiaires de la Révolution culturelle) dure jusqu’en 1978. Progressivement, à mesure que Deng retrouve ses fonctions, le pouvoir de Hua décline. Le tournant décisif de la défaite de Hua Guofeng est le 3e plénum du XIe Congrès du PCC (décembre 1978), Hua Guofeng et les maoïstes ne parvenant plus à contenir la contestation politique et sociale. Ce Congrès consacre la victoire politique de Deng Xiaoping, même s’il n’est pas promu officiellement n°1.

Les auteurs rappellent opportunément que Deng Xiaoping n’a rien d’un démocrate mais qu’il a utilisé à son profit le mouvement démocratique pour vaincre ses adversaires. Il faut trois ans à Deng pour confirmer son succès, lors du XIIe Congrès du PCC (septembre 1982).

En ce qui concerne la politique étrangère, les auteurs rappellent que le changement de cap a été décidé par Mao dès 1969, puis accéléré par la normalisation des relations entre la Chine et les USA à partir de 1972. Répondant à la visite en Chine du président Ford en 1975, Deng Xiaoping est reçu aux USA en chef d’Etat en février 1979, un mois après une visite officielle au Japon.

En 1979, la RPC crée des zones économiques spéciales (ZES). Ces territoires off-shore (devenus des zones franches) accueillent des entreprises étrangères dont les productions doivent être réexportées.

Le procès de Jiang Qing et de la Bande des Quatre en janvier 1981 joue un rôle décisif dans la liquidation totale de la Révolution culturelle et de son personnel.

Lors de la réunion du 6e plénum du 11e Congrès du PCC (juin 1981) se pose la question de savoir comment assurer la victoire des pragmatiques écartés du pouvoir par Mao Zedong durant la Révolution culturelle, tout en préservant l’autorité du même Mao Zedong sur laquelle repose la légitimité du régime. Le tour de passe-passe consiste alors à distinguer entre un Mao incarné dans un personnage capable de commettre des erreurs et sa « pensée » (sīxiăng) qui, au contraire, demeure un guide infaillible pour le Parti. Les limites de la démaoïsation sont ainsi fixées.

La décennie de 1978-1988 est celle de la première phase de la réforme et de l’ouverture de l’ère post-maoïste. Au début, la réforme ne dispose ni d’une base théorique ni d’un plan clairement définis. La nouvelle politique agricole consiste surtout à relever les prix agricoles et à diminuer les contrôles, tout en préservant la collectivisation. Une augmentation de l’autonomie des entreprises est instituée : sans changer la nature fondamentale de l’économie socialiste planifiée, on y injecte des éléments de l’économie de marché. En octobre 1984, la « Résolution sur la réforme du système économique » va plus loin en prônant un système mixte dans lequel coexistent le plan et le marché.

La Chine obtient en 1980 un siège au sein de la Banque Mondiale et du FMI, ce qui lui ouvre d’importantes possibilités de crédits. L’introduction des capitaux étrangers est de plus en plus liée aux projets d’assimilation des technologies de fabrication industrielle. Le gouvernement chinois découvre la formule de joint-venture sino-étrangère qui permet de partager les risques d’exploitation tout en se dispensant du remboursement de crédits et d’intérêts.

L’échec du modèle de développement socialiste, la conscience du retard chinois sur le monde extérieur, la proximité d’un Hong Kong en pleine prospérité, la réussite économique des « petits dragons asiatiques » expliquent la détermination des dirigeants à marquer une rupture décisive avec le modèle maoïste d’autarcie et à aller plus loin dans la politique d’ouverture. La création en 1980 de quatre zones économiques spéciales (ZES) (Shenzhen, Zhuhai, Shantou et Xiamen) témoigne de cette volonté, puisqu’elle implique l’autorisation accordée aux étrangers de créer des usines sur le territoire chinois.

Les années 1980 sont cependant marquées par les oscillations entre d’une part la réforme et l’ouverture économique et d’autre part, des tentatives d’endiguement des influences étrangères (idéologie, libertés politiques).

Les années 1985-1991 sont des années de turbulences. La réforme de Deng Xiaoping est confrontée à partir de 1985 à ses premières difficultés avant de déboucher en 1989 sur la crise dramatique culminant le 4 juin par la tragédie de Tian’anmen. Les auteurs consacrent de nombreuses pages aux événements de Tian’anmen (p.241-250). Ils montrent bien comment, en l’espace de quinze jours, on passe d’une crise politique ordinaire à un phénomène qui menace la survie du régime.

Les années 1992 à 2002 sont celles de la voie de l’« économie socialiste de marché ».

Deng Xiaoping veut montrer la volonté de la RPC à maintenir l’ouverture, en mettant en place quelques grands projets. Dans ce contexte naît le projet de création de la zone économique de Pudong, à Shanghai, projet phare de développement des années 1990.

Le XIVe Congrès du PCC (octobre 1992) consacre le triomphe de la ligne de Deng Xiaoping en inscrivant au programme du parti les objectifs de la « construction d’un socialisme à caractère chinois » et de l’« économie socialiste de marché ».

Entre 1992 et 1994, la RPC connaît un nouveau boom économique, avec un taux de croissance annuel moyen de plus de 12%. Toutefois, il s’ensuit une surchauffe économique, une inflation élevée, un désordre du marché financier. D’où des dispositions drastiques de régulation macro-économique. En novembre 1993, le 3e plénum du Comité central décide de « faire du marché un facteur fondamental de l’utilisation des ressources sous le macro-contrôle de l’Etat ».

Plusieurs réformes sont alors menées : réforme fiscale (1994), réforme du système financier (transformation de la Banque populaire de Chine en une véritable banque centrale, transformation des grandes banques d’Etat en banques commerciales…), réforme du taux de change des devises. Combinée aux autres réformes effectuées dans le secteur du commerce extérieur, cette réforme de la gestion des devises permet de fournir les outils nécessaires à l’expansion rapide des exportations de produits made in China. Une réforme des entreprises d’Etat est également menée à partir de 1994 : l’Etat se désengage progressivement du capital du secteur public pour ne garder une position dominante que dans un nombre limité de secteurs stratégiques (tout en gardant son monopole des ressources naturelles ou de la haute technologie).

Entre 1992 et 1998, Deng Xiaoping et la plupart des autres gérontes disparaissent progressivement. Le XVe Congrès du PCC (septembre 1997) est un triomphe pour Jiang Zemin. Il appartient à la première génération de hauts dirigeants à exercer le pouvoir sans la tutelle omniprésente des vétérans révolutionnaires.

A partir de 1998, les exportations chinoises subissent les conséquences de la crise financière « asiatique » de 1997. Le gouvernement chinois sort le pays de la récession par une intervention active de l’Etat. De 1998 à 2003, la politique keynésienne de Zhu Rongji assure à la Chine une croissance moyenne annuelle du PIB entre 7 et 8%, avec un taux d’inflation en dessous de 3%, et sans dévaluation.

La RPC est admise à l’OMC le 11 décembre 2001.

La quatrième génération des dirigeants du parti accède au pouvoir en 2003, avec Hu Jintao.

La crise mondiale de 2008, à la différence de la crise asiatique de 1997, affecte sérieusement la Chine qui connaît une montée des tensions sociales. Le lieu de tension le plus visible est le monde rural. La misère paysanne entraîne la multiplication des émeutes, surtout antifiscales, dans les bourgs. Par ailleurs, la mise en faillite de nombreuses entreprises d’Etat devenues responsables de leur gestion et les coupes sombres dans leurs effectifs auxquelles elles avaient dû recourir pour sortir du rouge entraînent le développement du chômage et donc des grèves, des occupations d’usines, des pétitions. La crise de 2008 remet en question le modèle de croissance chinois.

Xi Jinping devient secrétaire général du PCC lors du XVIIIe Congrès (novembre 2012) et est élu président de la République lors de la session de mars 2013 de l’ANP (assemblée nationale populaire). Le XIXe Congrès traduit en octobre 2017 la nouvelle puissance de Xi Jinping. Ce qui retient l’attention est l’absence de membres de la sixième génération susceptibles de remplacer à la tête du parti et de l’Etat le tandem Xi Jinping-Li Keqiang. D’ailleurs, en mars 2018 l’article (de 1982) de la constitution limitant à deux le nombre de mandats d’un président de la République est abrogé. Xi Jinping a donc depuis la possibilité de cumuler aussi longtemps qu’il le veut les postes de président de la République, de secrétaire général du CC du PCC et de président de la Commission Militaire Centrale.

L’ambition de Xi Jinping est de réaliser le « rêve chinois », présenté comme une alternative aux valeurs occidentales.

Réaliser ce rêve suppose un parti communiste discipliné et débarrassé de ses brebis galeuses, ainsi que la poursuite de la croissance d’une économie s’efforçant de réduire considérablement sa dépendance aux techniques étrangères, dans le cadre d’un régime communiste qui n’a pas répudié son idéologie étatiste. Une troisième condition du rêve chinois est de surmonter des handicaps structurels tels que : les médiocres performances de l’agriculture, l’endettement (avec de nombreuses bulles financières), la pollution (forte dépendance envers des énergies fossiles extrêmement polluantes), l’aggravation des inégalités dans une Chine devenue duale avec une montée spectaculaire des conflits sociaux (10% des Chinois les plus riches disposent de 41% du revenu national). La quatrième condition de réalisation du « rêve chinois » est l’« union multi-ethnique » (Xinjiang, Tibet, Hong Kong, Taïwan).

L’ambition de la RPC à sécuriser son environnement et ses routes d’approvisionnement en énergie et en matières premières prend, en 2013, la forme du grandiose projet de « nouvelles routes de la soie » (plan OBOR : One Belt, One Road – One Road : voie ferrée de 11000 km pour son tronc centra l; One Belt : route maritime).

Le nouveau chapitre 14 (qui couvre la période 2018-2023) est intitulé « Le temps des choix décisifs ».

Le programme pour la période 2020-2035 est d’atteindre un PIB par habitant équivalent à celui d’un pays de revenu moyennement élevé (soit 12000 dollars par an). Xi Jinping compte s’appuyer pour y parvenir sur une stratégie de développement qui consiste à passer de l’ancien mode de croissance, fondé sur le commerce extérieur et les investissements, à un nouveau mode de croissance tiré vers le haut par la technologie, l’amélioration de l’environnement et la croissance intérieure.

Le pouvoir semble avoir pleinement conscience de la nécessité de corriger les maux entraînés par le modèle de développement suivi jusque-là, notamment la disparité ville-campagne et les inégalités sociales criantes qui rongent la société chinoise, sans oublier le problème récurrent posé par l’indiscipline des gouvernements locaux.

Xi Jinping exerce son contrôle sur tous les rouages du parti-Etat. Depuis la mort de Mao, jamais un haut dirigeant du PCC (et même du monde) n’a concentré autant de pouvoir dans ses mains. Réussira-t-il à relever les défis auxquels la RPC fait face ?