J’ai déjà eu l’occasion de dire tout le bien que je pense sur nos pages FB de L’Histoire de France d’Alésia à nos jours en 130 dates. Voilà qu’aujourd’hui, notre collègue Arnaud Pautet, professeur en CPGE à Lyon, récidive avec un ouvrage encore plus ambitieux puisqu’il brosse l’histoire du …monde contemporain en 120 dates !

Évidemment, avec un format aussi contraint, on ne s’étonnera pas de certains manques. La préface de l’ouvrage, rédigée par Maurice Vaïsse, professeur à Sciences Po Paris, en recense d’ailleurs quelques uns. Par exemple, on ne trouvera ni d’entrée sur Le Capital de Marx, ni sur la période précédant 1806, pourtant incluse dans le bornage classique de l’époque contemporaine. On trouvera également assez peu de pages sur l’histoire sociale et culturelle. Quant à l’histoire économique, elle est surtout focalisée sur les crises. Mais comment s’en étonner dans un ouvrage qui privilégie une approche par la date ?

Toutefois, ces quelques faiblesses ne suffisent pas à nous détourner de la lecture. Les qualités observées dépassent nettement les défauts cités plus hauts.

Premièrement, ce livre est très simple d’utilisation. À chaque double-page, un fait, d’abord résumé à gauche en trois axes développés puis illustré à droite par une carte, un schéma, une citation commentée, une petite notice biographique, etc. Les cartes sont globalement très intéressantes et très bien choisies. Hormis le plan assez peu exploitable des installations de l’exposition colombienne à Chicago en 1893, tous les documents sont pourvus de légendes consistantes. Plusieurs cartes ont d’ailleurs été reprises du magazine L’Histoire, de Diploweb ou encore des Atlas Autrement.

Ensuite, ce livre joue le jeu de l’histoire mondiale : l’Europe est là, les États-Unis aussi mais il n’y a pas qu’eux. L’Asie, l’Afrique et le Moyen-Orient sont bien représentés. La Nouvelle-Zélande a droit à une entrée pour avoir été la première nation à accorder le droit de vote aux femmes en 1893. Encore une fois, un esprit chagrin pourrait déplorer la moindre représentation de l’Amérique latine mais franchement, tout cela reste équilibré et cohérent. Les annexes fournissent quelques listes précieuses comme le nom des différents secrétaires généraux de l’ONU depuis 1945, les noms des différents dirigeants français, russes et américains ou encore la liste des grands personnages de l’Union européenne.

Enfin, ce livre respire le sérieux et la sobriété. Il ne tombe ni dans les simplifications réductrices, ni dans le jargon inaccessible. Le style est concis sans être sec. Habituellement, ce genre de livres a tendance à faire dans le journalistique avec des formules accrocheuses. Ce n’est pas le cas ici. La bibliographie donnée en fin d’ouvrage surprend agréablement pas sa modestie : nul doute que l’auteur a réellement utilisé les titres mentionnés, tous récents et tous fort pratiques d’ailleurs. J’apprécie quand la bibliographie ne sert pas de prétexte à un catalogue interminable de livres.

À mes yeux, ce livre est un authentique exemple de ce qu’est une bonne vulgarisation scientifique, solide sur le fond et claire sur la forme. Il satisfera les professeurs en activité mais aussi le grand public soucieux de parfaire sa culture générale. Il me semble particulièrement indiqué pour les étudiants et même pour les lycéens qui se préparent à des études d’Histoire, aux IEP ou aux CPGE ECS et littéraires. En effet, la structure systématiquement ternaire des explications données est un excellent moyen de se familiariser avec les plans de dissertation, exercice réduit à une « composition » dans le Secondaire et difficilement enseigné à l’université. Tous les ans, beaucoup de candidats très valeureux échouent au Capes ou à l’agrégation faute de maîtrise technique de l’exercice. Ces étudiants trouveront, en plus bien entendu de la lecture des ouvrages de méthodologie, une sorte de recueil clé-en-main de grands axes possibles pour des sujets-événements.