Cet ouvrage a pour but de faire connaître au plus grand nombre l’Histoire du Portugal, l’un des pays les plus anciens d’Europe. Il est connu pour ses Découvertes, initiateur de la première mondialisation.

Ayant la précédente édition de cet ouvrage, la cinquième datant d’avril 2018 pour être plus précise, j’ai pu comparer aisément ces deux dernières éditions. C’est d’abord Albert-Alain Bourdon qui s’est chargé d’écrire l’Histoire de ce pays, puis il a été rejoint pour cette dernière édition par Yves Léonard, spécialiste de l’histoire contemporaine du Portugal. C’est lui-même qui a actualisé et refondu l’édition de 1994.

 

L’apport de cartes en couleurs est un grand avantage pour aider le lecteur à visualiser les possession territoriales des comtes, des rois du Portugal et d’Espagne ; car sinon cela reste assez flou si on ne sait pas où se trouve la Castille par exemple et de ce fait nous ne comprenons pas très bien les enjeux des couronnes. Mais surtout, visualiser la répartition du territoire ibérique du temps des Romains, Wisigoths, Maures…. est très important. Et au-delà de la simple information, il faut souligner le fait que cela soit confortable et agréable de s’appuyer sur une carte et de se détacher quelques instants du texte.

Outre l’apport des couleurs dans cette nouvelle édition, le texte est très agréable à lire : l’écriture n’est ni trop grande ni trop petite, les paragraphes sont aérés, le vocabulaire portugais ou espagnol écrit en italique… Bref, rien à redire. L’auteur a une plume facile d’accès, c’est-à-dire qu’il s’adresse aussi bien au lecteur novice qu’au lecteur érudit. Qu’on connaisse ou non l’histoire du Portugal, la lecture n’est pas difficile et, je le souligne à nouveau, est agréable car on ne se prend pas la tête à essayer de comprendre ce que veux dire l’auteur en utilisant des mots compliqués qui n’arrangent personne.

Les notes de bas de page sont d’ailleurs ponctuelles (du fait que tout soit déjà suffisamment clair pour le lecteur), elles permettent d’éclairer certains points mais d’autres fois d’apporter des précisions.

 

L’Histoire du Portugal commence par l’étude de son territoire, « le berceau » comme le disent les auteurs. Nous passons rapidement aux civilisations de la préhistoire du pays pour ensuite s’intéresser à la conquête Romaine, aux invasions germaniques, à la conquête arabe puis à la « reconquête » et la formation de l’espace national au sein de laquelle nous apprenons l’organisation sociale. S’en suit l’étude des différentes dynasties et leurs crises, les grandes découvertes, les politiques intérieure et extérieure…. Enfin, nous arrivons au XIXe siècle avec les guerres civiles entre conservateurs et libéraux, les guerres napoléoniennes, l’indépendance du Brésil, les différentes révolutions…. Pour nous amener au XXe siècle et ses chamboulements : ce siècle commence par la République parlementaire qui se met en place suite au renversement de la monarchie (assassinat du roi Carlos Ier et de l’un de ses fils puis révolution pour contraindre Manuel II à abdiquer), mise en place de la dictature de Sidonio Pais, le retour à la République puis la mise en place de l’Etat Nouveau de Salazar qui avait pour ambition de placer la nation au-dessus des intérêts particuliers. Comme le disent justement les auteurs « ce nationalisme n’était ni belliqueux ni expansionniste. Prudent sur la scène internationale, Salazar entendait restaurer à moindres frais la grandeur du pays symbolisée par la préservation et la mise en lumière d’un vaste empire colonial ». Un vaste empire dont nous avons pu découvrir au fil des pages l’ascension. Dans les années 1950, le Portugal est membre fondateur de l’OTAN et rejoint l’ONU en 1955, adhère en 1959 à l’Association européenne de libre-échange. Modestement, le Portugal a toujours été présent sur la scène internationale. C’est au cours de cette période que l’émigration commença de façon plus massive vers les autres pays européen. C’est au recensement de 1970 que le scandale éclata : la population du pays a diminué en 10 ans, cas unique en Europe depuis la famine irlandaise des années 1840. Au sein du pays, comme dans d’autres en Europe, la population rurale décline tandis que le nombre de citadins augmente. A l’extérieur, dans ses colonies africaines, la révolte commence au début des années 1960 pour aboutir plus de 10 ans après, à la révolution des oeillets sur le Portugal continental. Le récit est bien mené, et il serait difficile de vous le résumer dans les grandes lignes tellement plusieurs aspects aussi bien internes qu’externes au pays ont eu des conséquences sur ce changement de régime. Suite à cet événement, une réorganisation politique interne s’impose et cela passe par une nouvelle constitution, qui sera plusieurs fois révisée au cours des années 1980 et 1990. Le dernier chapitre porte sur le « Portugal aujourd’hui » où les auteurs expliquent qu’après avoir souffert de l’austérité du début du XXIe siècle, les portugais retrouvent l’espoir avec des résultats économiques qui suscitent intérêt et admiration de la part des voisins européens ; du tourisme grandissant ces dernières années… Ce dernier chapitre porte davantage sur la politique interne du pays avec ses partis, son économie, et sur le questionnement d’un modèle portugais.

En fin d’ouvrage, une chronologie nous permet de nous situer rapidement sans revenir à la lecture de plusieurs pages ainsi qu’un index. Puis vient la bibliographie qui nous permettra d’approfondir n’importe quelle période de l’Histoire du Portugal.