L’histoire de l’Espagne comme source d’inspiration
Comme c’est le cas en France, l’Histoire est devenue une source d’inspiration pour la bande déssinée espagnole. Compte tenu de son importance pour comprendre l’Espagne contemporaine, la dictature franquiste occupe une place de choix dans la production graphique espagnole à caractère historique, avec quelques belles résussites que les Clionautes ont déjà eu l’occasion de souligner.
Esclavos de Franco
El abismo del olvido – L’abîme de l’oubli
Exil, agonie et mort du président Azaña
Plomo y Gualda – Entierro mexicano de Azaña en Francia (Plomb et jaune d’or – Enterrement mexicain d’Azaña en France) a pour thème l’exil, l’agonie et la mort à Montauban du dernier président de la seconde République espagnole Manuel Azaña, en novembre 1940. Si l’histoire des centaines de millers de républicains espagnols qui ont franchi la frontière des Pyrénées en février 1939 pour trouver refuge en France, à la fin de la guerre civile, est relativement bien connue, celle de Manuel Azaña l’est moins. Elle mérite pourtant d’être contée et c’est à cette tâche que se sont attelés les deux auteurs, Juanete pour le texte et Manuel Granell pour les dessins.
Le récit de Juanete, qui prend appui sur un certain nombre de sources historiques solides citées en fin d’ouvrage, reconstitue la fin de vie du président Manuel Azaña, du moment où il passe la frontière des Pyrénées pour se réfugier en France en février 1939 jusqu’à sa mort et son inhumation à Montauban, au début du mois de novembre 1940.
Dans la première partie, le destin d’exilé d’Azaña se confond (pas tout à fait…) avec celui des centaines de milliers d’Espagnols des deux sexes et de tous âges qui fuient leur pays dans des conditions catastrophiques pour tenter de trouver refuge en terre républicaine française. Le début de la guerre et la débâcle française de juin 1940 sont évoqués en quelques pages, afin de situer le récit dans le contexte global de la seconde guerre mondiale. En effet, l’occupation d’une partie de la France par les Allemands et la mise en place du régime collaborateur de Vichy rebattent les cartes et font peser sur les exilés de nouvelles menaces.
Un héros mexicain…
La deuxième partie, de notre point de vue la plus intéressante et la plus réussie, retrace les péripéties pour protéger l’ex-président de la République espagnole de la vindicte du dictateur Franco. Car si Azaña est le personnage central de cette histoire, Luis Ignacio Rodríguez, l’envoyé spécial en France du président du Mexique Lázaro Cardenas, en est le véritable héros!
Homme d’action et de convictions, Luis Ignacio Rodríguez se dépense sans compter pour mettre à l’abri Azaña des sbires de Franco qui le poursuivent. C’est donc en grande partie grâce à Luis Ignacio Rodríguez si le dernier président de la République espagnole a pu mourir entouré des siens et reposer en paix dans le cimetière de Montauban.
Une leçon d’histoire
Plomo y Gualda – Entierro mexicano de Azaña en Francia est donc une B.D dont je conseille la lecture à ceux qui s’intéressent à l’histoire de l’Espagne franquiste. Elle met en lumière, à travers la fin tragique du président Azaña, le caractère criminel et impitoyable du régime de Franco, poursuivant les vaincus de la guerre civile jusque dans leur exil.
Cet ouvrage est aussi un bel hommage rendu à la figure de Luis Ignacio Rodríguez, et à travers lui à la politique d’accueil du Mexique ; un bel exemple en somme de ce que peuvent faire les hommes de bonne volonté en temps de guerre.