L’ouvrage est construit autour de trois points : faire l’état des lieux sur la place du numérique dans nos disciplines, accompagner les enseignants pour faire travailler des compétences aux élèves et proposer des démarches variées grâce au numérique. Le but n’est donc pas de former à l’informatique mais bien de réfléchir en terme pédagogique. En même temps, il est de plus en plus évident que les outils numériques ne sont plus une option mais qu’ils doivent être intégrés aux pratiques quotidiennes. L’accès au savoir a été bouleversé et on doit en tenir compte. L’ouvrage comprend en outre un glossaire et le renvoi vers d’autres publications de Canopé.

Enseigner avec les ressources numériques

Comme la vocation de l’école est d’aider les élèves à s’insérer dans le monde, il y a forcément usage du numérique. Les auteurs s’appuient sur le texte de refondation de l’école de 2013. Il faut surtout éviter de faire du numérique mais bien l’intégrer aux pratiques. Ce n’est pas une fin en soi. Une autre idée phare est que les élèves ont besoin d’être accompagnés. Les auteurs proposent de relier numérique et compétences du socle. De façon plus globale l’enseignant doit tenir compte de la réalité qui est celle d’une société de l’information. Il est nécessaire que la posture de l’enseignant évolue et qu’il devienne, même si cela froisse certains, un médiateur entre le savoir et les élèves et entre les élèves entre eux. Les auteurs évoquent ensuite brièvement deux sites incontournables, à savoir le portail national et Eduthèque. Plus concret encore, un balayage du programme de collège en histoire géographie sous forme de sitographie avec mentions pour chaque question de deux ou trois adresses essentielles.

Les compétences en histoire-géographie et le numérique : scénarios pédagogiques

C’est le cœur de l’ouvrage car cette partie représente environ 120 pages. Elle est déclinée selon les compétences, brièvement présentées en début de sous partie, et elle se consacre d’abord à la compétence « s’informer dans le monde du numérique ». Chacune des compétences est ensuite présentée avec de nombreux exemples. Pour chacun un niveau et une durée sont précisés puis une présentation classique mais claire autour des compétences, du rappel de point de programme, des objectifs et de la mise en activité et ou de production des élèves qui correspond donc à l’exemple concret et à la fin un bilan et une ouverture. L’ouvrage comprend de nombreux exemples de travaux d’élèves, ce qui constitue une vraie valeur ajoutée. Les auteurs proposent par exemple un travail intéressant de décryptage d’un reportage autour du thème « mers et océans ». Parmi les questions brûlantes se trouve une séquence intitulée  «  un monde de migrants » qui s’appuie notamment sur google docs mais qui invite surtout à déconstruire certains stéréotypes et à s’engager dans une démarche de vérification de l’information. Cela pourra se poursuivre avec le fait d’apprendre aux élèves à retrouver la provenance d’une image. On se situe là dans une démarche d’enquête très mobilisatrice pour les élèves. On aura néanmoins besoin de pratiquer parfois un détour car l’ouvrage conseille notamment padlet mais ce site n’offre plus aujourd’hui que trois réalisations gratuites. L’ouvrage évoque de même quelques pages plus loin titanpad pour lequel les auteurs précisent quelques pages plus loin qu’il va être fermé mais on leur sait gré de proposer deux alternatives.

Coopérer et mutualiser 

Les auteurs proposent une rapide clarification de termes comme mutualisation, coopération, collaboration. L’atout de cette sous partie est de proposer des exemples d’ampleur différente ce qui peut permettre à chaque enseignant de tenter s’il ne l’a jamais fait. On peut ajouter ensuite la réalisation de dessins par les élèves qui seront intégrés à un mur collaboratif. Des idées intéressantes sont montrées mais, lorsque l’on voit l’activité sur « analyser les processus d’extermination nazis », l’enseignant doit garder à l’esprit qu’il lui faudra un ordinateur ou une tablette par élève ainsi qu’une connexion internet pour consulter le padlet de ressources. Sans verser dans le technicisme comme annoncé en introduction, l’ouvrage propose tout de même quelques fiches pratiques pour s’emparer d’outils comme uMap. Bénéfique également la mention de la suite framasoft qui se pose comme une alternative à Google.

Pratiquer différents langages en histoire géographie.

C’est là un autre point essentiel à travailler avec les élèves. Les auteurs proposent par exemple d’observer un espace avec Google earth et notamment un espace soumis aux risques ou un espace productif industriel comme la zone industrielle d’Issoire. Les auteurs présentent ensuite la possibilité d’apprendre avec le jeu numérique après une utile mise au point sur les serious game, du lien avec l’éducation aux médias et à l’information ainsi que le signalement de quelques ressources. Une fiche est spécifiquement consacrée au jeu « des territoires, une voie  qui invite à réfléchir sur les choix et décisions à prendre dans le cadre d’un aménagement d’une ligne TGV. L’ouvrage évoque également la possibilité d’utiliser des frises chronologiques.

Troisième partie : des démarches d’apprentissage avec le numérique

Quatre sous-parties sont proposées dont une réflexion sur l’articulation des temps d’apprentissage avec un exemple  de classe inversée à travers le chapitre sur la Révolution et l’Empire. La fiche propose un déroulé très clair avec dix temps clairement identifiés. Cela prend donc appui sur le fait que les élèves regardent des vidéos. Les auteurs n’oublient pas les éventuels risques d’une telle méthode comme le risque de sous-traiter le cours en dehors de la classe. Le livre explique ensuite comment pratiquer la différenciation pédagogique. Elle peut se faire par les contenus et par les productions d’élèves, par la structuration du travail en classe ou par les processus d’apprentissage. Les auteurs développent le cas d’une pédagogie différenciée avec l’étude d’un évènement historique comme la bataille de Bouvines. On soulignera aussi l’intérêt de la partie sur l’évaluation lorsqu’elle envisage celle-ci comme « moyen de coopérer et d’apprendre ».

C’est donc un ouvrage équilibré et complet qui s’appuie sur les outils numériques et des activités proposées par huit enseignants formateurs en académie.

© Jean-Pierre Costille pour les Clionautes.