La présentation du concours précise donc qu’il faut désormais s’y inscrire, Master 1 en poche, puis le réussir (épreuves écrites et orales) tout en décrochant son Master 2, véritable année marathon, pour valider son recrutement définitif.
Les pages méthodologiques exposent les types de sujets et de questionnements possibles en tenant compte des nouvelles contraintes horaires (2 épreuves écrites d’admissibilité dont l’une d’elles verra traiter conjointement le français, l’histoire, la géographie et l’instruction civique et morale ». Là encore, vaste programme pour 4 petites heures !
Le cœur de l’ouvrage se compose des notions disciplinaires au programme (6 chapitres en histoire dont l’histoire des arts, 6 chapitres en géographie et un en instruction civique et morale) agrémentés d’entraînements à l’épreuve.
Concernant les programmes, les auteurs pointent l’ambiguité du texte officiel du concours qui énonce que « les épreuves d’admissibilité ont pour programmes de référence ceux du collège et sont établis en tenant compte des programmes d’enseignement en vigueur à l’école primaire. » S’il faut entendre que les « thèmes » sont en rapport avec les programmes du primaire, le « niveau de connaissances » requis serait celui du collège (même si cela mériterait un débat de fond en tenant compte des dates de fixation de ces deux séries de programmes, des concepts mobilisés, des approches retenues…la mondialisation au programme de 4ème étant par exemple absente du programme de géographie du cycle 3).
Dans le détail, le plan retenu pour la géographie suit celui des programmes et s’il n’y a rien à reprocher aux contenus des savoirs théoriques qui sont présentés, les faibles nuances qui existent dans les intitulés des parties du programme (quelle différence fondamentale entre « La France dans l’Union Européenne » et « Les Français dans le contexte européen » ? le premier volet ne contiendrait-il pas d’hommes?) amène à des parties n’ayant pas toutes nécessairement le même volume ou ne mettant pas forcément en regard les différentes définitions d’un concept. A titre d’exemple, les bons développements sur les grands ensembles régionaux du volet sur « La France dans l’Union Européenne » n’auraient-ils pas pu être rapprochés du chapitre traitant des « réalités locales à la région où vivent les élèves » qui, lui, aborde la région administrative ?
Quoi qu’il en soit, comme le rappellent les auteurs, le candidat est censé piocher ses savoirs dans l’ensemble de l’ouvrage.
Les documents sont variés et de bonne facture. On trouve par exemple une bonne synthèse sur le concept essentiel de « paysage » (p 287), une carte originale sur les frontières passées et actuelles de l’Europe en fonction de leur année de création et de leur âge (p 324) ou encore une autre sur le réseau TGV bien parlante pour une question sur le sujet (p 371). Signalons, en revanche, que la carte des « pays » de France (p 280) n’est pas bonne puisqu’elle met en comparaison les « pays » (territoires de projet) et les aires urbaines de l’INSEE (zonages statistiques) et laisse à penser qu’un territoire est concerné par l’un ou par l’autre mais pas les deux, ce qui pourtant se peut.
Des pistes bibliographiques, partiellement commentées, sont également proposées en guise de compléments mais pas pour chaque partie ou plus exactement chaque sous-partie (7 références sur 8 concernant le développement durable dans le chapitre 6 sur les « réalités locales et régionales » qui pourtant traite davantage des questions d’habité, de mobilité, d’activités économiques et de découpage administratif…).
Enfin, sur les sujets d’entraînement proprement dits, on remarque que cohabitent des classiques du genre « répartition de la population », « caractérisation de la mégalopole européenne », « organisation planétaire des climats » et des entrées plus originales, bienvenues, mais qui pourront poser problème aux candidats non spécialistes, majoritaires. Le vaste « Produire en France » peut amener des approches plutôt orientées politique(s) « Quel rôle jouent les autorités publiques dans l’organisation de l’activité touristique ? » ou frisant avec l’urbanisme « Le quartier de la Défense : quel projet pour quels résultats ? »
Mais au delà des questions fermées de ce type, des difficultés pourront également émerger dans le cadre de sujets s’appuyant sur des documents joints n’aidant pas vraiment le candidat. Une carte présentant l’ensemble du réseau autoroutier français sans différences dans l’épaisseur des lignes (p 370) peut-elle aider à répondre à une question sur les « grands » axes de communication en France ? De même, une vue satellite nocturne de l’Europe (p 350) ne risquera-t-elle pas de gêner le candidat planchant sur « la France, un pays sous-urbanisé en Europe ? » Le fait de ne pas pouvoir identifier les frontières d’Etats sur une vision de nuit empêche nécessairement la comparaison avec d’autres pays si c’est cette échelle nationale qui est ici retenue. Et puis que faut-il entendre par « sous-urbanisé » ?
Les toutes dernières pages livrent les sujets corrigés de la session 2011 selon 3 groupements interacadémiques (notons que, sur les 3 sujets, les analyses de documents étaient réservées à l’histoire, la géographie s’étant contentée de questions fermées…) et, en annexe, le texte du programme de 2008.
Un produit solide dans ce vaste marché de la préparation au concours de professeur des écoles qui devrait trouver un écho positif chez les prétendants au précieux titre, toujours moins nombreux comme le rappellent les statistiques de la page 13 (arrêtées à l’année 2009…pour ne pas apeurer davantage leurs lecteurs ?)