Dans son dernier livre, le romancier Christian DEDET nous livre le récit de trente-trois années passées à Châtel-Guyon en tant que médecin de cure. Tout juste diplômé en médecine, il a fait le choix de pratiquer son métier pendant la saison thermale et de consacrer le reste de son temps à l’écriture.
Au terme de sa carrière, il fait le point sur ses années d’exercice. Au delà de son expérience personnelle, il fait revivre le décor et les rites qui sont particulièrement attachés à ce type de ville.

Christian DEDET est l’auteur de 15 romans. L’un de ses ouvrages sur l’Afrique a été récompensé du prix des Libraires en 1985 (La mémoire du fleuve).

Ce livre n’est pas seulement le bilan de trente-trois années d’exercice à Châtel-Guyon. Au delà des souvenirs du médecin (portraits croustillants de quelques-uns de ses patients), Christian DEDET brosse un large portrait des villes thermales.
Il rappelle que c’est à la fin du XVIII° siècle que les surintendants ont classé selon leurs vertus les eaux thermales. Mais, c’est surtout au XIX° siècle que se développent les pratiques thermales. Une ville thermale, comme Vichy, est mise à la mode par Napoléon III et l’impératrice Eugénie (bien que Madame DE SEVIGNE y soit venue se soigner afin de ne pas se rendre à Bourbon de peur d’y croiser Madame DE MONTESPAN !). De cette fréquentation mondaine découle la construction d’un parc hôtelier de luxe (qui explique en partie le choix de Vichy comme siège du gouvernement de Philippe PETAIN) et d’équipements de loisirs (casino, parc, hippodrome…). La défaite de 1870 a achevé de lancer ces stations. Il n’était alors plus question « d’aller prendre les eaux » à Bade ! Au XX° siècle, la pratique thermale s’est démocratisée, notamment grâce à la prise en charge de la cure par la sécurité sociale. Cette démocratisation s’est accompagnée d’une transformation des villes thermales : développement des pensions de famille, transformation des palaces désaffectés en appartements à louer pour la durée d’une cure (21 jours). Aujourd’hui, les villes thermales s’animent seulement pendant la saison curiste, victimes de leur mono activité. Elles subissent la concurrence de nouveautés thermales (thalassothérapie, cure anti-tabac – cure minceur – spas…) disponibles à travers le monde.
Le récit est émaillé de références littéraires. De grands auteurs ont été curistes : Alphonse DAUDET, Guy de MAUPASSANT (cf. Mont-Oriol.). Ils ont su, à la fois, en tant que malade et observateur décrire à merveille ce séjour thermal.
Hier comme aujourd’hui, les lieux de la ville thermale sont pratiqués par la même mobilité des curistes (hôtel/pension – thermes – parcs – cinéma – casino). Les remèdes et les soins proposés sont immuables : prise d’eau, application de cataplasmes, balnéothérapie, lavement… selon les affections des patients. Des soins, le curiste attend beaucoup. Il endure en silence ceux-ci dans l’espérance des bienfaits. La cure s’apparente à une sorte de praxis religieuse. En effet, l’efficacité du thermalisme n’a pas été prouvée scientifiquement. Que la cure fasse du bien ou pas, on sait toutefois qu’elle ne fait pas de mal ! C’est pourquoi 500 000 curistes, chaque année, font le déplacement.

Cet ouvrage est d’une lecture aisée. Il est écrit dans un style léger. Il permet d’approcher les réalités des villes thermales françaises d’hier et d’aujourd’hui de manière plaisante.

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