François Cochet est professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Metz et auteur de divers ouvrages de référence sur la Première Guerre mondiale.
La sympathique collection Idées reçues s’enrichit d’un titre consacré à la Grande Guerre. Un choix pertinent, compte tenu du nombre de clichés persistants sur ce conflit et de la place qu’il occupe dans notre mémoire collective. Selon les principes chers à cette collection, l’auteur utilise un certain nombre de clichés comme point de départ pour une mise au point scientifique sur le sujet.
La première partie de l’ouvrage s’intéresse aux débuts du conflit. L’occasion d’expliquer pourquoi l’enchainement mécanique des alliances ne fut pas aussi rapide à se déclencher qu’on le présente habituellement. Un mois s’écoule entre l’assassinat de François Ferdinand et la déclaration de guerre de l’Autriche-Hongrie à la Serbie, ce n’est qu’à partir de cet instant que les évènements s’accélèrent. Que s’est-il passé durant cette période, et pourquoi un tel délai ? L’auteur se livre ici à une mise au point sur ce qui au fond n’est que le prétexte au déclenchement de cette guerre.
Un conflit, où, à de rares exceptions près, peu d’hommes partirent « la fleur au fusil ». L’occasion de découvrir, que c’est la vision parisienne qui façonne ici notre mémoire. L’image habituelle est en fait celle des mobilisés transitant par Paris, ceux-ci ont déjà accompli la séparation de leur milieu d’origine. Des ruraux dont le départ de province se fit davantage dans l’esprit du devoir à accomplir. Enfin, l’auteur montre comment la vision d’une guerre qui devait être courte est partagée par tous, militaires, dirigeants politiques, mobilisés…
Les deuxième et troisième parties de l’ouvrage traitent du déroulement du conflit et de ses implications humaines. Une large part est consacrée aux tranchées et à ce qui, pour les Français, demeurent la bataille de référence, Verdun. L’occasion d’expliquer pourquoi ces éléments occupent une place si importante de notre mémoire collective et de les replacer dans la perspective d’un conflit qui ne se limite pas à un affrontement franco-allemand ainsi que le rappelle la partie consacrée au rôle des Etats-Unis. Une guerre mondiale, mais dont nous avons une vision très franco-française!
La dimension humaine du conflit n’est pas oubliée. Le rôle des femmes, la question du sacrifice des troupes coloniales, des ambitions des généraux et des chefs les plus emblématiques (Pétain et Clémenceau) font l’objet de mises au point.
Enfin, la dernière partie de l’ouvrage traite du bilan du conflit. Avec en particulier une revalorisation de l’action de la SDN Les parties sur les pertes humaines et le traumatisme qu’elles ont entraîné permettent de faire le point sur la notion discutée de « culture de guerre » à laquelle l’auteur préfère celle « des cultures d’une guerre »
L’ouvrage est accompagné d’une bibliographie commentée, qui permet à chacun de sélectionner ce qui correspond le mieux aux points à approfondir.
Au final, une mise au point sur le sujet agréable à lire mais dans laquelle on peut regretter que les questions des mutineries de 1917, et des traités de paix ne fassent pas l’objet d’une entrée spécifique. Cet ouvrage s’adresse à un public large, de l’enseignant à l’élève du secondaire désireux d’approfondir. Il a toute sa place dans un CDI.
François Trébosc © Clionautes