En une centaine de pages, Hiên DO BENOIT, docteure en science politique de Sciences Po Paris et maître de conférences au Conservatoire national des Arts et Métiers parvient à circonscrire, au-delà des idées reçues véhiculées sur cet Etat de 95 millions d’habitants, les enjeux qui le traversent en ce XXIe siècle.

En se fondant sur trois chapitres scrutant tour à tour l’identité nationale, la société et l’économie, l’ouvrage, dont c’est la deuxième édition, délivre un panorama complet pour qui souhaite mieux connaître cette ancienne colonie française où l’on ne parle quasiment plus la langue de Molière (environ 700 000 locuteurs francophones recensés). Les candidats aux concours de l’enseignement (AIHG par exemple) trouveront dans ces pages des clés intéressantes à insérer dans la préparation de la question de géographie axée sur l’Asie du Sud-Est, en particulier à propos des problématiques économiques et de développement déployées dans le chapitre III. Les pages qui traitent du « casse-tête du développement durable » (p121) ou encore de la gestion de la Covid-19 sont de ce point de vue très éclairantes.

Economie tortue ou économie cheval ?

Le Viêt Nam d’aujourd’hui nous rappelle aussi qu’il est le fruit d’une longue renaissance sur un territoire que d’aucuns pensent encore communiste, incarnée par un peuple à la fois sinisé (de moins en moins) et occidentalisé (de plus en plus), incidences de son histoire ancienne ou récente. Son économie, selon l’analyste singapourien Lim Chong Ya (p.100), se situe entre « l’économie tortue », soit celle des pays récemment admis dans l’ASEAN et au PIB/hab faible, comme le Myanmar, et « l’économie cheval », au PIB/hab supérieur, à l’instar de la Thaïlande ou de la Malaisie.

Orienter notre regard

L’ouvrage offre plusieurs garanties dont l’une, non la moindre, s’exprime par le recours fréquent à des voix vietnamiennes d’hier ou d’aujourd’hui, telles celles des historiens Trân Trong Kim et Lê Thanh Khoî, ou de l’écrivain Nguyen Huy Thiêp, permettant « d’orienter » notre regard et de concevoir le Viêt Nam en croisant les analyses.

In fine, ouvert à des vents nouveaux depuis le Doi Moi, le  »renouveau » de 1986, le Vietnam fait son chemin, au sein d’un environnement régional marqué d’une part par la superpuissance chinoise voisine et d’autre part par l’émergence de l’ASEAN, architecture caractérisée par de nombreuses et puissantes dissemblances physiques, démographiques et économiques. Porteur d’acquis (96% des adultes sont alphabétisés) et d’insuffisances (50% de la population a accès à l’eau potable), cet Etat aux mains du Parti Communiste Vietnamien lutte aujourd’hui avec ses armes (un peuple de mieux en mieux formé) et ses freins, la corruption en constitue un, sur le ring de la mondialisation.

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