Il poursuit ici son travail d’exploration des images avec la volonté de partir de ses propres sentiments et ressentis face aux images. L’ouvrage ressemble parfois au site de la Réunion des Musées Nationaux « L’histoire par l’image » avec des commentaires plus ou moins détaillés de certaines oeuvres.
Un monde d’images
Pierre Fresnault-Deruelle constate que nous baignons dans les images. Il choisit dans son approche d’entrer par verbes, procédé assez dynamique qui permet de regrouper des situations et époques différentes. L’auteur revendique l’influence des travaux de Roland Barthes. L’ouvrage est organisé en six parties. Dans son introduction, il définit la réclame politique. Chaque partie est structurée en plusieurs entrées. A plusieurs reprises, l’auteur propose également des liens avec des grandes thématiques comme les mythes grecs en précisant bien que l’homme de la rue de l’époque ne pouvait saisir cette référence.Tous les documents sont reproduits en noir et blanc et pour certains en couleurs dans un cahier central.
Des affiches aux fonctions multiples
Ce chapitre est structuré en sept entrées autour de verbes. L’auteur montre plusieurs aspects avec un premier sous-thème intitulé « Entrainer, galvaniser ». On retrouve ici des documents connus comme les affiches de la première Guerre mondiale d’Abel Faivre. La seconde entrée sur « Enrôler » propose par exemple la version féminine de la célèbre affiche de mobilisation « I want you for the navy». L’auteur propose aussi trois affiches sur Marianne entre 1939 et 1944 qui pourront être utiles dans le chapitre de première sur la République. Parmi les commentaires, on notera une approche très détaillée sur une affiche de mai 68. Une autre entrée s’intitule « Railler » avec des affiches de l’Assiette au beurre. Pierre Fresnault-Deruelle inclut des documents plus récents comme cette version de Donald Duck-Trump de 2016. Il se focalise ensuite sur une approche des icônes politiques naviguant de Che Guevarra à Mitterrand ou Obama.
Des collages et dessins très créatifs
Ce deuxième chapitre propose des documents qu’on a moins l’habitude de voir. L’auteur montre notamment comment cette technique permet de « moquer l’adversaire » mais aussi de « tromper ou caricaturer ». L’auteur n’hésite pas à s’arrêter sur une affiche de propagande nazie pour déconstruire le discours qu’il porte. Parmi les autres exemples traités, on trouve des dessins de Charlie Hebdo, des caricatures du Monde ou des extraits d’une bande dessinée de Jean-Yves Ferri sur De Gaulle.
Images uniques
Dans cette troisième partie, on sent l’influence de Barthes avec comme unique entrée proposée le verbe « alerter ». Pierre Fresnault-Deruelle consacre plusieurs pages sur la façon d’ « instiller la peur » à trois époques différentes. Pour cela il convoque une affiche de Fantômas, une affiche du Comité d’action antibolchévique et une affiche suisse de 2009 lors d’un référendum d’initiative populaire. Le cinquième chapitre se focalise sur « Logos et drapeaux », déployant une analyse sur le logo de la République ou encore sur celui de partis politiques.
Du côté de la V ème République
Pierre Fresnault-Deruelle aborde également les portraits officiels. Il s’arrête alors sur ces images car il s’agit d’un des premiers gestes du président élu. Il passe en revue les portraits officiels de De Gaulle, de Pompidou, de Giscard d’Estaing, de Mitterrand jusqu’à Hollande, caractérisant chacun d’eux d’une formule. Georges Pompidou est l’épigone, Valéry Giscard d’Estaing l’iconoclaste ou Jacques Chirac le châtelain. Le dernier chapitre est un peu différent des autres car l’auteur choisit de s’intéresser au défilé du 14 juillet.
L’ouvrage propose donc plusieurs études qui peuvent être utiles dans le cadre de nos enseignements. Pierre Fresnault-Deruelle développe des approches qui se jouent d’une simple approche chronologique pour donner à réfléchir sur ce monde d’images. En tout cas, comme il le dit « nous recevons des images d’images » et son livre peut aider à les décrypter et à les analyser.
(c) Jean-Pierre Costille pour les Clionautes.