Mission accomplie pour ce troisième tome concocté par J-P. Pécau et M. Vicanovic-Maza : scénario et ambiance sont au rendez-vous.
Le duo Pécau, référence scénaristique hexagonale – Maza, dessinateur serbe déjà présent sur le tome 1 de Indochine et reconnu pour son travail historique et uchronique (la série Wunderwaffen chez Soleil ou Jour J, Delcourt) livre un album haletant. L’histoire proposée passe vite, bombardée par l’imagination du scénariste qui incruste de scènes dynamisantes l’épopée de Baverel, son sous-officier fétiche.
Une histoire de ventilateur ?
Le dessin est parfois dur, sombre et sale – comme l’est une guerre – sans toutefois choir dans la complaisance du gros plan ou de la souffrance exploitée. Armand Baverel, le héros, oscille toujours entre l’amour du devoir (travail ?) bien fait et les tentations de toutes sortes (poker, CIA…). Mais surtout, savez-vous ce qu’est un “ventilateur” ? Dans le langage fleuri du sergent-chef Baverel, il s’agit d’un hélicoptère. Fraîchement breveté pilote d’hélico dans l’armée de l’air française, il est affecté en Indochine pour exercer son talent. Et ses idées. Comme celle d’armer son S55, tout nouvel hélico américain, d’abord d’une 12.7, puis d’un canon de 20 mm récupéré sur un chasseur nippon abandonné dans un hangar, instaurant de fait la fonction de tir direct sur ces machines volantes. Historiquement, c’est faux car ce type de bricolage n’est observé qu’au cours de la Guerre d’Algérie, mais l’effet narratif est…..détonnant.
Cet ouvrage permet de dévoiler un peu plus cette Guerre d’Indochine tant occultée en France, en appuyant non seulement sur l’aspect aventure, comme dans des BD du XXe siècle, à l’instar des Buck Danny entre autres, mais aussi sur l’importance croissante des Etats-Unis dans l’équipement militaire du CEFEO à compter de 1950.
Présentation de l’éditeur :
https://www.editions-delcourt.fr/comics/series/serie-indochine/album-indochine-t03