Cette bande dessinée nous rappelle que dans les moments les plus noirs, il y a toujours des touches d’espoir, de lumière et que celles ci sont portées par des femmes et des hommes de courage.
Les auteurs d’Irena nous invitent à suivre les pas de l’une de celles ci à travers l’engagement d’Irena Sendlerowa qui a sauvé près de 2500 enfants juifs du ghetto de Varsovie.
Un peu de contexte : En septembre 1939, l’armée allemande attaque puis occupe la Pologne. Dès l’hiver 1939-1940, les nazis commencent à persécuter les Juifs qui doivent porter un brassard blanc avec l’étoile de David bleue. En octobre 1940, ils sont obligés de se rassembler dans le quartier juif : 80 000 non-juifs quittent le secteur, et 138 000 juifs s’y installent.
Le ghetto est fermé le 16 novembre 1940, et un mur d’enceinte est construit. 40 % de la population de la ville s’entasse dans des conditions insalubres dans 8 % de la superficie de la ville. Les conditions de vie dans le ghetto sont inhumaines. Beaucoup ont tout perdu en arrivant dans ce quartier fermé. Et puis, il est mal approvisionné en nourriture et combustible. Dès le premier hiver, la faim et le froid se font ressentir. La mort est courante. Elle est causée par la faim, mais aussi par des épidémies de typhus et de tuberculose. Il n’est pas rare de retrouver des cadavres en pleine rue. Une charrette passe alors ramasser les corps, qui sont comptés puis enterrés dans une fosse commune.
En été 1942 commence le « repeuplement vers l’Est », qui n’est en fait que la déportation vers le camp de Treblinka, situé à quelque 80 kilomètres au Nord-Est de Varsovie. Pendant huit semaines entre 6 000 et 8 000 personnes sont déportées tous les jours. Près de 300 000 Juifs sont ainsi entassés dans des trains avant d’être gazés à leur arrivée à Treblinka.
C’est dans cet enfer que régulièrement Irena Sendlerowa rentre apporter de la nourriture, des vêtements, des soins au nom du comité citoyen d’aide sociale. C’est l’histoire vraie de cette jeune femme, surnommée la mère des enfants de l’holocauste, déclarée Juste parmi les Nations en 1965, dont le nom fut sorti de l’anonymat par des étudiants américains en 2000.
Cette BD nous plonge dans cet univers, dans la vie de celle qui choisit toujours les autres. Les auteurs (scénaristes : J.-D. Morvan qui s’associe à S. Tréfouël, et au dessin le duo D. Évrard et Walter) ont fait le choix d’une BD mêlant « un dessin « léger » au coté très dur du récit » pour reprendre les mots de D. Évrard.
Le tome 1 (sorti en janvier 2017) s’ouvre sur le rêve des enfants. Ces enfants qui sont le combat d’Irena, elle va tenter de les faire sortir du ghetto par tous les moyens (dans des camions, des valises, sous des manteaux, …). Ce tome nous présente l’horreur du ghetto de Varsovie, la vie du quotidien, le combat des femmes pour protéger leurs enfants et la prise de contact avec Irena et surtout le combat intérieur que connaît Irena avant de prendre sa décision courageuse, trouver des amis pour l’aider, des soutiens financiers et moraux.
Le tome 2 (sorti en mars 2017) raconte la sortie des enfants du ghettos, les ruses, les dangers, les réussites, les combines…
Et à travers ces 2 tomes, comme un fil conducteur, des dessins d’Irena, arrêtée en 1943, torturée par la Gestapo et qui tient tête à ses bourreaux avec l’énergie de l’espoir.
Le tome 3 est prévu pour 2018, je l’attends avec impatience. Je vous conseille les deux premiers.
Benoît Lannoye, pour Les Clionautes