Compte-rendu réalisé par Gauthier Langlois, professeur d’histoire-géographie au lycée Jules Fil, membre du Conseil scientifique du Centre d’études cathares, Carcassonne.

Ce livre est le catalogue de l’exposition réalisée au Musée languedocien de Montpellier pour la célébration du 800e anniversaire de la naissance de Jacques le Conquérant, comte de Barcelone, roi d’Aragon et seigneur de Montpellier.

 

L’introduction souligne que Jacques Ier (ou Jaume primer pour les catalans, Jaime primero pour les espagnols) est un roi qui est resté oublié de sa ville natale. Pourtant, Montpellier a connu un véritable âge d’or sous son règne et celui de ses successeurs, les rois de Majorque, avant son intégration dans le domaine royal français au milieu du XIVe siècle. Comme l’indique le titre, l’ouvrage, et l’exposition qu’il décrit, se composent de deux parties : l’une consacrée au roi proprement dite, l’autre au contexte dans lequel il vivait.

© Société archéologique de Montpellier

Le roi et la ville de Montpellier

La première partie commence par une chronologie détaillée et un portrait du roi. Elle se poursuit par une présentation des panneaux de bois peints qui furent réalisés pour le mariage de deux riches notables de la ville, Béatrice de Conques et Bernard Roch, en 1262. On y voit en particulier le seul portrait contemporain du roi. Celui-ci, qui a assisté à ce mariage, est figuré à cheval à la chasse. Ces panneaux magnifiques donnent une idée des festivités qui pouvaient accompagner un riche mariage au XIIIe siècle, comme celui qui a été célébré la même année entre le fils du roi, Pierre III, et son épouse Constance de Sicile. On peut y voir l’accueil par la future épouse de son futur figuré en roi d’armes, près d’un chêne, symbole de fertilité, où les glands sont remplacés de manière explicite par des phallus. D’autres panneaux montrent des musiciens, des danseurs, des dresseurs d’ours, des scènes de tournoi et de chasse.

Un long article, repris d’un bulletin paru en 1928, étudie les différents séjours du roi à Montpellier. Il en ressort que Jacques Ier a longuement résidé dans sa ville natale . Pas seulement parce qu’il l’aimait, mais aussi parce qu’il devait s’y montrer pour affirmer son pouvoir, notamment face aux élites bourgeoises et municipales souvent en conflit avec lui. (C’est d’ailleurs là l’une des caractéristiques des rois de cette époque, en perpétuel déplacement pour exercer leur pouvoir.) Cet article est illustré par de nombreux documents tirés des archives municipales : sceaux, parchemins, enluminures…

La vie quotidienne au temps de Jacques Ier

La seconde partie du catalogue est consacrée à la vie quotidienne aux XIIIe et XIVe siècles : société, religion, croisades, savoir école et université, pouvoirs politiques et économiques, maison, sont les principaux thèmes abordés. Tous ces thèmes sont illustrés par des objets conservés au Musée languedocien et des manuscrits conservés à la Faculté de médecine. Parmi les plus remarquables citons une cuve baptismale en plomb ornée de bas reliefs, une chasse émaillée, des ivoires, le sceau de l’université. A côté de ces objets luxueux, thésaurisés depuis le Moyen Âge, la fouille d’un puits a livré des objets d’origine modeste mais remarquables par leur état de conservation ou leur rareté. On y remarque des jeux et jouets dont une émouvante épée de bois d’enfant, de la vaisselle de bois, de terre et de verre, des peignes, des poids et mesures… Le livre se termine par la présentation de céramiques émaillées catalanes du XIVe siècles trouvées à l’abbaye Saint-Félix-de-Montceau. Cette abbaye, située sur la commune de Gigean avait été favorisée par Jacques Ier et sa mère, Marie de Montpellier.

Un livre superbement illustré

En conclusion, ce livre richement illustré donne un aperçu des remarquables collections médiévales du Musée languedocien. Il sera utile à l’historien comme au curieux, ou au professeur recherchant des documents pour illustrer un cours de cinquième. C’est aussi un ouvrage complémentaire du Livre des faits de Jaume le Conquérant, publié par A. et R. Vinas. On regrettera cependant les nombreuses fautes de frappes. Quelques notes auraient mérité d’être développées, les parchemins et les sceaux qui les accompagnent auraient mérité d’être publiés dans un format plus grand pour être lisibles.

© Clionautes.