Cet ouvrage publié aux éditions Belin est un vrai livre d’histoire particulièrement intéressant pour comprendre comment se fait un roman d’espionnage. Ce héros toujours séduisant a été immortalisé au cinéma par des acteurs majeurs comme Sean Connery qui lui doit le vrai lancement de sa carrière mais aussi Roger Moore ou encore Thimoty Dalton et Pierce Brosnan.

L’auteur, Ian Fleming, est né le 28 mai 1908 à Mayfair, à Londres et n’a pas pu voir l’étendue des succès de son héros. Il est décédé le 12 août 1964 à Cantorbéry, et son dernier volume, l’homme britannique l’homme au pistolet d’or est resté inachevé. Il a été complété par un autre écrivain, Kingsley Amis, et d’autres ensuite écrit d’autres romans avec le personnage. Le dernier est attendu pour 2008.
L’ouvrage est composé de plusieurs articles d’auteurs différents. Il est divisé en plusieurs parties, thématiques, et qui permettent de suivre les différents aspects de la saga.

Un personnage ambigü

Ian Fleming a crée un véritable mythe populaire d’après les différents auteurs d’articles de cette première partie. Ce héros est en effet très humain, ne se limite pas à séduire des James Bond girls mais au contraire parvient toujours à se sortir des situations les plus désespérées. Le personnage est né pendant la guerre froide, et on voit bien poindre ans certains romans, comme bon baisers de Russie, l’espion qui venait du froid. En pleine guerre froide John Kennedy met cet ouvrage parmi ses romans préférés.
Cette étude sur James Bond permet au lecteur de passer un excellent moment, un peu comme après un film que l’on a apprécié. Et il y en a eu beaucoup. La préférence des historiens ira sans doute aux premiers de la série, interprétés par Sean Connery, comme James Bond contre docteur No, ou encore Goldfinger. Pourtant, ce sont les romans qui attirent l’attention, et notamment le premier de la série, Casino Royale. Cet ouvrage avait été refusé au départ par la Série Noire, du fait de son anticommunisme. Pourtant, il contient les ingrédients de base du roman d’espionnage moderne mais son personnage principal est certainement très particulier. Les différents auteurs entrent dans l’univers bondien, et dissèquent à l’envi sa vie amoureuse, ses choix gastronomiques ou encore son goût du luxe, avec belles voitures anglaises et smokings bien coupés.

La théorie du complot

Ce personnage n’est pourtant pas un super héros. Il a ses faiblesses. Des femmes le séduisent un peu trop facilement et il est souvent dans des situations difficiles.
C’est paradoxalement ce qui est le ressort du succès du personnage. Il subit tortures et empoisonnements, mais il parvient à ne pas se départir de son humour.
Dans les ressorts de ces romans, la théorie du complot est sans doute l’élément déterminant. Le mystérieux spectre dispose de moyens illimités, et n’hésite pas à détourner des bombardiers stratégiques pour disposer d’un armement nucléaire terrifiant.
La préférence va sans doute au premier roman à connaître le succès, James Bond contre Dr No. Ce roman traduit aussi certains préjugés franchement racistes de l’auteur qui est aussi violemment anti-communiste. Les méchants dans ce roman sont des noirs métissés d’asiatiques, un cocktail détonnant on le voit, et Dr No a installé sa base dans une île à Guano aux large du Chili. Dans bons baisers de Russie, c’est aussi le communisme qui est dénoncé avec beaucoup de vigueur.
Paradoxalement, Ian Fleming n’ pas été l’auteur de la majorité des romans et n’a connu que deux films adaptés de son vivant. Ce sont les héritiers qui ont développé le personnage et qui l’ont adapté au goût du jour. Toutefois les ennemis ont changé même si la théorie du complot est toujours la même. Les ennemis, les méchants sont désormais des terroristes, mais pas forcément idéologiques. Ils sont davantage animés par l’esprit de lucre, vivent luxueusement et James Bond va les traquer à bord de leurs yachts.

On ne peut que conseiller cet ouvrage d’une grande richesse et qui est de ce fait difficile à chroniquer. On y retrouvera tous les ingrédients du mythe James Bond, mythe populaire sans doute mais bâti à partir d’un personnage très particulier. Toutefois, les scénaristes ont su, malgré des choix filmiques un peu discutables et des interprètes différents conserver son humour à cet agent qui certes, a le droit de tuer, mais avec beaucoup de classe.

Bruno Modica