Un quai de gare, 1919 sans doute, un médecin militaire rentre dans ses foyers tandis que son ordonnance, un jeune Guinéen reste sur ce quai, avec une question : pourquoi le major lui a-t-il dit « à bientôt » alors que lui-même n’attend que sa démobilisation et son retour au pays.

Voilà le décor initial de ce roman d’Antoine Rault qui plonge le lecteur dans les rapports entre Blancs et Noirs dans la France du début du XXe siècle. Pour donner du poids à son récit, plutôt intimiste, des extraits d’ouvrages, de réclames et annoncesLe professeur pourra y trouver quelques bons documents pour son enseignement s’insèrent entre les chapitres

Le médecin veut retenir Amadou pour qui il a une attirance trouble alors que le jeune homme attend son retour dans sa famille, avec sa jeune épouse dont il n’a partagé la vie que trois mois.

On voit évoluer les sentiments des protagonistes comme Augustine la bonne du médecin qui passe de la peur de l’inconnu à l’affection pour ce jeune qui est si gentil, la mère, stricte et raciste qui empêche son fils de suivre une autre voie que celle de son père…

La découverte, pour Amadou de la société d’une petite ville de province au lendemain de la première guerre mondiale, est à la fois de l’étonnement et des questions. Son regard naïf est souvent très pertinent.

Le roman met en scène l’incompréhension entre deux cultures, deux univers mentaux. Il invite à la réflexion sur l’étranger, l’identité, le poids des traumatismes de la guerre que l’auteur avait déjà évoqué dans « La danse des vivants »Prix Maurice Genevoix 2017, publié chez Albin Michel, mais aussi le rôle émancipateur de la lecture.

Un roman qui permet d’aborder la complexité des relations entre la France et son empire dans la première moitié du XXe siècle tout en donnant à réfléchir sur le monde d’aujourd’hui.