Il reprend donc en quelques pages avec de nouveaux prolongements une analyse de ce qu’on a souvent baptisé de miracle nippon. Le livre débute néanmoins plutôt par une mise en évidence de problèmes du pays, même si ceux-ci ne sont pas uniquement regroupés au début du livre.
D’abord, le côté obscur du modèle
Loin de céder à une quelconque admiration béate, l’auteur pointe donc d’abord les faiblesses du Japon. Parmi elles, la dette estimée alors à 200 % du PIB ou encore sa dépendance aux importations alimentaires et énergétiques. Chose sans doute moins connue, il souligne combien le taux officiel de chômage est à corriger et il le situe aux alentours de 10 % ! Pour résumer les points faibles du pays, certains auteurs mettent en évidence une formule pratique à savoir les 5 d : dénatalité, décroissance, déflation, déficit et démoralisation.
Il rappelle évidemment les fragilités liées aux tremblements de terre et notamment le tremblement de 1923 qui fit 105 000 morts et 1,9 million de sans abris. La démographie est aussi source d’inquiétude que ce soit à travers le taux de natalité très faible ou le taux de suicide très fort en revanche. Jean-François Sabouret insiste sur le fait que cela touche particulièrement les personnes âgées.
Le Japon : le paradis de la technique
Parmi les bases de la réussite japonaise, on sait combien il faut insister sur le fait que le territoire est bien relié par les moyens de transport. L’auteur évoque d’ailleurs la notion de reliance pour qualifier cet impératif. Au-delà du quotidien il revient sur des ouvrages d’exception comme le Seikan qui est le plus long tunnel au monde avec plus de 53 kilomètres de long entre Hokkaido et Honshu.
Autre instrument de la réussite, c’est le train qui transporte pas moins de 22,7 milliards de passagers par an. Tous ces exemples aboutissent à une idée forte, à savoir que les Japonais veulent être maîtres chez eux.
Education et recherche comme points forts
L’éducation : ici l’auteur livre des éléments de vie quotidienne et relativise parfois une image occidentale ; le « bac à la japonaise » est ainsi obtenu par un système de moyennes commencé en seconde, et on l’obtient avec l’équivalent de 8 sur 20. Le point important reste l’entrée dans une université prestigieuse. Celles-ci se livrent une véritable concurrence, mais une quinzaine sort véritablement du lot et apparaissent comme un précieux sésame pour la vie professionnelle.
L’école est aussi un lieu où on s’éduque : les élèves apprennent à jouer d’un instrument, à cuisiner, à coudre, à diriger une réunion : autant d’éléments étonnants pour des Français !
Jean-François Sabouret revient aussi sur ce qu’il appelle « le génie de l’ingéniosité » : on aborde là un domaine bien connu avec d’utiles exemples. Au coeur de tout, la recherche et le développement qui absorba en 2007 3,44 % de son PIB. La Prius est une bonne synthèse puisqu’elle est aujourd’hui la voiture hybride la plus vendue dans le monde.
D’autres aspects de la réussite sont évoqués, mais ils sont sans doute plus polémiques. Ainsi, le fait qu’au Japon, on travaille tard : sur 66,5 millions de travailleurs en 2008, 5,7 millions dépassaient l’âge de 65 ans !
Le soft power : une nouvelle dimension du rayonnement japonais
Longtemps cantonné à ses résultats économiques, il faut aussi évoquer à présent le soft power à la japonaise. C’est ce que l’on appelle aussi le « cool Japan ». L’auteur dresse ainsi une liste de ces produits du quotidien véritables emblèmes de ce phénomène : on y retrouve pêle-mêle les toilettes japonaises modernes, la carte Suica, sorte de passe-partout, « reine de la monétique et des transports » ou encore les manga cafés. Les liens avec l’Asie sont très forts à ce niveau là aussi. De plus en plus, le Japon se tourne vers la Chine qui absorbait en 2009 20,5 % du commerce extérieur total du pays contre 13,5 % pour les Etats-Unis.
Finalement, en une soixantaine de pages, Jean-François Sabouret livre un tour d’horizon forcément rapide du modèle japonais en l’actualisant. Il ne cède jamais à une admiration béate, tout en cherchant à mettre en évidence les points forts du pays. La catastrophe récente ne fait finalement que rappeler comment s’est construite la puissance japonaise en essayant de dominer une nature hostile et en investissant dans la seule richesse qu’il possède : l’Homme.
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