En 1989, Claire envoie une lettre à l’association Vivre et l’écrire. Recherchant un correspondant afin de lui écrire sa souffrance. Marie a répondu à sa lettre. Et c’est ainsi que Claire a dévoilé un terrible secret qui aboutira à une plainte, une procédure et un procès aux Assises, et enfin une condamnation.

Comment l’idée de ce livre est-elle née ?

Au départ en 1998, j’ai écris un témoignage de mon vécu depuis le jour où j’ai décidé de porter plainte contre mon beau frère pour abus sexuels ( de l’age de 11 ans a 16 ans) et le nombre incessant de visites chez le juge lors de la procédure. Ce témoignage avait été relu en 2002, date à laquelle avait eu lieu le procès aux Assises de Pau (64).
Si j’ai réussi à en parler en 1989 à mes parents et amies, c’était grâce à une correspondante adulte (Marie Saindrednan) que j’avais eue par le biais de l’association Vivre et l’écrire d’Orléans. Du coup je leur ai envoyé mon témoignage.
A la lecture, cinq personnes de l’association, vivant a des lieux différents ont jugé qu’il fallait l’éditer. mais comme il était trop court, l’association «Vivre et l’écrire» par le biais de Mme Agnès Royer) m’a demandé de rajouter des textes à ce témoignage.
j’ai alors échangé avec Mme Agnès ROYER de nombreux mails cherchant à rajouter des textes. j’ai aussi demandé l’accord de mes parents, encore trop proches de cette affaire qui a cassé une famille puisque ma grande sœur ne donne plus de nouvelles depuis 1990. ils m’ont demandée de prendre un pseudo, j’ai pris mon double prénom.

Le livre est vraiment né lors de ma rencontre avec Mme Royer sur Orléans, lieu de l’association Vivre et L’écrire. Lors de cette rencontre, tous les textes hors le témoignage, le témoignage de ma correspondante et de l’avocate et le dossier de DESS de ma tante, ont été écrits sur 2 jours.

La parution de cet ouvrage est-elle liée à une expérience personnelle ?

Obligatoirement, ce livre parle de moi, de mon vécu.
Comme dans ce livre je parlais aussi beaucoup de la chance que j’avais eue d’avoir une correspondante adulte, ce qui est le fondement et l’esprit de l’association Vivre et l’écrire, cette association m’a soutenue et a désiré que le livre paraisse pour les 30 ans de son existence (9 novembre 2013)
beaucoup de gens se sont permis de dire que j’avais 40 ans lors de la parution et que c’était l’age de mon violeur. cela n’a pour moi aucun intérêt de chercher cela.

Dans votre métier d’enseignante avez vous une vigilance particulière sur cette question de l’inceste ?

Il est évident que lorsque j’ai décidé de devenir enseignante, mon histoire m’est revenue en pleine « poire ». j’en parle d’ailleurs dans le témoignage , voici l’extrait :

«J’ai eu mon Baccalauréat et mon entrée en Arts Plastiques à Toulouse en 1992, mon deug en 1994, ma licence en 1995, et alors que je me décidais vers l’enseignement j’ai réfléchi à tout ça. “ Est-ce que l’on peut se permettre de devenir enseignant alors qu’on a été victime d’un viol enfant, vivre avec des enfants toute notre vie, enseigner ce qui est juste alors qu’on n’a pas fait justice avec notre propre histoire. Comment supporter une possible récidive de cet homme. J’ai attendu dix ans après ma majorité pour entamer un procès contre lui, après mes 28 ans, il sera trop tard et je sais que je m’en mordrais les doigts toute ma vie. Surtout si j’apprends qu’il a récidivé. Au fond, s’il la fait sur moi, il peut le faire sur d’autres, à commencer par ses propres enfants.»

Je ne sais pas si j’ai vraiment une vigilance sur cette question, je me rends compte que les élèves qui trainent à la fin de la classe et qui ont quelque chose à dire ont souvent des soucis mais aussi graves, je ne sais pas.
Après j’ai écrit ce témoignage pour qu’il soit lu par des jeunes, ados, adultes. pour prouver que l’on peut s’en sortir. que ces secrets là ne sont pas à garder pour soi, qu’ils font mal et qu’il faut en parler.

http://www.larep.fr/loiret/actualite/pays/orleans-metropole/2013/11/09/lassociation-recoit-le-public-dans-ses-locaux-aujourdhui_1759005.html