Au panthéon des bandits de l’Ouest, Jesse James (1847-82) occupe certainement une des places les plus en vue et gravit sans doute une marche de plus grâce à cette bd.

En effet, sous la plume de Dobbs habitué aux aventures graphiques historiques (la série Rendez-vous avec X) et le coup de crayon de Chris Regnault (De Gaulle, L’homme invisible…), l’enfant du Missouri qui a grandi en pleine tourmente sécessionniste consolide sa dimension icônique. L’ouvrage est également amendé par l’excellent travail historiographique de Farid Ameur, habitué lui aussi aux collaborations BD (Lincoln, chez Glénat encore) et éminent spécialitste de la Guerre de Sécession (1861-65) qui livre un passionnant et accessible supplément de contextualisation. Cet opus intègre la nouvelle collection dénommée La véritable histoire du far west, promue par le couple éditorial Glénat-Fayard et forte de deux livraisons déjà, avec Wild Bill Hickok de Dobbs, Bufi et Ameur.

Vrai-faux Robin des bois ?

On y retrouve, dans une mise en page souvent audacieuse, toute la geste « jamessienne », faite de traumatismes, d’apprentissages aux côtés de vétérans de la Guerre de Sécession peu recommandables, tel Bloody Bill (1838-64), d’esprit confédéré revanchard, de légendes (celle du bandit au grand cœur), de déraison et de violence enfin. Car le gang James, c’est environ vingt braquages aux fortunes diverses, du Minnesota au Texas et du Kansas à la Virginie occidentale. Passons sur les associations de malfaiteurs de circonstances, ou sur l’incapacité à lâcher prise dudit gang qui magnifient (sa popularité est immense, on joue sa vie sur les planches après 1882) ou diabolisent l’existence de Jesse, garçon éduqué, homme « éclairé », mais rongé par la défaite sudiste et les sentiments de victimisation. Et prêt à tout pour survivre.

De la réalité à la légende

Ainsi, cette bd est une franche réussite qui augure une belle et espérons-le longue série (un Jim Bridger est programmé pour début 2023), portée par une magnifique couverture courant sur la première et la quatrième de couverture. Une bd qui nous ferait presqu’oublier qu’elle reste historiquement authentique, tout en diffusant l’adn des meilleurs westerns. John Ford n’affirmait-il pas en 1962 dans L’homme qui tua Liberty Valance : « Quand la légende est plus belle que la réalité, imprimez la légende ».

Présentation de l’éditeur :

https://www.glenat.com/la-veritable-histoire-du-far-west/jesse-james-9782344038482